Loin de la grande forteresse, un être ouvrit les yeux, puis se redressa. C'était un homme grand, pâle et élégamment habillé. Il avait de longs cheveux noirs et des iris rouge sang. Bien qu'il est dormi dans de la terre froide, il semblait bien reposé.
L'être s'étira, puis se leva du cercueil de bois pourris dans lequel il avait dormis. Il tendit la main vers un verre à pied rempli d'un liquide rouge, et y porta ses lèvres.
Satisfait, il appela d'une voix froide et rauque : « Nosferatu ! »
Aussitôt, le mur trembla. Ce n'était pas un mur, plutôt une toile... Il était dans une tente. Une grande tente. Ce qui l'avait fait bouger était une personne qui y était entrée, un homme tout aussi grand et pâle que lui.
- « à votre service, roi Vlad. De quoi avez-vous besoin ? » Dit-Il.
L'être regarda le nommé Nosferatu, ses pensées se mélangeant dans sa tête. Finalement, il demanda :
- « comment se passe le raide ? »
Le maudit empereur. Ce type...
Non-content de l'obliger à participer à une guerre qui ne le regardait pas, le détestable bonhomme l'avait envoyé, lui et d'autres Souverains, diriger les armées de Lucius d'Ébéne et une partie de celles de l'Empire afin de conquérir un domaine minable dans une forêt minable.
Enfin bon, pour l'instant, le minable domaine semblait bien résister à leurs assauts...
- « personne n'a encore réussi à traverser ou à déchirer le brouillard, mon roi, » reprit Nosferatu. « L'empereur va envoyer un Souverain capable de déchirer ce maudit mur de brume pour envoyer les armées conquérir Miyang, mais le Souverain en question dirige actuellement une forteresse subissant un assaut de la part les forces du Monde souterrain. Il ne sera pas là avant plusieurs mois. »
Miyang... C'était le nom de cette petite forêt qu'il était censé conquérir, oui...
Et il allait rester encore plusieurs mois inactif avant le véritable assaut !
« J'aimerais tant te tuer, empereur... » Pensa-t-il.
- « D'autres nouvelles ? » Demanda-t-il en se couvrant le visage d'une main pâle et griffue.
Nosferatu secoua la tête pour acquiescer.
- « oui, roi Vlad. En fait, cela ne nous concerne pas directement, mais le royaume Poséide a aidé les forces du roi Dësrete à traverser la mer depuis son royaume dans les terres inexplorées au Monde souterrain auquel il s'est allié. L'Empire a donc considéré que Poséide a renoncé à sa neutralité et est désormais un ennemi. »
Dëthret avait donc traversé la mer... Il n'arrivait cependant pas à se concentrer sur cette information, car assailli par une migraine folle. Il avait l'impression d'oublier quelque chose. Il se concentra, fouilla dans sa vaste mémoire...
- « Thrór est mort, » Dit-il soudain. « Il croyait toujours que je ne savais pas qu'il occupait ma forteresse... Ha ! L'imbécile. »
Nosferatu secoua la tête avec regret.
- « Thrór a toujours été comme ça, même gamin, je m'en souviens. Mais, qui l'a tué ? »
Il fouilla ses souvenirs, encore plus profondément.
- « des gamins, » dit-il. « Ils ont eu de la chance. Soran les a aidés. Bon, c'est une affaire classée, maintenant. Sort, laisse moi en paix, je retourne dormir en attendant l'arrivée de l'envoyé de l'Empire. »
Nosferatu s'inclina profondément, avant de quitter précipitement la tente. De nouveau seul, le roi Vlad s'allongea à nouveau dans son cercueil.
- « s'il y en a bien un que je veux tuer avant l'empereur... » Murmura-t-il, « ... C'est bien toi... Dëthret. »
Puis, il passa sa langue sur des lèvres et, avec un rictus, plongea dans son sommeil profane. Sur le bois pourri du cercueil, au-dessus de sa tête, était accrochée une petite plaque en bronze, sur laquelle était gravé :
« Ici gît Vlad Von Dracula. Date de naissance inconnue. Date de décès inconnu. »
***
À de nombreux miles de là, dans un grand château au centre le plus précis du domaine de Throne, se tenait une réunion. Dans une petite salle du haut donjon, une grande table ronde faite de pierre se trouvait, entourée d'une dizaine de sièges. Quatre personnes étaient présentes ce jour-là.
