Un pirate, un forband de bas étage, va poser le pied sur une île pas comme les autres, jusqu'à ce qu'un mystérieux évènement, le fera plonger jusqu'au lendemain matin dans les bras de morphée. Aurait-il abuser du rhum qu'il avais emmener avec lui ?
Étendu sur un vieux bateau avec un mat de bois, à la dérive, avec pour seul ami ses bouteilles de rhum dans une caisse qu'il avait volée avant de s'échapper de la prison de Soul Ferry, on l'appelait Le barjow, après qu'il a montré ses talents d'orateur assez décalés à ses vieux amis, ainsi que sa capacité à ignorer tout ce qui se passe autour de lui. Une météorite arrivée droit de l'espace pourrait amerrir devant son bateau qu'il n'en piperai guerre, s'il s'était décidé à regarder son compas. Quant au "w" de son surnom, il l'avait obtenu en devenant un Warzeur, c'est-à-dire un stratège de division naval pour le compte des îles exotiques. Voilà 15 jours qu'il s'était enfui de leur prison, il n'avait que séduit la bonne et tenté de dérober les joyaux de la comtesse, était-ce si grave ? De là à se faire jeter en pâture aux corbeaux et à la famine, c'est cher payé. Pendant qu'il se levait de son rêve d'or et de gloire, son embarcation, qui avait dérivé toute la nuit durant au gré de la marée, s'était approchée d'une île d'où flottait une brume épaisse et dorée.
Par réflexe, Barjow, en se levant, sortit son compas de sa longue veste de cuir et remit une mêche de cheveux en place qui lui obscurissait la vue. Les bouteilles de rhum roulaient dans un son de verre clinquant quand elles touchaient un bord du petit bateau, en rythme. Son embarcation, qui était entre autres qu'une simple barque de bois avec une voile, quoique un peu plus grande, l'avait suivi mystérieusement depuis ses 17 ans. Lorsqu'il avait pris la décision et clamé haut et fort devant ses compagnons de fortune, "Je deviendrais le plus riche de tous les pirates, vers l'infini et l'au-delà", sa phrase d'ailleurs s'était ponctuée par une flaque de vomi sur un serveur et de nombreuses injures ainsi que des coups de poings, mais la fin de cette soirée restait assez floue à Barjow quand il essayait de s'en souvenir. Sinon qu'il s'était réveillé sur une île différente, sur une plage, avec une épée émoussée et un pistolet à silex ainsi qu'un compas finement ouvragé. Mainte fois, il avait cherché un traducteur pour les runes qui ornementaient ce compas, mais il y a 2 ans, alors qu'il avait 24 ans, il avait cessé de se poser trop de questions, sinon que du comment cette vieille barque pouvait le suivre où il allait, ça, en revanche, le tarodait souvent.
Il sortit les deux rames et fit chauffer ses muscles, pour rejoindre la baie de cette île qui l'intriguait. Il avait une musculature développée après des années de navigation, de consommation de poisson qu'il pêchait et de fruits sur les arbres des nombreuses îles.
- Un petit pas pour barjow, mais en grand pas vers la richesse !
Tel était sa phrase fétiche, lorsqu'il arrivait sur une île qu'il ne connaissait pas. Il discernait le soleil depuis la plage, mais ses rayons peinaient à transpercer la brume. Plus par réflexe que par précaution, il mémorisait les arbres et les grandes roches qui ornaient la plage, ainsi que la disposition de l'île par rapport au nord. Puis ses bottes de cuir mouillées s'enfoncèrent dans le sable et il prit la direction de l'est. Après quelques dizaines de pas, il entendit une musique, ou un chant, mais plus curieusement encore cela semblait provenir du sol. L'idée que ce furent de riches marins qui avaient un bar caché traversait l'esprit de Barjow, l'appel de l'or lui monta rapidement à la tête, quelque chose dans l'air qu'il entendait lui soufflait qu'il y avait des montagnes de richesses sous cette île, qu'il était le premier à mettre la main dessus. Il avait dégrisé de la veille en un instant, désormais sous le charme.
Après avoir cherché un moyen de rejoindre le chant, en vain. Il grimpa en haut du plus haut rocher de l'île. C'était, vu de loin, un rocher de la forme d'un corbeau. Barjow ne s'en était pas rendu compte en revanche.
- Le Cpt. Mortimer aurait dit, (Barjow prit une voix d'écossais plus grave tout en serrant la gorge) "cherche là où on ne peut rien trouver, il y a forcément un système", je me demande où il mouille son navire celui-là.
Du haut du rocher, il avait trouvé un début d'escalier qui allait en descendant, dissimulé derrière quatre rochers. Il évitait de chuter en sautant de roche en roche pour se rendre vers l'escalier et une fois face à celui-ci, le chant devint plus léger, l'invitant à s'engloutir dans les ténèbres qui menaient dans l'escalier. Toutefois, Barjow avait déjà agrippé un bout de bois sur lequel il avait fixé un bout de tissu (son bandana), ainsi que répandu un peu d'huile de baleine dessus et qu'il gardait précieusement dans une flasque. Cela l'avait sauvé d'une blessure mortelle il y a 5 ans, avec de la poudre à canon, il avait cautérisé une blessure profonde au torse, faite par un sabre, puis appliquer un savon fait de cette huile afin de désinfecter la plaie.
