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Il semble incertain.

Le plan était simple : Hana devait attirer Chiho loin de son bureau et de l'étage du Département Catastrophes Naturelles, de la façon qu'elle pensait la meilleure.

Pourtant, même si elle avait été résolue sur le moment, en répondant à Mari, elle devait encore avoir le courage d'agir dans la vraie situation.

Assise seule à son bureau elle réfléchissait encore à comment approcher son ancienne harceleuse. Devait-elle encore afficher une attitude forte et sans doutes ? La menacer à nouveau ? Lui demander de s'excuser ? N'importe quoi, du moment que l'autre jeune femme la suivrait ?

Anxieuse, Hana regarda à sa droite et à sa gauche, puis devant elle. Les bureaux de Mari, Yuuto et Ren étaient vides depuis déjà un petit quart d'heure, signe qu'ils étaient déjà en train de passer à l'action.

Pour sa propre tâche à accomplir, Ren lui avait indiqué l'heure exacte à laquelle il attendrait patiemment dans la cage d'escaliers pour intervenir, une fois qu'il aurait fait un tour au service informatique. Ce qui allait se produire dans moins d'un quart d'heure, à présent.

Nerveuse, Hana se leva de son bureau pour aller dans la salle de pause. Elle avait besoin de se changer momentanément les idées et de boire quelque chose pour se rassurer un peu. Elle choisit donc une boisson au thé vert dans le distributeur, et tandis qu'elle récupérait sa commande, une voix d'homme la surprit.

« Est-ce que tout va bien ? »

Elle se retourna, et avec stupeur, vit que le Chef Adjoint Ogawa était juste derrière elle, assis à une des tables mises à disposition dans la pièce. Elle était tellement entrée vite, et tellement dans ses pensées, qu'elle ne l'avait pas remarqué.

« Chef Adjoint… » Dit-elle avec étonnement.

« Vous avez l'air pâle, Shinohara-san, » dit-il en l'observant avec attention. « Tout va bien ? »

« Euh… Oui, ça va... » Dit-elle, avant de rapidement se raviser. « Mais, en fait... »

« Vous avez lu le nouveau message, pas vrai ? » Dit avec sympathie Saizo.

Hana hocha la tête en silence.

« Vous ne devriez pas vous en faire pour si peu, » dit-il calmement en replaçant ses lunettes rectangulaires sur son nez. « Quelque chose de particulier vous inquiète ? »

Hana avait presque oublié que l'homme était très perceptif ; au moins autant que Ren.

« À vrai dire… Les rumeurs me mettent plus que mal à l'aise, » dit-elle.

« Je peux comprendre ça, » dit-il. « Les gens se méprennent à votre sujet, sans même savoir de quoi ils parlent... Mais… Tant que vous, vous savez ce qui est vrai, ça n'a pas d'importance.»

Le Chef Adjoint avait pris un ton de voix rassurant et gentil, et Hana soupçonnait que ces mots n'étaient pas qu'à sa seule intention. C'était comme si le Chef Adjoint avait vécu une situation similaire, et qu'il lui donnait un conseil tout en tentant de se rassurer lui-même.

« Est-ce que vous avez ignoré les rumeurs, vous ? » Se risqua-t-elle à demander.

Saizo écarquilla les yeux de surprise, avant de laisser échapper un petit rire.

« C'est si évident que ça, que j'ai aussi déjà été visé par des rumeurs ? » Dit-il en riant.

Hana hocha de la tête, et Saizo lui sourit. Elle prit cela comme une invitation, et s'assit en face de lui, sa canette de thé latte dans les mains.

« Tu n'as pas idée. Les gens peuvent vraiment être indélicats dans ce genre de situations. » Dit-il. « Mais c'est juste superficiel comme intérêt, et les gens se lassent très vite. »

« Est-ce que les gens continuent d'en parler quand même après ? » Demanda-t-elle.