Dans cette pièce, une voix froide et tranchante comme l'acier retentie :
- « vous avez, bien sûr, tous compris vos rôles ? » Demanda le roi Throne, accoudé à son siège, impassible.
Une voix plus douce s'éleva, appartenant à une femme aux cheveux couleurs sang :
- « j'espère cependant que nous n'aurons pas à en arriver là... Nous sommes tous les quatre assez puissants, après tout. »
- « reine Ambre, » dit un homme, « nous sommes effectivement tous les quatre très puissant. Cependant, il y a dehors plusieurs armées, dont une trentaine de Seigneur, une centaine de Maîtres et des milliers de soldats normaux. Sans compter, bien sûr, les douze Souverain, dont Lucius d'Ébéne, Vlad Von Dracula et Morgana de Fatum. »
La reine Ambre ne trouva rien à redire à la déclaration de Maître Roan.
- « ne t'en fais pas. Nous avons bien d'autres armes secrètes que "celle-ci"... "Elle" est vraiment prévue pour un cas désespéré. Après tout, ils ne savent rien de nous quatre, de nos pouvoirs... Surtout, ils ne se méfient pas de vous deux. Déclara Throne en fixant sa femme, puis le coin de la pièce où se trouvaient Maître Roan et, caché dans l'ombre, un autre homme dont on ne pouvait voir le visage.
- « je n'en doute pas, Throne ! Qu'ils viennent, ces jeunes. Je les étriperais tous, jusqu'à la fin... » Roan fixa le coin sombre avec dégoût. L'homme caché dans l'ombre était le seul à pouvoir parler au roi Throne comme son égal, car il était en effet l'individu le plus puissant du domaine de Throne, sans compter le Souverain d'acier lui-même. Mais quand même, ce type n'était pas le roi.
- « au fait, comment va ta fille, Throne ? » Demanda l'homme dans l'ombre. « Je l'ai rencontré à l'Académie. Elle semblait forte ! »
Throne tourna son regard vers la fenêtre, une pointe de tendresse apparaissant dans ses yeux gris.
- « elle va bien, » dit-il. « Je le sais. »
L'homme ricana tandis que le roi Throne et la reine Ambre regardait par la fenêtre donnant vers l'ouest, leurs regards devenant soudain lointain.
***
Loin de là, dans les profondeurs des terres inexplorées, dans une salle du trône faite entièrement de marbre blanc, sur un trône d'émeraude était assis un être terrible. Un roi sans peuple, qui n'a de Souverain que le nom...
Car son peuple fut brûlé, ses terres brisées.
Ainsi, le monarque des joyaux était devenu l'un des quatre déchus.
Lentement, il se leva, et lentement, il marcha dans sa vaste salle du trône, jusqu'à arriver à un balcon. Il admira ce qu'il voyait, car la vue était plaisante. Terrible, mais plaisante.
Un rictus mauvais se forma sur le visage du monarque des joyaux.
- « Umbra a déjà levé une armée, et il est déjà en marche... » Murmura-t-il, uniquement pour lui-même. « Attends-moi, Umbra...laisse-m'en quelques-un ! »
Son rictus s'élargit, et un rire inhumain sortit de sa bouche. Il était un fou semblable à un humain.
En dessous de son palais de Jade, une armée marchait vers l'est.
***
Pas si loin du palais de Jade, une grande pagode blanche se dressait, semblant transpercer la voûte céleste. En dessous, une jeune femme attendait, d'une beauté frappante. Ses longs cheveux étaient tels une cascade d'or pâle, et ses yeux n'était rien d'autre qu'un fragment du ciel. Debout sur l'eau d'un lac paisible, elle regardait l'horizon, semblant attendre quelqu'un. Au loin, on entendait le bruit des sabots adamantins frappant le sol dure.
Ils appartenaient à un grand cheval noir, qui semblait sortir des enfer. Son cavalier était un bel homme svelte dont les traits étaient déformés par l'appréhension, mais aussi par la résignation. Dans ses yeux semblables à deux profonds puits de ténèbres insondables se refléta une pointe de soulagement lorsqu'il vit la femme lui sourire au loin.
Orion des déchus allait retrouver Hérésia des déchus.
[Fin du premier volume : Devoureur of light.]
Le premier volume était un peu court ! Heureusement, je prévois bien plus de choses pour le deuxième, haha ;]