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Elden Ring : The Song of the Fallen Leaves (french)

Akira est mort en monstre. Le divin lui accorde une seconde chance en le ramenant à la vie. Mais dans une terre où les Sans-éclats sont traqués, écartelés, massacrés et greffés à d'indicibles abominations, Akira pourra-t-il trouver un sens à sa résurrection ?

Lyver · Videospiele
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12 Chs

Les mots sont du vent

« Ce chien de Vardis s'est fait la malle », grommela Thanadal.

Le soleil se couchait, et Thanadal les guidait à travers un bois à la lumière d'une torche, qu'il venait d'allumer. Juchée sur la selle de Torrent, la Sans-éclat était secouée de tremblements incontrôlables à cause des rafales de vent. Elle serrait sa cape rouge contre elle. Akira, qui marchait en tenant la bride de sa monture à la main, se dévêtit de sa tunique matelassée pour la tendre à la jeune fille.

« Vous n'allez pas avoir froid ? » s'inquiéta-t-elle en acceptant tout de même le vêtement.

« Ne t'en fais pas. » 

Hésitante, elle s'enveloppa du surcot gris. Akira la regarda du coin de l'oeil. Cela lui était étrange de voir la tunique qu'il avait toujours portée sur le dos de quelqu'un d'autre. Rapidement, le visage de la jeune fille se détendit.

« Merci. C'est vraiment gentil de votre part. » 

Akira ne répondit pas.

« Les vents ici sont violents », criait presque Thanadal, qui marchait un peu en avant, torche à la main. « On dit que ce territoire appartenait autrefois au Seigneur de la Tempête, et que les vents étaient le symbole de sa puissance. Il paraît même, que les aigles reconnaissaient en lui leur souverain naturel. Alors même qu'ils ne sont que des animaux.

— Dis-moi, Thanadal, coupa Akira. Cherchais-tu à me tester en me disant de te rejoindre à la cabane de Bernahl ? » 

L'intéressé tourna la tête dans sa direction.

« Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Ne fais pas l'ignorant », poursuivit Akira en le transperçant du regard. « Tu savais très bien qu'il me fallait passer par ce camp de soldats pour atteindre Valorage. Tu le savais, et tu ne m'as pas prévenu. Tu voulais savoir comment j'allais me débrouiller. N'est-ce pas ? » 

Thanadal le contempla un instant, puis reporta son attention devant lui. Quand il brandit la torche à hauteur de son visage pour mieux distinguer la route, Akira crut le voir sourire. 

« Et si c'était le cas ? » rétorqua le guerrier au torse couvert de cicatrices. « Qu'est-ce que tu ferais ? Tu me frapperais ? »

J'en étais sûr, songea Akira. Il savait parfaitement dans quoi j'allais mettre les pieds. 

« Même si c'était le cas, reprit Thanadal, tu devrais me remercier, Akira. Les faibles n'ont pas leur place en Entre-Terre. (A ces mots, la jeune fille baissa les yeux.) Et cette petite escapade a montré que tu n'en étais pas un, en plus de t'endurcir. Ce qui ne tue pas rend plus fort. 

— De jolies paroles pour te donner bonne conscience, après m'avoir envoyé droit dans la gueule du loup. (Le visage d'Akira se durcit.) Je devrais peut-être vraiment te frapper finalement. 

— Parce que tu t'en crois capable ? rétorqua Thanadal, amusé. 

— Qu'est-ce qui nous dit que tu nous amènes pas dans un autre guêpier, « pour nous tester » ? 

— Tu sais, si tu as une dent contre moi, on peut régler ça à l'épée.

— Les garçons, s'il vous plaît », fit la voix fluette de la jeune fille, mettant fin à la querelle . « Ce n'est pas le moment de nous disputer. (Elle regarda Akira.) Même s'il ne vous a rien dit sur le campement et que vous avez dû risquer votre vie, je lui en suis reconnaissante car… (Son menton s'affaissa mollement sur sa poitrine.) Si vous n'étiez pas arrivé pour me tirer de leurs griffes, je serais certainement en train d'être dépecée, à l'heure qu'il est. Et si messire Thanadal n'était pas…

— Ne m'appelle pas messire, corrigea le guerrier. Je suis pas un noble.

