Qui est en colère maintenant ? (Partie 2)

"Je suis très inquiète." Elle dit mais elle n'avait pas l'air inquiète du tout. Elle baissa les yeux sur son cahier et prit quelques notes. Qu'écrivait-elle donc ?

"Tu devrais t'inquiéter pour toi-même." Lui dit-il.

Elle leva les yeux vers lui. Ses yeux froids lui donnaient presque des frissons. Parfois, ils pouvaient paraître sans âme. Ignorant sa remarque, elle continua de poser ses questions.

"Pour être considéré comme un sang-pur, à quel point faut-il être proche de ses ancêtres ?"

Pourquoi était-elle curieuse de cela ?

"Le plus proche vivant."

"Donc vous avez le sang le plus pur parmi les vivants ?"

"Parmi les mâles vivants, oui. Mon sang vous a-t-il été utile, professeur ?"

La ignorant à nouveau, elle nota encore quelques éléments. Elle recommençait à l'agacer mais il ne pouvait réprimer sa curiosité. Il n'avait jamais vu de femme aussi froide. Si concentrée et déterminée dans sa mission.

"Vous êtes un dragon noir." Dit-elle sans lever les yeux de son cahier. "Connaissez-vous mon père ?"

"Chaque dragon connaît ton père."

"L'un d'entre vous l'a tué." Dit-elle calmement.

"Qui t'a dit ça ?"

"Je l'ai vu de mes propres yeux."

Il se raidit et elle leva lentement les yeux de son cahier, tenant son regard avec le sien. "Un dragon noir l'a mâché puis craché."

"Tu as vu ça ?" C'était trop tard. Les mots avaient déjà franchi ses lèvres.

Non. Il savait qui avait tué son père et ça ne lui avait jamais importé. Et ça ne devrait pas lui importer. Chaque dragon avait souhaité sa mort.

"Oui. C'était aussi un dragon noir qui a tué ma mère. Brûlée." Dit-elle, son visage restant vide d'émotions. Cela le troublait d'une certaine manière. Pas étonnant que ses yeux aient cet air-là si elle avait vu mourir ses deux parents.

"Dois-je me sentir mal pour toi ?"

"Mon père a tenté de faire la paix avec ton clan."

"Oui ?" Il haussa un sourcil.

"Peu importe." Elle soupira et se remit à prendre des notes.

Mais qu'est-ce qu'elle écrivait donc ?

"Ton père a été stupide d'espérer la paix et cela l'a tué," lui dit-il.

Elle marqua une pause puis continua à écrire quelque chose.

"Et maintenant, tu ne veux pas faire la même erreur." Il continua.

Maintenant, il avait capté son attention. Elle leva son regard bleu sans bouger la tête et ils se plantèrent dans ses yeux. "Il n'a commis aucune erreur. Il a seulement prouvé aux autres que la guerre est ce que vous voulez et ainsi la guerre est ce que vous aurez."

Pas s'il arrivait à lui ôter la vie en premier. Et quand les esprits comme le sien et celui de son père n'existeraient plus, il tuerait le reste.

"Et ton père est mort dans cette guerre."

"Mon père a continué de vivre dans le cœur des gens et à travers ses inventions, il vit dans leurs espoirs et dans leur esprit de lutte. Il vit aussi dans vos cœurs à travers la haine que vous ressentez pour lui." Là, il entendit de l'émotion dans sa voix et ses paroles l'atteignirent. Elle avait raison. Son père était devenu une partie de l'histoire, un changement dans le monde, alors son nom continuerait de vivre pour toujours.

Il ricana. Cela n'aurait plus d'importance une fois qu'ils seraient tous morts. Il ne resterait plus d'humains pour étudier l'histoire humaine.

La princesse glaciale reprit son calme et se remit à écrire dans son cahier.

"Qu'écris-tu de si important ?" Demanda-t-il irrité.

Il voulait déchirer ce cahier en morceaux.

"Je dessine." Dit-elle sans lever les yeux.

Quoi ?

"Je n'aime pas perdre mon temps, donc j'aime réaliser plusieurs tâches à la fois."

Ah, il pensa avec dégoût. Perdre son temps ? Avec lui ?

