Damien a vérifié à nouveau l'emplacement sur son téléphone, s'assurant qu'il était au bon endroit.
Sa sœur lui avait envoyé les coordonnées du seul marchand en qui elle « faisait confiance » pour fournir à la fois elle et son amie des suppressifs de chaleur. Damien s'était efforcé de ne pas renifler à cette affirmation. Aucun marchand ne pouvait être digne de confiance, quelle que soit leur promesse.
Certains marchands distribuaient des pilules prétendant être des suppressifs, mais elles s'avéraient être un activateur à la place. Ainsi, au lieu que la femme évite sa chaleur, elle était forcée d'y entrer, soumise aux mâles cruels autour d'elle pendant qu'elle était trop hors de son esprit pour même comprendre ce qui se passait.
C'était la raison pour laquelle lui et le reste des gars de la Meute Silverblood refusaient de laisser les marchands entrer sur leurs terres. Et pourtant, ils continuaient à venir, même en sachant ce qui les attendait.
En regardant autour, il a réalisé qu'il était au bon endroit. Le lampadaire au-dessus scintillait, montrant l'entrée de la ruelle où le marchand attendait.
Cependant, cela ne fournissait pas assez de lumière pour permettre à quiconque de vraiment voir à l'intérieur.
« Merci, » dit une voix douce. La femme qui parlait était encore trop éloignée pour pouvoir discerner à quoi elle ressemblait, mais grâce à son loup, il pouvait l'entendre. « Je te dois une dette. »
« Non, tu ne me dois rien, » répondit la voix grave d'un homme.
Cela doit être le marchand. Damien leva la main, faisant savoir aux autres qu'il avait trouvé leur cible, mais qu'il n'était pas encore temps d'agir. « Souviens-toi, si tu ne peux pas les obtenir de la compagnie, tu as mon numéro. Assure-toi d'enregistrer le tout, juste au cas où. Si quelque chose arrive, va directement à l'adresse que je t'ai donnée. Ne t'arrête pour personne. Ils pourront te protéger là-bas. »
Damien a ricanné en écoutant le marchand. Il espérait sûrement que quelque chose tourne mal, et qu'elle se présente à l'adresse. Il était prêt à parier le revenu d'un mois sur le fait qu'il avait plus d'un mâle qui l'attendait là-bas.
« Est-ce que celui-là— » la femme commença avant d'être coupée.
Damien fit un pas en avant, essayant d'entendre les murmures bas, mais il n'osa pas. Lui et les autres étaient actuellement sous le vent, protégés contre le fait d'être reniflés par ceux dans la ruelle, mais cela pouvait changer à tout moment.
Il ne voulait pas effrayer ses proies avant de pouvoir mettre la main sur le mâle.
Observant la ruelle maintenant avec plus d'attention que jamais, il vit la louve sortir en courant, ses bras serrant quelque chose contre sa poitrine comme si elle ne lâcherait jamais.
Il fit signe à l'un des autres de la poursuivre tandis qu'il attendait encore un moment avant d'entrer lui-même dans la ruelle.
Même avec sa vision de loup, il était difficile de voir à plus de quelques mètres devant lui. Le marchand avait probablement choisi cette ruelle pour cette raison précise, pensant que cela empêcherait quiconque de pouvoir le prendre. Mais Damien savait que ce n'était rien de plus qu'une impasse ; la proie était sienne à prendre.
« Je suis ici pour obtenir des suppressifs, » appela-t-il, en attendant. Sa sœur lui avait donné tout un long discours sur ce qu'il pouvait et ne pouvait pas dire, et il essayait de s'y tenir autant que possible. Mais personne en pleine possession de ses moyens ne penserait qu'il était une femme.
« Je n'ai jamais vu un oméga comme toi avant, » marmonna une voix dans l'obscurité, mais rien ne bougea, pas même les ombres. Celui qui parlait savait bien se cacher. Dommage que cela ne serait pas suffisant.
Tout le monde savait que, bien que toutes les femelles, indépendamment de leur rang dans une meute ou un groupe, entraient en chaleur, seul les mâles qui étaient des omégas étaient capables de faire de même. C'était un secret bien gardé puisqu'il y avait si peu d'omégas mâles que Damien fut surpris par la déclaration.
« Tu as vu des omégas mâles ? » demanda-t-il en penchant la tête de côté. Ce qu'il était censé dire est passé complètement à la trappe à cette déclaration.
« Une poignée, » admit l'étranger, mais cela aurait été moins surprenant s'il avait dit qu'il avait vu une poignée de licornes à la place. « Mais pour moi, tu cries plutôt enforcer. »
Damien devait admettre que ce type était bon. Il connaissait clairement la donne, même si Damien ne pouvait pas reconnaître son odeur. Mais cela n'avait pas d'importance. Maintenant qu'il l'avait, c'était fini pour le marchand.
Il ne pouvait plus se cacher de lui.
« C'est vrai. Je suis là pour obtenir des suppressifs pour ma sœur. A.M.K Pharma a annulé leur contrat avec nous, et maintenant je suis forcé de chercher des sources… alternatives…, » gronda Damien, laissant couler son mécontentement dans sa voix. Les shifters étaient tout aussi attentifs au son qu'à tous leurs autres sens.
Peut-être que le marchand se détendrait, sachant qu'il était simplement un mâle mécontent tentant de faire ce qui est le mieux pour sa sœur.
« Au lieu de te plaindre, tu devrais plutôt réfléchir à ce que tu as fait pour le mériter, » répondit l'homme. Sa manière désinvolte irritait Damien, mais ses mots, une fois de plus, arrivaient comme une surprise.
« Tu parles comme si tu sais ce qui se passe, » répliqua Damien, la tête penchée sur le côté en laissant son loup prendre un peu le dessus.
« Apparemment, plus que toi, » ricana l'homme. « Comment s'appelle ta sœur ? »
« Ça ne te regarde pas, » gronda Damien, les mots de l'autre mâle le ramenant de ses réflexions.
« Si tu veux des suppressifs, ça me regarde. Laisse-moi deviner, tu as découvert qu'il n'y en avait plus à l'hôpital, » une fois de plus, le marchand ricana dans l'obscurité, refusant de venir à la lumière. « Quand A.M.K veut quelque chose, ils s'assurent qu'il n'y a aucun moyen de s'y opposer. »
« Et encore une fois, tu sembles exactement savoir ce qui se passe, » ricana Damien, n'aimant pas le fait qu'il était désavantagé dans cette situation. Il était censé être celui qui contrôlait, et il n'y avait rien qu'il détestait plus que d'être déséquilibré.
« Probablement parce que je le sais. Mais ça n'a ni queue ni tête. De toute façon, l'information ne va pas t'aider dans ta situation actuelle. Tiens. »
Quelque chose fut lancé à Damien, et ce ne fut grâce qu'à ses réflexes de loup qu'il ne le laissa pas tomber.