— Si Thanadal n'était pas intervenu, reprit-elle la voix mal assurée, nous aurions tous les deux finis écrasés sous les pieds de ce géant… 

— La petite a raison, Akira. Sans moi, vous seriez aussi morts l'un que l'autre. Enfin, au moins elle. Toi, la grâce t'aurait probablement rappelé, chanceux que tu es. » 

 Akira demeura silencieux. De toute manière, il s'en fichait.

« Au fait, je ne me suis toujours pas présentée », reprit la jeune fille, quelque peu gênée. « Je m'appelle Roderika. Ravie de faire votre connaissance.

— Plaisir non partagé, ma belle », rétorqua Thanadal en ralentissant le pas pour se rapprocher d'eux. « A voir comment tu t'écrases sans cesse, tu dois pas être bien dégourdie comme fille. Et on a pas vraiment besoin d'un poids mort sur le dos. » 

Thanadal aimait bien être sarcastique. Il lançait des piques pour s'amuser, pour provoquer et faire réagir, mais Akira ne percevait nulle méchanceté dans les paroles qu'il venait de prononcer. 

« Je sais. » 

Un sourire triste flottait sur les lèvres de Roderika. Elle contempla les cornes de Torrent d'un air penaud. Akira la surveillait du coin de l'oeil, et il devina que Thanadal en faisait de même.

« C'est vrai, je ne suis bonne à rien, admit-elle. Je ne manie ni l'épée ni l'arc. Je n'ai aucune connaissance des plantes ou des champignons. Les rares plats que j'essaye de préparer sont immangeables. Le linge que je nettoie ressort encore plus sale qu'il ne l'était avant. (Elle marqua une pause, puis désigna d'un geste Akira qui menait Torrent par la bride.) Je ne suis même pas capable de monter à cheval toute seule. » 

Akira restait silencieux. Il pourrait dire des mots creux pour la réconforter, mais à quoi bon, si c'était la vérité ? 

« C'est typiquement les faibles comme toi qui m'énervent » gronda Thanadal. (Cette fois, il parlait sérieusement.) « Vous, les faibles, vous êtes comme des parasites : vous vous accrochez aux forts dans l'espoir de survivre, vous leur sucez le sang, et à force de vous nourrir de l'énergie qu'ils dépensent à vous protéger, ils finissent par mourir. (A nouveau, Roderika baissa les yeux, affligée.) Et alors, comme tous bons parasites, vous vous enfuyez et partez aussitôt à la recherche d'un nouvel hôte, pour recommencer. Et c'est comme ça que tous les forts meurent un à un. Naturellement, une fois que tous les forts ont disparu, les faibles se font massacrer. Les faibles finissent toujours massacrés. » 

Une petite larme roula sur la joue de Roderika. 

« Oui c'est ça, pleure donc », grommela Thanadal quand il s'en fut aperçu. « Et n'essayes surtout pas de me donner tort. 

— Thanadal, ça suffit, dit Akira. 

— Quoi, tu n'es pas d'accord ? s'enquit le guerrier. Tu veux vraiment te trimballer avec ce poids mort ? 

— Tu ne penses pas ce que tu dis. 

— Oh que si je le pense. »

 Thanadal s'arrêta et fit volte-face. La nuit était tombée depuis un moment à présent, et les flammes de la torche projetaient des ombres inquiétantes sur le visage du guerrier. 

« Tu viens de mettre les pieds ici alors tu ne sais pas, mais survivre comme Sans-éclat n'est pas une partie de plaisir. Je te l'ai dit : tout le monde veut notre mort. Et si ça suffisait pas, même entre nous on arrive à se tuer. Chaque jour où on est toujours en vie est un jour de gagné. (Il jeta un regard dédaigneux à Roderika.) Je sais même pas comment elle a réussi à survivre jusqu'à maintenant. 

— Sommes-nous encore loin de la cabane de Bernahl ? » fit Akira, pour changer de sujet.

Thanadal mit un moment à répondre, le regard rivé sur Roderika, qui sanglotait en silence.