Dieu. Il serra les poings. Il avait hâte de mettre la main sur elle. Jamais il n'avait été si ardent à vouloir tuer quelqu'un.

"Je pensais que tu étais venue me questionner à propos de ta sœur."

"J'ai arrêté de la chercher. Tu avais raison. Je ne suis pas une personne sûre pour un enfant et je ne veux pas faire de mal à ma sœur."

Sa tranquillité l'avait surpris quand il lui avait dit qu'elle n'était pas apte à être mère. N'importe quelle femme en aurait été offensée, mais cela ne l'avait pas affectée. Elle n'avait aucun désir de devenir mère, mais il s'interrompit et laissa son parfum envahir ses sens. Elle sentait si bon et féminin. Si fertile. Alors... il serra le poing en chassant son parfum de son esprit, ne voulant même pas penser à ce que cela signifiait.

Il la regarda, ses cheveux blonds dorés, sa peau pâle et ses lèvres roses atténuées. Tout en elle était pâle. Contrairement aux femmes dragon, elle manquait de couleur et de chaleur. Elle était de glace au lieu de feu et le dragon impétueux en lui voulait faire fondre cette princesse glaciale. Il voulait la brûler avec le feu qui rugissait en lui.

"Je ne te crois pas." Dit-il. Elle n'abandonnerait pas sa sœur alors qu'elle ne savait même pas si elle avait eu un enfant ou non et dans quelles conditions elle pouvait être.

"Ou tu ne veux pas croire parce que ce n'est pas à ton avantage. Tu pensais pouvoir sortir d'ici si facilement." Elle secoua la tête vers lui. "Je passe des heures à perfectionner l'invention de mon père et les miennes. Elles subissent de multiples tests jusqu'à ce que je sache que je peux leur faire confiance."

Il ne doutait plus de cela maintenant qu'il la voyait en personne. Il pouvait dire qu'elle était perfectionniste. Elle avait un œil aiguisé et ne semblait pas être quelqu'un qui se contentait de juste bien. Ses mains lui avaient déjà beaucoup dit. Ce n'étaient pas les mains d'une princesse. Elles étaient cicatrisées, avec de nouvelles et anciennes blessures et il n'était pas sûr de ce qu'elle avait fait à ses ongles, mais la peau autour d'eux était enlevée. La chair rouge était clairement visible contre sa peau blanche.

Levant son cahier, elle le tint à distance et étudia son dessin. "C'est fini." Dit-elle et le ferma. Elle se leva de la chaise et commença à ranger ses affaires.

Attends ! Partait-elle ?

"Je croyais que tu essaierais tes inventions ?"

Elle le regarda en arrière. "J'ai changé d'avis. Tu es déjà blessé."

Il se leva précipitamment. "Je n'ai pas besoin de ta pitié."

"Dommage." Elle corrigea. "Et je te la donne même si tu n'en as pas besoin ou si tu n'en veux pas."

Après avoir mis toutes ses affaires dans son sac, elle le souleva et se tourna vers lui avec un sourire prétentieux qu'elle ne tentait en aucun cas de présenter comme authentique. "Je suis parfois généreuse."

Malachi était sur le point de faire des menaces mais se retint. Elle faisait tout ça pour l'agacer. Il assouvirait sa colère un jour. En tant que fille d'un professeur haï, il lui suffisait de la jeter aux dragons pour qu'ils se régalent d'elle et il s'assurerait de regarder et d'apprécier. Comme son père, elle serait mâchée et recrachée.

"Assure-toi de te reposer tant que tu le peux. Je suis sûr que Sa Majesté... je veux dire le roi humain sera ici pour te torturer demain, Roi Malachi." Elle lui fit un signe de tête succinct puis s'éloigna.

Malachi resta là, debout, confus. Il ne savait pas quoi penser de cette rencontre. Il était piégé et il n'était pas sûr de pouvoir s'en sortir et de quel type de torture cette femme viendrait avec la prochaine fois.

Malachi pouvait presque voir son sourire de satisfaction maintenant. Ses mains se serraient. Oui, il garderait cette image d'elle dans son esprit pour se sortir de cette caverne et brûler son monde.