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Chapitre 9.5 : Interlude avec Salma !

Lors de leur séparation au château d'Auroria, chacun d'entre eux avait été transporté aux quatre coins d'Auroria. Salma, elle, s'était retrouvée au sud de la cité. Avec son pouvoir, elle avait en plus reçu des faucilles de combat dont les lames ressemblaient à des flammes entourant un soleil. En effet, elle avait obtenu ce pouvoir d'une statuette représentant une guerrière angélique tenant un soleil dans le creux de ses mains. 

Naturellement joyeuse, elle n'avait aucune difficulté à aller vers les autres avec un sourire des plus communicatifs. Deux jours après son arrivée, elle s'est inscrite dans une sorte de guilde libre où l'on pouvait trouver des missions variées, allant de l'aide aux personnes dans le besoin, comme les personnes âgées, à des missions plus périlleuses, telles que la chasse aux monstres autour de la cité ou la capture de criminels. 

Salma s'occupait de petites missions dès qu'elle pouvait, ce qui lui permettait de gagner un peu d'argent grâce à ça et à la générosité des personnes qu'elle aidait et qui appréciaient son caractère et sa gentillesse.

Une semaine après leur séparation, un beau matin, Salma sortit de son logement provisoire qu'elle louait pour vingt pièces par semaine. Elle portait une tenue simple, dont la tunique que Gaspard leur avait donnée après la téléportation et des lanières autour de son buste soutenant ses faucilles sur son dos. 

Avec l'argent gagné lors de ses missions, elle s'était acheté une bague, une petite sacoche et de nouvelles chaussures, car elle ne supportait pas celles en cuir qu'il lui avait donné. Elle se dirigea vers la guilde, qui, contrairement à ce que l'on pourrait penser, n'était pas dans un bâtiment, mais dans une place à ciel ouvert à l'extérieur avec seulement des petits chapiteaux pour protéger les affiches en cas d'intempéries. La cité n'avait pas beaucoup investi dans ces activités, qui n'étaient plus aussi importantes qu'elles l'avaient été autrefois.

Elle examine les affiches, qui sont presque toutes identiques à celles de la veille, sauf une qui attire son attention. Il s'agit d'une affiche de recherche d'un criminel, certainement un voleur d'après la description. L'affiche indique que la garde impériale le veut vivant, offrant une récompense de cent pièces pour sa capture. 

Un dessin de son visage accompagne le texte, bien que mystérieux car la moitié de son visage est dissimulée par une écharpe. On peut néanmoins distinguer ses cheveux rouges et un tatouage sur sa joue, qui dépasse de l'écharpe et s'étend jusqu'au bas de son œil vert et perçant. La description précise qu'il aurait intercepté volontairement une lettre d'un colonel de la garde impériale destinée à un haut dirigeant d'une certaine Forteresse d'Argent. Le contenu de la lettre reste inconnu, et il est conseillé de ne pas l'ouvrir si quelqu'un parvient à l'arrêter.

"Ça doit surement être important pour eux vu la prime, ce type doit être sacrément rusé pour intercepter une lettre de la garde, d'un colonel qui plus est," se dit-elle.

Elle prend l'affiche, même si elle n'est pas vraiment intéressée, en pensant que cela pourrait lui être utile si elle le croise. Elle quitte la place sans rien emporter d'autre et se dit qu'un peu d'entraînement à l'extérieur de la cité ne lui ferait pas de mal. Depuis son arrivée, elle n'a pas vraiment pris sa nouvelle situation au sérieux, préférant aider les autres et s'amuser. Elle utilise ses pouvoirs instinctivement grâce à ses lames, qui lui servent de catalyseurs magiques et rendent l'accès à la magie facile et intuitif pour elle. 

Elle fit un dernier arrêt dans une petite boulangerie, où elle acheta des petits gâteaux qu'elle fourra dans un sac pour son petit déjeuner. Elle les mangea tout en marchant en direction de l'entrée ouest de la cité et elle réalisa qu'elle n'avait jamais exploré cette partie. Jusqu'à présent étant donné qu'elle est restée dans le sud tout ce temps.

Une fois arrivée, elle fut émerveillée par cette nouvelle facette de la cité, radicalement différente de celle du sud. Les rues étaient plus animées, les véhicules plus nombreux, mais il y avait moins de nobles ici, contrairement à la partie centrale du sud. 

Soudain, un bruit au loin attira son attention, et ses yeux s'écarquillèrent devant ce qu'elle découvrit : un train à vapeur, semblable à ceux de notre monde, stationné dans une magnifique gare en pierre. Elle s'approcha de la gare, fascinée et choquée de trouver une telle merveille dans ce monde. Sur le panneau de l'entrée, elle lit les destinations des deux seuls trains : l'un dessert Alizéa, tandis l'autre dessert Dikaf. Plus bas, une inscription indiquait qu'un troisième train reliait ces deux villes, mais qu'il ne passait évidemment pas par la gare d'Auroria Ouest.

"Salma ?" 

Elle sursauta en entendant une voix masculine l'appeler. Elle ne s'attendait pas à être interpellée par son prénom ici. Elle se retourne en rougissant de gêne, ne sachant pas qui pouvait bien être la personne qui l'appelait derrière elle. Ses yeux se posèrent sur un jeune homme plus grand qu'elle, vêtu d'une tunique similaire à la sienne, mais bien plus usée et abîmée. Un long trident était accroché à son dos par une lanière autour de son torse comme elle. Elle le reconnut immédiatement.

"K... Klaus ?! Qu'est-ce que tu fais ici ?" S'étonna-t-elle.

