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Chapitre 27

Le soleil se levait doucement sur la forêt dense, enveloppant les arbres d'une lueur dorée. Aniaba, à la tête de son groupe, scrutait l'horizon avec une intensité palpable. Cela faisait plusieurs jours qu'ils fuyaient en suivant les indications précieuses du Baron Samedi. Chaque sentier emprunté était soigneusement choisi pour éviter les soldats et les chasseurs d'esclaves. Pourtant, l'angoisse était omniprésente, et Aniaba sentait le poids de la responsabilité peser sur ses épaules.

Les chasseurs, frustrés par leur incapacité à localiser ce groupe de plus d'une centaine d'âmes, avaient commencé à se rabattre sur des cibles plus accessibles. Dans leur rage et leur soif de résultats, ils s'étaient tournés vers les marrons plus anciens, ceux qui vivaient cachés depuis des années dans les montagnes. La brutalité de leurs méthodes était sans limite : villages incendiés, corps mutilés et laissés en évidence comme avertissement. Mais cela importait peu pour eux. « Tous les nègres se ressemblent », disaient-ils, convaincus qu'aucun homme ne viendrait vérifier leurs affirmations.

Un soir, alors que le groupe d'Aniaba campait dans une clairière isolée, le silence de la nuit fut troublé. Aniaba, en alerte constante, sentit une présence. Il ferma les yeux, et une vision envahit son esprit. Le Baron Samedi était là, comme toujours, avec son sourire malicieux. Mais cette fois, son ton était grave.

— Mon cher champion, tu as été habile jusqu'ici. Mais pendant que tu fuis, d'autres paient le prix. Regarde…

Aniaba fut plongé dans une vision effroyable. Il vit un village caché dans les montagnes, ses habitants attachés et battus par les chasseurs. Au centre, un homme se tenait droit, malgré les coups, ses yeux brûlant de défiance. Aniaba le reconnut : c'était l'homme qu'il avait vu dans la vision du Baron, celui qui devait devenir un allié crucial.

— Ils l'ont capturé, lui et tout son village, continua le Baron. Ils comptent les vendre ou les tuer. Mais toi, que comptes-tu faire ?

Aniaba ouvrit brusquement les yeux, son souffle court. Il savait que le Baron testait sa détermination, mais la vision avait été claire. Il n'avait pas le choix.

Le lendemain matin, il rassembla son groupe. Sa voix était ferme, mais empreinte d'une sincère désolation.

— Je dois partir. Vous devez continuer sans moi.

Des murmures parcoururent les rangs des marrons. Beaucoup semblaient terrifiés à l'idée de perdre leur guide. Une femme s'avança, ses yeux brillant de larmes.

— Pourquoi ? Nous avons besoin de toi !

Aniaba posa une main rassurante sur son épaule.

— Il y a un village dans les montagnes. Ils ont été capturés. Je dois les aider. Si je ne le fais pas, ils mourront. Et moi… moi, je perdrai une part de mon âme.

Un silence pesant s'installa, mais personne ne protesta davantage. Aniaba donna des instructions claires sur l'itinéraire à suivre et les lieux sûrs où se cacher. Puis, sans un mot de plus, il tourna les talons et disparut dans la forêt.

La forêt était dense, presque impénétrable, mais Aniaba avançait avec une détermination inébranlable. Chaque pas était calculé, chaque bruit évalué. Les indications du Baron étaient gravées dans son esprit : il devait atteindre ce village avant qu'il ne soit trop tard.

En chemin, il trouva des signes de la présence des chasseurs : des arbres marqués, des traces de campements abandonnés, et parfois… des corps mutilés. La rage montait en lui à chaque nouvelle découverte, mais il se rappelait les mots de Nyala : « Souviens-toi de qui tu es. »

Lorsqu'il atteignit enfin les abords du village captif, il s'arrêta pour observer. Les chasseurs étaient nombreux, plus qu'il ne l'avait espéré. Ils avaient érigé un camp temporaire, avec des cages de fortune où les habitants du village étaient enfermés. Aniaba vit l'homme de la vision, solidement attaché à un poteau, mais toujours debout, son regard défiant n'ayant rien perdu de sa flamme.

Aniaba inspira profondément. Il était seul, mais il savait qu'il avait un atout que ses ennemis n'avaient pas : la bénédiction des Loas. Cette nuit, il libérerait ces innocents, ou il mourrait en essayant.

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