2,9 Restez la nuit

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La scène devant Lu Yizhou devint floue et lorsqu'il cligna des yeux, il se retrouva de nouveau sur le toit, une brise légère caressant ses longs cheveux. Avec une vitesse aussi rapide qu'il le pouvait, il sauta à travers les arbres et entra dans sa chambre par la fenêtre puis se débarrassa de ses vêtements tachés de sang. Ensuite, il se précipita dans la salle de bain, abaissa la température de l'eau au minimum et laissa l'eau glaciale tomber sur son corps. La série de mouvements fut complétée en moins de 10 secondes.

[666 : …]

Désormais, 666 était déjà engourdi par les dépenses excessives de l'Hôte. Il n'avait passé que deux semaines et plus de 600 points avaient disparu. 666 savait qu'il ne devrait pas se réjouir aussi rapidement d'avoir seulement 1500 points comme récompense.

[666 : Hôte, Théodore arrive.]

C'était la fin de l'été donc l'eau froide était plus revigorante que glaciale. Cela l'aida à reprendre ses esprits un peu et quand il se regarda dans le miroir, les yeux qui y étaient reflétés n'étaient plus cramoisis mais ses pupilles argentées habituelles. Un soupir de soulagement s'échappa des lèvres de Lu Yizhou et il passa ses doigts dans ses cheveux mouillés, remarquant que ses ongles étaient également revenus à la normale.

Toc-toc-toc. « Raphaël…? » La voix de Théodore résonna doucement. « Tu dors ? »

Lu Yizhou ouvrit la porte, vêtu seulement d'un peignoir de bain en satin noir – le seul vêtement qu'il put trouver aussi rapidement – révélant une grande étendue de sa poitrine pâle, encore avec des gouttelettes d'eau dévalant sur son corps. Sous la lumière tamisée de la lune, il ressemblait à un triton émergeant à la surface, magnifiquement beau et enchanteur. Un seul regard de ces yeux argentés perçants suffisait à captiver l'âme de quelqu'un.

Théodore oublia instantanément ce pour quoi il était venu. Son cœur martelait à l'intérieur de sa cage thoracique et il ne se souvint de respirer que lorsque sa poitrine commença à lui faire mal. Il baissa les yeux, se sentant soudainement très conscient de la forte présence de l'autre. Il avait toujours su que Raphaël était attirant mais il ne s'attendait pas à ce qu'il le soit À CE POINT. « Tu... Tu prends ta douche? À cette heure? »

Lu Yizhou émit un grognement bas, le simple son fit tinter les oreilles de Théodore partout. « As-tu besoin de quelque chose, Jeune Maître? Je m'excuse de te montrer un aspect aussi inapproprié. Donne-moi un moment pour me changer—»

« Non ! » Théodore répliqua avant que son cerveau ne puisse réfléchir. Si Raphaël se changeait en son uniforme habituel, comment Théodore pourrait-il admirer son corps ?! « T—Tu n'as pas besoin de te changer! Je—Je ne suis pas si mesquin pour te réprimander pour quelque chose d'aussi simple. » Il se racla la gorge, les yeux fuyants. « De toute façon, je t'accorde la permission d'avoir un aspect atrocement inapproprié juste pour ce soir ! »

Lu Yizhou leva un sourcil. Se sentait-il coupable de venir le déranger au milieu de la nuit? Que c'était adorable. « Tu as du mal à dormir, Jeune Maître ? »

« E—En. » Théodore portait seulement son pyjama à large col et quand il baissa la tête ainsi, Lu Yizhou put apercevoir un aperçu de sa nuque claire, particulièrement appétissante sous la nuit. Ses crocs palpitaient. Il ne savait pas si c'était la nuit qui agissait ou parce qu'il venait de sentir du sang, mais il lui semblait plus difficile de se contrôler qu'avant.