« Bien sûr. Ça peut revenir. Mais le plus important, c'est de montrer que ça ne nous atteint pas. » Conseilla-t-il.

« Mais si ça ne marche pas ? Si faire en sorte de ne pas s'en préoccuper fait empirer la situation ? »

« Hum... C'est assez retors, comme question. » Dit-il avec un air pensif. « Parfois, ça peut arriver. Et dans ce cas, il n'y a qu'un seul remède. »

La jeune femme semblait impatiente de voir ce qu'il allait dire, et Saizo ne put s'empêcher de penser qu'elle était vraiment honnête et ne savait pas cacher ses émotions.

« Il ne faut pas être seul, » dit-il après un moment de silence. « L'idéal est d'avoir au moins une personne, n'importe qui, qui comprenne ce qu'on traverse et qui puisse nous soutenir quand ça va mal. »

C'était si simple comme réponse, et pourtant si déroutant. Ne pas être seul, c'était quelque chose de plutôt compliqué pour Hana. Pourtant, elle pouvait déjà voir les effets de ce simple conseil, en comparant la période du lycée et maintenant.

Au lycée, elle n'avait parlé de cela à personne avant qu'il ne soit trop tard, et avait fini par prendre des décisions qu'elle regrettait encore à ce jour. À Marline, c'était différent : elle en avait parlé à Mari, Yuuto et Ren, et elle avait eu l'impression d'avoir des alliés. La principale différence entre ces deux périodes de sa vie était qu'elle n'était plus seule, et qu'elle avait accepté d'en parler.

C'était si simple, et pourtant, ce n'était pas une réponse que Hana aurait pu trouver toute seule. Il y avait certaines choses qui, si quelqu'un ne vous les pointait pas du doigt, vous échappaient complètement.

« Est-ce que ça s'est bien terminé ? » Demanda Hana, de but en blanc.

« Quoi donc ? » Demanda à son tour Saizo, interpellé de nulle part.

« Vous et cette personne qui vous a soutenue malgré des rumeurs, vous êtes toujours amis ? » Précisa la jeune femme.

« Bien sûr ! Et même un peu plus que ça... » Sourit-il. « Elle est devenue ma femme depuis. »

Cela fit porter le rose aux joues d'Hana. Elle ne s'attendait pas du tout à ce genre de développement. La réaction innocente de la jeune fille embarrassa légèrement Saizo en retour.

« Mais je m'égare, » dit Saizo en s'éclaircissant la gorge. «Du moment que des gens sont là et sont de ton côté, c'est tout ce qui compte. »

Hana regarda rapidement l'heure sur la machine à boissons derrière le Chef Adjoint Ogawa, et vit que leur courte discussion avait presque entièrement laissé passer le quart d'heure de délais dont elle disposait. Il était temps à présent pour elle de mener à bien sa partie du plan, et elle ne serait pas seule, même si les choses dérapaient.

Elle remercia son supérieur hiérarchique pour ses conseils, et sortit de la pièce en croisant le Chef Kobayashi. Ce dernier la regarda avec curiosité s'éloigner dans l'étage vers un coin qui n'était pas celui où son bureau se trouvait, et l'homme se tourna alors vers son ami.

« Vous discutiez de quoi ? » Demanda-t-il tout en s'asseyant à la chaise qu'Hana avait occupé quelques secondes plus tôt.

« De comment j'ai rencontré ma femme, » répondit sournoisement Saizo.

« Comment vous en êtes arrivés à parler de ça, » renifla Shinsuke.

« Disons qu'elle n'avait pas l'air très bien. Tu n'as pas remarqué ça, en la croisant à l'instant ? »

Shinsuke roula des yeux.