Une fois la torche de fortune allumée, il emprunta l'escalier. Au bout d'une vingtaine de mètres, il s'était avéré que sa torche était inutile. Des lampes faites de métal et de verre fixées symétriquement le long de l'escalier s'allumèrent l'une après l'autre le long de sa descente. Une odeur d'huile parfumée embauma le couloir d'escalier. Bientôt le chant qui allait decrescendo cessa complètement. Armes sorties, son pistolet dans sa main gauche et sa lame dans la droite, Barjow observait la pièce où se terminait l'escalier d'un œil alerte. Ses larcins et combats où il était découvert se réglaient souvent par un tir bien placé de pistolet, mais sa lame pouvait s'assurer de la suite si le premier manquait sa cible.
La pièce était circulaire, elle ressemblait davantage à une salle et, au vu des statues de pierres de divinités des mers, Barjow se dit qu'il avait trouvé un magot digne du pirate qu'il est. Au milieu de la salle était posé un petit coffret avec des ornures en or et de pierres précieuses, sur un socle de pierre.
Si Barjow n'était pas si concentré sur le coffret, il aurait peut-être remarqué que les runes de son compas s'étaient mises à briller, et qu'elles étaient similaires en tout point aux écritures sur le socle. Les yeux désormais avides après avoir vérifié qu'il n'y avait nulle vie dans cette salle et après avoir oublié la musique qu'il l'avait guidée ici, Barjow s'avança vers le coffret et une fois devant, il observa minutieusement le socle. La présence d'un piège lui était venue à l'esprit, il l'avait écoutée : une histoire d'un marin qui, en sortant avec un coffre plein d'or d'une grotte, avait actionné une corde au sol et s'était retrouvé écrasé sous une roche énorme. Il s'en était sorti par chance et racontait l'histoire pour avertir les autres marins.
Barjow cependant était un pirate, jamais il ne tomberait dans un piège à moins qu'il le voulait. Enfin, c'est ce qu'il espérait en contemplant le socle, sans qu'il puisse déterminer s'il était piégé. Après avoir remuer une tresse de sa barbe plusieurs fois, il pouvait y rester des heures entières, mais ce fut bref cette fois. Il rangea son armement et, de ses deux mains, ouvrit le coffret. A l'intérieur se trouvait une pièce, il n'en avait jamais vu de telle, elle arborait un crâne pirate et arborait des pierres précieuses en cercle, dans un zigzag de forme incompréhensible pour son esprit. Il dut la quitter du regard et fixer devant lui avant de reposer sa vue sur la pièce pour vérifier qu'il n'était pas encore un peu ivre. Mais il n'en était rien. Lentement, alors qu'il tenait la pièce de ses deux mains, elle se mit à flotter au-dessus de sa peau, dans un mouvement rotatif. Puis les statues de pierre se mirent à chanter, leurs yeux de pierre prirent une couleur émeraude, et de la vapeur s'en échappait. Barjow, par réflexe, sortit son arme et fit feu sur une statue qu'il avait surpris. Mais le chant ne cessa pas, et alors qu'il figea son regard sur la pièce, elle flotta à toute vitesse vers son cœur et perça son torse en lui cassant deux côtés et perforant son poumon gauche.
- ARGH !
Dans un sursaut de douleur, il hurla et s'affaissa au sol, visage contre terre. Le chant des statues redoubla de force, le gardant en éveil, du sang coulait de ses vêtements de cuir, il pencha alors le regard vers l'endroit où la douleur était insupportable. Il y avait un petit trou dans son torse, de la taille de la pièce, qui lentement devenait de plus en plus gros. Bientôt, il n'arrivera plus à supporter la douleur et il s'évanouira. Barjow sentait que son heure était proche, mais c'était trop tôt ! Il n'avait que 26 ans et avait à peine eu le temps de découvrir les mers lointaines des îles exotiques où il était né. Il n'avait pas connu la richesse qui le poussait à améliorer ses techniques, de truands et de stratégie navale. Il allait mourir, sur une île inexplorée, tué par une pièce ensorcelée, sans doute par des chasseurs de pirates. Allongé au sol, il fit un ultime effort pour se tourner dos au sol, et au son de la musique des statues, dont l'une arborait une fissure où sa balle avait ricoché, sa vision s'assombrit et un voile d'obscurité prit place à mesure qu'il perdait son sang.
Les derniers mots qu'il entendit, il pensait que le sang était monté dans ses oreilles :
- Si zoron, si zetet de vurna, si valet ren si serila yu zoronath, da kura si valet
Dans une vague de chaleur, les paroles étranges semblaient avoir touché une corde sensible de son corps et il ferma les yeux. Ce jour-ci, nombreux furent les pirates et marins qui entendirent ces mêmes mots à travers des mers inconnues, en des terres étranges et dans des sanctuaires oubliés. Un chant de sirènes sous un soleil violet avait illuminé le crépuscule qui s'était rallongé, et la terre fut secouée par un tremblement bref. Dans les montagnes, la neige avait créé des avalanches, dans les villes, les ponts de bois s'étaient fissurés et certains puits furent bouchés, dans le désert, le sable avait fait émerger des épaves de navires faits d'os, et dans la mer, de nouveaux passages entre la terre et la mer furent créés. La terre, en un instant, était devenue méconnaissable.
Quand à Cpt. Mortimer, il s'écria "eureka", dans son hangar de bois à quelques miles nautiques de là, où étaient répandus sur le sol, des outils et bouteilles de rhum vides, devant son schéma d'un navire de guerre nouvelle génération. Puis, en se levant de son tabouret, un pied de celui-ci se brisa et sa tête heurta son bureau alors qu'il trébucha. Il n'entendit pas le chant des sirènes ce soir-là. Au réveil, il ne se souvint pas d'avoir fait le schéma qu'il contemplait jusqu'à ce qu'il remarque son prénom en haut de la feuille, mais ce qu'il l'avait réveillé était d'une autre nature : des cris affolés et le son du métal qui s'entrechoque, qu'est-ce qu'il se passait ?