« Plus très loin », dit-il en reprenant la tête, torche brandie pour éclairer les devants.

Akira laissa échapper un soupir. Sa main lâcha la poignée de son katana, et il emboîta le pas à Thanadal, en tirant sur la bride de Torrent.

Ils marchèrent quelques minutes en silence, avec comme seule compagnie les rugissements du vent. La température se raffraîchissait. 

Akira méditait les paroles de Thanadal. Roderika pouvait-elle vraiment être un fardeau comme il le laissait entendre ? Il n'aimait pas l'idée de l'abandonner à son sort après tous les efforts qu'il avait fournis pour la tirer d'affaire. Il jeta un bref coup d'oeil à la jeune fille, qui regardait fixement devant elle, les yeux vides. Il ne pouvait pas l'accepter.

« Au fait Akira », fit Thanadal, devant eux. « Où est-ce que tu as eu cette monture ? On dirait un croisement entre un âne, un bouc et un cheval. Très étrange. »

Akira contempla Torrent un instant, puis son anneau. 

« Quelqu'un me l'a donné. C'est… un animal spectral. Je l'invoque à partir de cet anneau. » 

Le samouraï le brandit pour que Thanadal puisse bien le voir.

« Qui te l'a donné ? »

Est-il vraiment sage de révéler que j'ai une Servante alors que lui n'en a pas malgré le temps passé ici ? 

« Une femme encapuchonnée. Elle a disparu aussitôt après m'en avoir fait don. » 

Akira fut soulagé que Thanadal n'en demande pas davantage. Il préférait en dire le moins possible. 

« La chance a l'air d'être vraiment de ton côté », grommela le guerrier. « D'abord la grâce qui te réanime. Maintenant une inconnue qui te fait don d'un destrier magique. C'est quoi la prochaine étape, la reine qui te demande en mariage ? 

— Qu'est-elle devenue, par ailleurs, cette reine ? » fit Akira, embrayant sur un tout autre sujet. 

Thanadal fit signe de s'arrêter. Des hurlements de loups se mêlaient aux rugissements du vent. Puis la tempête s'intensifia, une bourrasque se forma devant eux et des canidés apparurent dans la tornade, griffes et crocs sortis.

« Ce Seigneur de la Tempête ne dirigerait pas les loups aussi, par hasard ? lança Akira en dégainant son katana.

— J'en serais pas étonné », grommela Thanadal en faisant de même, torche brandie.

Roderika, quant à elle, se recroquevilla sur Torrent, qui grattait craintivement la terre avec ses sabots. 

La meute se déploya en arc de cercle devant eux. Les loups grondaient et salivaient, babines retroussées ; leurs pupilles étirées fixaient Roderika du regard. 

« Débarassons-nous d'eux, Akira. Ils sont pas bien dangereux », fit Thanadal avant de foncer dans le tas. 

En effet, par rapport au troll et aux soldats de Vardis, cette simple meute paraissait bien innoffensive. Thanadal embrocha une bête de la pointe de sa lame, puis une autre. Une poignée de loups se rapprochèrent d'Akira en grondant. Le samouraï brandit bien haut son katana : lorsque le premier canidé frappa, il l'abattit d'un seul coup.

En quelques secondes, ils éliminèrent sans difficulté la majeure partie de la meute, si bien que les derniers prirent la fuite entre les arbres. Le combat terminé, Thanadal rengaina son épée dans son fourreau. Akira allait faire de même lorsqu'il perçut un mouvement derrière lui : un loup se précipitait sur Roderika et Torrent, crocs sortis. La jeune fille cria de peur, mais Akira s'interposa et laissa les crocs de la bête s'enfoncer dans sa chair. Il serra les dents, et l'envoya dans l'autre monde d'un coup de katana.

« Qu'est-ce que… », fit Thanadal en accourant auprès d'eux. 

« C'est rien », grommela Akira.

Mais ses yeux faisaient des aller-retours entre le cadavre de l'animal, le flanc ensanglanté d'Akira, et Roderika. Il comprit bien vite. Après avoir jeté un regard venimeux à la Sans-éclat, il se remit en chemin.