Il fit un pas en arrière. « As-tu besoin de quelque chose de ce serviteur, Jeune Maître ? »

La pensée de la visite d'Alfred hantait toujours le sommeil de Théodore et s'était même frayée un chemin jusqu'à ses rêves. Là, Raphaël était le même que ses serviteurs précédents, lui tournant le dos juste avec la promesse de quelques lingots d'or. Il se réveilla en sueur froide sur tout le dos et fut soudainement rempli d'une envie pressante de voir Raphaël, même en ignorant la règle de Ben selon laquelle il était inapproprié pour un jeune maître de visiter les quartiers d'habitation de son serviteur. Au début, il pensait qu'il serait satisfait d'apercevoir le visage de Raphaël mais maintenant qu'il était devant cet homme, il ne voulait pas partir juste comme ça.

Il grogna d'un ton boudeur. « Tu ne comptes même pas m'inviter à entrer ? Il fait froid ici. »

« Tu veux venir… » Lu Yizhou aspira l'air froid. « ...entrer ? » Il se creusa la tête pour se souvenir. Avait-il quelque chose qui pourrait exposer son identité ? Non, Raphaël n'avait qu'un ensemble de vêtements et quelques lingots d'or sur lui.

[666 : Hôte, ta chemise ensanglantée !]

Lu Yizhou jura entre ses dents. Comment sa tête avait-elle pu devenir si embrouillée pour oublier cette chose importante ?

Sentant son hésitation, Théodore le fixa, très offensé. « Quoi ? Tu ne veux pas me laisser entrer ? As-tu des secrets inavouables que tu ne peux pas me laisser savoir ? » Son ton montait de plus en plus haut.

« Non, bien sûr que non. » Lu Yizhou secoua la tête sans espoir puis ouvrit la porte plus grandement, en faisant signe d'entrer. « S'il te plaît, entre. » Il attendit que Théodore entre avant de fermer la porte derrière lui, les lèvres serrées ensemble.

Théodore se tenait au milieu de la chambre et regarda curieusement autour de lui. Il avait vu la chambre du serviteur d'innombrables fois auparavant mais d'une manière ou d'une autre, tout devenait différent dès qu'il se rappelait que c'était la chambre de Raphaël. C'était exigu, juste un peu plus grand que sa propre salle de bain et les seuls meubles que Raphaël possédait étaient les nécessités de base ; le lit et l'armoire. L'odeur qu'il ne pouvait sentir sur Raphaël que s'il se tenait près de l'homme remplissait toute la chambre comme pour l'envelopper, faisant battre son cœur encore plus vite. C'était le parfum exquis et sucré des roses.

Une chemise froissée était jetée sur le lit et Théodore rit à cause de cela. « Je ne m'attendais pas à ce que tu puisses être aussi désordonné. J'ai toujours pensé que tu étais un homme soigné et raffiné. »

« Mes excuses. » Lu Yizhou dit et sans changer d'expression, saisit la chemise et la jeta dans le panier dans la salle de bain. « Je me suis ridiculisé devant le Jeune Maître. »

[666 : Fyuhh *essuie la sueur* 666 va avoir une crise cardiaque si ça continue.]

« C'est bon, je te pardonne pour cette petite erreur. » L'humeur de Théodore s'améliora, heureux d'avoir appris quelque chose de nouveau sur Raphaël. Cela le faisait se sentir plus proche de cet homme d'une certaine manière. Il s'assit sur le lit et passa sa paume sur le matelas qui semblait plus rugueux que le sien. Mais c'était le lit de Raphaël alors il était prêt à endurer ce malaise pendant un moment.

Voyant Théodore se mettre à l'aise sur son lit, Lu Yizhou avait un regard perplexe. « Tu vas passer la nuit, Jeune Maître ? »

Théodore fronça les sourcils. « Je ne peux pas ? »

« Non, ce n'est pas ça. » Lu Yizhou tenait sa tête dans l'exaspération. « Mon lit est dur. Le dos du Jeune Maître aura mal si tu restes couché toute la nuit. »

« Alors qu'attends-tu ? » Théodore parla avec impatience, ses yeux marron clair flamboyaient d'irritation comme pour dire qu'il n'accepterait aucun refus. « Sèche-toi et monte ici. Si le lit est dur, alors je n'ai qu'à m'allonger sur toi. »