L'année 906 vit le royaume de Bretagne, fragmenté entre ses nombreux comtés rivaux, se retrouver dans une situation précaire, prise en étau entre des menaces internes et externes. Les côtes bretonnes, déjà vulnérables, étaient de plus en plus exposées aux raids vikings, et les forces des fils du légendaire roi norvégien Ragnar Lodbrok se concentraient sur l'attaque des terres les plus riches. La guerre faisait rage, et le royaume breton peinait à faire face à l'invasion des Vikings tout en gérant ses luttes internes de pouvoir.
À Vannes, première ligne de défense contre les envahisseurs, la situation était devenue critique. La cité, siège du pouvoir d'Edwyn, souffrait de raids incessants, malgré ses fortifications renforcées et les efforts acharnés de son duc pour organiser la résistance. L'année 906 trouvait Edwyn âgé de 21 ans, un homme déjà aguerri par les batailles, mais qui devait encore affronter une guerre à multiples facettes. En plus des attaques vikings, Edwyn devait gérer les rivalités entre les comtés bretons, un terrain politique aussi dangereux que le champ de bataille.
Elisabeth , l'épouse d'Edwyn, âgée de 19 ans, jouait un rôle crucial dans le maintien du moral de la population. Depuis leur mariage, elle s'était imposée comme une figure respectée et aimée, organisant les soins aux blessés et la distribution des vivres. Son influence auprès du peuple n'était plus à démontrer, et son nom était désormais lié à la stabilité de Vannes. Tandis qu'Edwyn menait ses chevaliers en première ligne, elle veillait à l'arrière, où elle redonnait espoir et énergie aux civils. Mais même son autorité ne suffisait pas à endiguer l'escalade des menaces qui pesaient sur eux.
À côté d'Edwyn, Bastien, son capitaine et bras droit, avait compris que la guerre contre les Vikings nécessitait plus que de simples batailles rangées. Il proposa la formation d'une milice composée de paysans et de roturiers, pour protéger les villages isolés des assauts ennemis. Ces hommes, bien que non formés à la guerre, avaient l'avantage de bien connaître leur territoire et furent essentiels pour repousser plusieurs incursions vikings.
Cependant, cette stratégie ne suffisait pas à endiguer la menace. Les forces vikings, mieux organisées et bien équipées, ne se contentaient pas d'attaquer les côtes. Les pillages étaient violents, laissant derrière eux des terres dévastées et des villages en ruines. Les dirigeants des comtés bretons rivaux n'aidaient pas toujours, certains préférant utiliser la situation à leur avantage pour s'attaquer à Edwyn, qu'ils voyaient comme un obstacle à leurs propres ambitions.
C'est dans ce climat de guerre et de tensions internes qu'un homme émergea, prêt à jouer un rôle décisif dans l'avenir du royaume : Gérard , comte de Rennes. Conscient de la faiblesse des alliances bretonnes et de la montée en puissance d'Edwyn, commença à se rapprocher de certains nobles mécontents du comte de Vannes. Parmi ces nobles, se trouvait Hélène , la fille du comte de Cornouaille, une femme profondément amère envers Edwyn. Le mariage de ce dernier avec Elisabeth , qu'elle jugeait dégradant pour sa famille, ne faisait qu'exacerber son désir de revanche.
Gérard , voyant en Edwyn un adversaire redoutable, chercha à faire alliance avec Helene , qui n'avait jamais pardonné à Edwyn son ascension rapide et son mariage avec Elisabeth . Ensemble, ils commencèrent à élaborer un plan pour affaiblir Edwyn et prendre le contrôle des terres bretonnes.
Au printemps de 906, un message urgent arriva d'Alain II, roi des Bretons. La flotte viking, désormais menaçante le long de la côte nord de la Bretagne, notamment autour de Saint-Malo, exigeait la mobilisation des comtes bretons pour organiser une défense commune. Dans son message, le roi Alain II insista particulièrement sur le rôle d'Edwyn, lui rappelant qu'il lui avait, par le passé, prêté main-forte en lui fournissant des troupes supplémentaires lors de la guerre contre son frère. Cette aide plaçait désormais Edwyn en position de redevabilité envers lui.. L'appel à l'aide du roi constituait une opportunité pour Edwyn de renforcer sa position et de redorer son blason, mais il devait faire face à une situation complexe : l'unité entre les comtés bretons, jusque-là fragile, était difficile à maintenir.
Elisabeth , inquiète par les dangers qui guettaient son mari, tenta de le convaincre de rester.
— "Edwyn, tu viens à peine de stabiliser Vannes. Nos terres ont encore besoin de toi."
Mais Edwyn, déterminé, lui répondit :
— "Si nous ne défendons pas la Bretagne maintenant, il n'y aura plus de terres à protéger."
Bastien, fidèle à son duc, ajouta :
— "C'est un combat nécessaire, mais soyez prudent. L'ennemi est visible, mais les vrais dangers viennent de ceux qui vous entourent."
Edwyn partit donc pour Saint-Malo, où il allait affronter non seulement les Vikings, mais aussi les manœuvres politiques de ses ennemis intérieurs.
À Saint-Malo, la bataille contre les Vikings fut un test décisif pour Edwyn. En dépit de la violence des assauts, il parvint à repousser la flotte viking grâce à la coordination de ses forces bretonnes, une victoire qui ne passa pas inaperçue. Le roi Alain II, impressionné par la performance d'Edwyn, le nomma conseiller militaire à la cour royale, consolidant ainsi la position d'Edwyn au sein du royaume breton.
Cette victoire, cependant, ne faisait qu'attiser la colère de ses ennemis. Hélène et Gérard , loin de se laisser impressionner, virent dans cette reconnaissance royale une menace pour leurs ambitions. Ils redoublèrent d'efforts dans leurs conspirations.
À Rennes, Hélène et Gérard continuaient de tisser leur toile politique. Dans la discrétion des salles sombres de leur château, ils discutaient des moyens de s'attaquer à Edwyn.
— "Edwyn devient trop puissant," dit Gérard en examinant la carte de Bretagne, l'air grave. "Il se rapproche du roi, et sa popularité auprès du peuple est telle qu'il pourrait finir par nous écraser."
Hélène, le regard froid, hocha lentement la tête.
— "Nous ne pouvons pas laisser un homme qui a humilié ma maison monter si haut. Il est temps de préparer le terrain pour sa chute."
Gérard , intrigué, lui demanda :
— "Et comment comptes-tu nous débarrasser de lui ?"
Hélène esquissa un sourire énigmatique.
"Il est vulnérable, Gérard. Tous les hommes font des erreurs, et Edwyn n'échappe pas à cette règle. Nous devons simplement être patients et attendre le moment opportun." Hélène et Gérard décidèrent alors de prendre tout le temps nécessaire pour atteindre leur objectif, peu importe combien de temps cela leur prendrait.
Ainsi, les deux conspirateurs continuèrent à jouer leur jeu dangereux, sachant qu'une seule erreur de la part d'Edwyn suffirait à leur permettre de prendre le contrôle du royaume.