« J'avais remarqué, mais j'allais pas non plus lui faire remarquer qu'elle avait une tête de déterrée, » dit-il en s'éclaircissant la gorge. « Si je dis encore quelque chose de travers, on risque encore de m'accuser de maltraitance des employés. »

« Les employés de notre étage savent pourtant que tu ne cries jamais sans raison valable, » dit Saizo, avant de se reprendre. « Même si ces derniers temps, c'était un peu n'importe quoi. »

« Je pouvais pas savoir qu'elle avait rien fait, ok ? » Se plaignit Shinsuke. « Tu vas encore remettre ça longtemps sur le plateau ? »

« Jusqu'à ce que tu ailles t'excuser auprès d'elle, oui. » Sourit avec malice son ami.

C'était encore un petit coup de pouce pour la jeune femme, de la part de Saizo. Elle en aurait bien besoin, avec le comportement de mufle de Shinsuke.

Cependant, Shinsuke semblait aussi préoccupé que la jeune femme qui venait de quitter la pièce.

« Crache le morceau, » dit Saizo.

« Cracher quoi ? » Dit avec un ton moqueur Shinsuke.

« Toi aussi t'as pas l'air bien, » insista Saizo. « Il t'arrive quoi ? »

Shinsuke croisa les bras et fronça les sourcils.

« Le Directeur a fait enlever un nouveau message du forum, » dit-il.

« C'est pas une bonne chose ? » S'étonna Saizo.

« Ça renforce la crédibilité des rumeurs, quand on sait qu'il le fait pour protéger l'interne. »

« Il l'aurait demandé même s'il ne s'agissait pas de Shinohara-san, » le contredit Saizo.

« Sauf qu'il s'agit de… De elle, là. » Maugréa Shinsuke. « Les gens le verront comme ça les arrange, même si c'est pas la vérité. »

« C'est vrai... » Concéda Saizo.

« Ce type ne fait qu'empirer la situation présente, » ajouta Shinsuke.

« Et c'est ça qui t'énerve ? » Demanda Saizo.

« Je dirais pas que ça m'énerve, » le contredit Shinsuke.

« Mais tu ne peux pas non plus dire le contraire, » insista Saizo.

Pour toute réponse, Shinsuke se contenta de grogner silencieusement et de rouler des yeux. Saizo continuait de lui taper sur les nerds pour la bonne raison qu'il arrivait toujours à déceler certaines choses que même Shinsuke ne voulait pas avouer.

Oui, cela l'énervait de voir ce type faire une fixation sur Shinohara Hana, et cela l'énervait aussi que ce type ne comprenne pas que tous ses faits et gestes étaient scrutés avec attentions ; ni que ce qu'il essayait de faire – aider la jeune interne – contribuait à empirer la situation.

Lui aussi, il avait vu que la jeune femme semblait un peu… De moins bonne humeur que d'habitude ? Oui, c'était ça, elle ne souriait pas. Est-ce que cela voulait dire qu'il s'était malgré lui habitué à la voir sourire ? Si c'était le cas, c'était une très mauvaise habitude qu'il venait de prendre.

« Et donc, tu comptes faire quoi ? » Demanda avec sérieux Saizo.

« Comment ça ? » S'éveilla Shinsuke, momentanément perdu dans ses pensées.

« Vis-à-vis de la situation ; est-ce que tu comptes aller voir le Directeur Utagawa ? »

Shinsuke réfléchit un instant. Ce n'était encore une fois pas ses affaires, de savoir quelle était la relation entre ses deux là. Mais, en quelque sorte si ?

En tant que Chef de section, il devait tout de même intervenir quand ses employés étaient concernés, même s'il devait aller pour cela à l'encontre de leur Directeur. Ce ne serait ni la première fois ni la dernière qu'il se frotterait à un supérieur hiérarchique, donc ce n'était clairement pas quelque chose qui l'inquiétait plus que cela.

Alors pourquoi est-ce qu'il hésitait autant ?

« Shinsuke ? » L'appela Saizo.

« J'en sais rien, » répondit instantanément Shinsuke.

Il devait encore y réfléchir calmement, avant de prendre une décision.