Impossible de retarder

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La première chose qu'elle remarqua lorsqu'elle foula la moquette douce fut la splendeur de la salle du trône, et cela la laissa… stupéfaite. Il y avait sept lustres suspendus au plafond par des chaînes d'or. Des milliers de bougies y brûlaient sans qu'une seule goutte de cire ne tombât en dessous. Les courtisans étaient assis sur les côtés, leurs sièges garnis de fourrures douces. Les murs étaient ornés de portraits des rois et reines précédents, avec des torches allumées entre chacun d'eux. Des tapisseries cramoisies et dorées étaient suspendues aux fenêtres voûtées pour filtrer la lumière du soleil.

Tandis que Morava marchait avec son père, elle s'efforçait de ne pas être influencée par l'opulence. C'était bien plus que ce à quoi elle s'attendait et encore plus extravagant que dans la salle du trône de son père. Des étoiles dansaient dans ses yeux lorsqu'elle réalisa qu'elle deviendrait bientôt la reine de ce lieu. Un souffle serré quitta ses lèvres. Elle rassembla son esprit et son imagination débordante alors qu'elle fixait le roi lui-même. Et lorsque son regard croisa le sien, l'incrédulité explosa dans sa poitrine. L'homme était plus que beau. C'était le type d'homme dont les chansons parlent. Une aura puissante émanait de lui comme s'il s'agissait de sa seconde peau. L'arrogance émanait de lui comme s'il en était propriétaire. Elle avala difficilement devant ses traits d'une beauté presque irréelle. C'était le péché incarné et elle était prête à pécher avec lui. Une résolution se forma dans son esprit—elle allait l'épouser et faire tout ce qu'il faudrait pour assouvir ses désirs.

Ils se rapprochèrent du roi et dès qu'ils furent proches, ils s'inclinèrent devant lui. Elle ne pouvait s'empêcher de le dévisager tant il était extrêmement attirant. Pas étonnant qu'il fût l'homme le plus convoité de tout Araniea… par les femmes.

Alpha Alrakis les présenta à son fils. « Voici le Roi Biham et sa fille Morava. »

Son visage empreint de nonchalance, Eltanin inclina légèrement la tête. « Bienvenue au Royaume de Draka. »

Morava put voir une lueur d'intérêt dans ses yeux lorsque leurs regards se croisèrent à nouveau. Un moment de silence s'étira entre eux.

« Que la lune brille sur vous toujours, » répondit le Roi Biham. Puis il pointa du doigt le serviteur qui se tenait derrière eux avec un plateau doré à la main, recouvert d'un tissu de satin rouge. « Je vous ai apporté un petit cadeau. »

Le serviteur s'agenouilla en s'avançant et tendit le plateau à un garde. Eltanin fit un geste de la main pour que le garde passe le plateau à un serviteur derrière lui sans même le regarder. « Merci, » dit-il sur un ton légèrement éconduisant.

Le Roi Biham comprit et réalisa qu'il n'avait plus aucune raison de rester plus longtemps ; alors il s'inclina de nouveau et dit, « Nous prendrons congé, Votre Altesse. »

Morava ne voulait pas partir. Elle se demandait si elle avait fait impression sur Eltanin. Mais quand son père la poussa doucement, elle s'inclina et ils partirent avec Alpha Alrakis.

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Eltanin les regarda s'éloigner, l'irritation rongeant ses entrailles face au fait que son père avait choisi de présenter Morava à la cour afin de l'introduire subtilement à tous comme sa future épouse. Il pouvait percevoir l'intérêt dans ses yeux et une légère odeur de son excitation. Ce n'était rien de nouveau. En fait, il aurait été surpris, voire choqué, si elle n'avait pas été excitée. Il possédait le genre de personnalité et de traits qui suscitaient… des émotions. Son regard papillonna vers ses courtisans qui l'observaient avec intérêt puis se reporta sur Morava qui s'éloignait, balançant exagérément ses hanches pour son spectacle. La jeune fille était à son avis belle, digne d'être son épouse. Le mariage—

Sa poitrine se serra de déni à cette pensée et s'il ne contrôlait pas ses émotions, elles se verraient sur son visage. Il se maîtrisa. C'était essentiel. Il devait l'épouser. Avec cette résolution, il serra la mâchoire si fort que ses molaires lui faisaient mal. Encore une fois, la bête en lui souhaitait émerger. Encore une fois, il voulait se métamorphoser et courir vers la forêt, un malaise piquant son cœur. Il se concentra sur la princesse et chassa ses pensées. Il décida de la rencontrer plus tard dans la soirée.

La cour fut rapidement levée et il s'attendait à demi que Rigel et son père se présentent au déjeuner. Cependant, il avait besoin de temps seul. Et il n'avait vraiment pas besoin que son père rajoute davantage d'éloges à propos de Morava ou de Biham. Lorsqu'il atteignit la salle à manger, les serviteurs s'affairaient à lui servir le meilleur. Il s'assit à la place d'honneur, comme d'habitude. Heureusement, son père n'était pas là. Pourtant, il demanda à un serviteur. « Où est mon père ? »

« Alpha Alrakis prend son déjeuner avec le Roi Biham et la princesse dans les quartiers d'invités, » répondit-il en s'inclinant, n'osant croiser le regard du roi.

Eltanin le congédia d'un geste, heureux que pour une fois son père ne soit pas là pour le harceler, mais en même temps, il savait ce qui se tramait entre eux. Il commença à découper le jambon devant lui lorsqu'il capta le parfum de Rigel.

Rigel vint s'asseoir à sa gauche, un éclat dans le regard. « Mec, quelle nuit de folie ! »

« Le Roi Biham et Morava sont ici. » Eltanin piqua du jambon avec sa fourchette.

« Je les ai tous les deux attachés aux montants du lit et je me suis bien amusé. Je les ai fait m'attacher et je me suis écla— » Rigel s'arrêta. « Attends. Quoi ? » L'acidité dans sa voix était manifeste.

Eltanin pinça les lèvres alors qu'il reposait sa fourchette, le métal résonnant contre la porcelaine. « Ils sont ici, » dit-il, la voix lasse. « Ça ne peut être repoussé davantage. Biham va mettre la pression sur mon père. »

« Et alors ? » Rigel croisa les bras sur sa poitrine en s'appuyant vers l'arrière. « Tu peux toujours reporter les fiançailles. Ce n'est pas comme si quelqu'un pouvait te les forcer. Tu es le putain de roi ! »

Eltanin secoua la tête. « Je ne pense pas pouvoir les retarder... Il y a trop en jeu, » murmura-t-il.

Rigel plissa les yeux. « Tu veux dire que tu ne pourras pas repousser les fiançailles ou le mariage ? »

« Les fiançailles. Il faudra les faire pendant que Biham est ici. »

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