Le prince vampire

L'homme devant elle ne ressemblait en rien à ce qu'elle avait imaginé. Ses yeux n'étaient pas rouges comme le sang. Ses crocs n'étaient pas visibles. En fait, il semblait ne pas avoir de crocs du tout. Et... il n'était pas aussi pâle que les vampires qu'elle avait rencontrés auparavant. Il était pâle comparé aux humains, mais il n'avait pas cette teinte blanche maladive comme tous les autres vampires qu'elle avait vus jusque-là. Et le plus frappant de tout était que... il était juste... à couper le souffle.

Evie était perdue dans une transe mais fut immédiatement ramenée à la réalité lorsqu'elle entendit quelqu'un se racler la gorge.

Elle ne pouvait détacher son regard du sien alors qu'elle levait lentement sa main pour la placer dans celle tendue vers elle. Ses yeux étaient d'un gris argenté, semblables à la brillante lune, et ils étaient pleins de vie, comme s'il y avait de nombreuses étoiles qui tourbillonnaient en leur sein. Puis il y avait ses cils... ils étaient si indécemment longs et épais pour un homme. Ses lèvres, sa mâchoire, son nez… chaque partie de lui la rendait muette. Elle n'avait jamais vu un autre humain qui avait été façonné avec une telle beauté et perfection. Mais alors encore, elle se souvenait qu'il n'était pas humain pour commencer.

Elle se dit qu'elle devait détourner le regard mais pour une raison quelconque, elle ne pouvait pas. Elle avait l'impression qu'il avait fait quelque chose dès que leurs regards se croisèrent.

Quand sa main toucha la sienne, elle faillit sursauter tant son cœur battait encore plus fort. Il la fit se tenir juste à côté de lui avant de lâcher sa main. Lorsqu'il relâcha sa main, elle sentit l'air frais remplacer l'endroit où sa main avait été et ce fut alors qu'elle réalisa que sa peau n'était pas froide. Elle avait entendu des soldats humains dire que les vampires étaient des créatures à sang froid et qu'ils étaient aussi froids que des cadavres au toucher.

Mais ses mains n'étaient pas froides du tout. Pourquoi cela ? Comment se fait-il que sa main soit chaude ? Ce ne pouvait pas être seulement son imagination !

Evie n'eut pas la chance de commencer à réfléchir davantage à ce puzzle car la cérémonie commença sans délai. N'importe qui de l'extérieur aurait facilement pu dire que tout le monde ne pouvait pas attendre que ce mariage se termine. Les humains présents étaient impatients que les vampires quittent enfin cet endroit et leur empire tandis que les vampires visiteurs étaient certainement aussi impatients de réaliser les souhaits des humains de quitter cet endroit et de retourner dans leur propre empire. Pour une fois, humains et vampires étaient d'accord sur la même chose.

Et ainsi, comme tout le monde l'espérait, le mariage se termina précipitamment.

Evie avait assisté aux mariages d'autres princesses et nobles auparavant et elle avait presque envie de sourire à la vitesse à laquelle ils avaient mené et terminé ce qui était censé être une occasion des plus spéciales ; son mariage. Mais, encore une fois, elle ne pouvait blâmer personne. Personne ne voulait de ce mariage au départ. Chacun d'entre eux, même la mariée et le marié, avait été forcé à cette union.

Un soupir profond et silencieux échappa aux lèvres d'Evie lorsque tout le monde commença à bouger et à se disperser rapidement. Elle ne pouvait pas croire à quelle vitesse la salle s'était vidée.

Son mari lui tendit de nouveau sa main. Bien sûr, Evie était déjà préparée à cela. Elle allait dans l'Empire du Nord, la terre des vampires, juste après le mariage, elle avait donc déjà fait ses adieux à sa famille avant même que les vampires n'arrivent.

Un peu tremblante, Evie plaça sa main dans la sienne. Ses yeux étaient chauds mais elle s'était juré de ne pas verser de larmes. Elle regarda sa mère alors que le prince vampire la menait vers la porte.

Sa mère pleurait, sanglotait doucement là où elle se tenait, et Evie dû se faire violence pour ne pas faire de même. Evie détourna le regard, se concentrant sur le chemin devant elle à la place. Alors que les jeunes mariés atteignaient la porte, Evie s'arrêta et regarda en arrière une dernière fois. Elle serra inconsciemment la main de son mari avant de se tourner vers lui et enfin de faire un pas en avant. C'était tout ce qu'elle pouvait faire à partir de là ; marcher courageusement dans son avenir, un pas à la fois, pour découvrir ce que le destin lui réservait.