"C'est moi qui devrais poser cette question. Je suis à l'ouest de la cité depuis le début. Vous , vous êtes bien dans des quartiers différents, non ?" S'interrogea Klaus.

"Eh bien, oui. Personnellement, j'étais dans celui du sud et je me disais que j'allais un peu explorer l'ouest avant de quitter la cité pour m'entraîner un peu..."

Elle était toujours un peu gênée. Elle remarqua à nouveau l'état pitoyable des vêtements de Klaus et de l'odeur qu'il dégageait et lui demanda pourquoi. Il répondit qu'il passait son temps à l'extérieur de la cité, s'entraînant chaque jour.

"Mais tu ne fais pas de pauses ? Et tu vis où ?" Demanda Salma.

"Dehors. Je campe et je me nourris de ce que je chasse. Puis je gagne un peu d'argent en protégeant les marchands itinérants qui veulent atteindre Auroria."

"Ça explique l'odeur... Mais tu n'as pas assez pour te permettre un petit logement ou des vêtements neufs ? Tu n'es vraiment pas présentable, bon sang !" Dit-elle en se bouchant le nez et faisant un geste de la main.

"Tout ça c'est superficiel ! Nous n'avons que deux mois pour nous entraîner, je ne veux pas perdre mon temps avec ces futilités."

"Les hommes, je vous jure... Suis-moi, je t'offre quelque chose."

Il la suivit jusqu'à un bar qu'elle avait remarqué plus tôt. Ils entrèrent et prirent une table à l'intérieur, adossée à une fenêtre donnant sur la gare et la place centrale, bondée de monde. Assis l'un en face de l'autre, elle commande deux thés infusés au tournesol auprès du serveur.

"D'où tu connais ces boissons ? Et pourquoi cette obsession pour le tournesol ici ?" S'interrogea Klaus.

"On ne devrait pas juger comme ça quand on est si peu présentable." Dit elle, le taquinant.

"C'est bon, tu vas me le dire combien de fois... ?"

Elle esquissa un léger ricanement, posant sa tête dans ses mains, les coudes sur la table. Elle lui expliqua qu'elle buvait souvent ces thés dans un petit bar similaire près de chez elle, dans le sud de la cité.

"Quant aux tournesols, c'est simplement parce qu'ils sont le produit phare d'Auroria. D'après ce que j'ai entendu, cela remonte à une légende selon laquelle la Sainte adorait tellement cette fleur qu'elle aida les paysans locaux à la cultiver sur toute une colline à l'est d'Auroria. De là où je vis, je peux même les apercevoir, c'est très joli !" Expliqua Salma.

Klaus n'eut aucune réaction suite à cette histoire qui l'intéressait pas vraiment visiblement. Le serveur arriva ensuite avec leurs thés, et ils continuèrent à discuter de tout et de rien, évoquant la semaine qu'ils venaient de vivre.

"D'ailleurs, Klaus, ta carte indiquait aussi un lieu où tu devais te rendre ?" Questionne-t-elle.

"Oui, c'était la guilde de l'ouest mais je n'y suis pas entré. Ce n'est pas une routine qui me convient. Je préfère être seul dans mon coin, je m'améliore bien mieux comme ça."

"Oh, donc tu as compris directement comment fonctionnait la carte...," dit Salma à voix basse.

"Comment ça ?" 

"Il se pourrait que j'ai mis deux jours à comprendre que je devais me rendre au point qu'elle affichait...," expliqua-t-elle un peu gênée.

Il se frotte les yeux et se retient de rire pendant qu'elle sirote son thé, regardant par la fenêtre et se sentant jugée par lui. En observant dehors, elle se souvient de quelque chose concernant la guilde du sud.

"Encore une chose ! J'ai croisé Su-jin à la guilde du sud avant-hier !" s'exclama Salma. 

"Qu'est-ce qu'il faisait là ?"

"Il m'a dit qu'il venait du quartier nord et qu'il avait accompli toutes les missions de sa guilde. En plus, il portait des vêtements d'une école de magie, apparemment. Ce type est vraiment très sérieux, c'est dingue !" 

Klaus resta silencieux en entendant cela. Il se dit que Su-Jin avait sûrement déjà bien progressé et il refusait de croire qu'il pouvait être plus fort que lui.

"Et Armand ? J'imagine qu'il doit être à l'est. Tu ne l'as pas vu ?" Demanda-t-il.

"Non, malheureusement. Il y a bien une guilde à l'est, mais je n'y suis jamais allée, et Su-jin non plus. Je me demande ce qu'il devient, vu qu'il n'a pas de catalyseur comme nous."

"Il ne payait pas de mine lors de notre rencontre. J'ai du mal à croire qu'il puisse nous rattraper avec notre avantage un jour." Dit Klaus. 

"Tu es dur quand même... Au fait, tu ne m'as pas vraiment répondu tout à l'heure ! Que fais-tu de ton argent, vu que tu ne dépenses rien, même pas pour des vêtements neufs ?" S'interrogea Salma, en haussant le ton pour l'énerver, ne parvenant pas à cacher son léger sourire.

Il soupira après qu'elle est encore fait une remarque sur ses vêtements. Puis, il pointa du doigt la gare par la fenêtre et lui expliqua qu'il avait économisé toute la semaine pour acheter un billet et se rendre à Alizéa.

"Alizéa ? Pour quelle raison ?" Demanda-t-elle.

"Apparemment, le climat y est particulièrement venteux. La ville est réputée pour ça, ainsi que pour son école de magie spécialisée dans les arts du vent et il y a aussi un très grand opéra mais ça, je ne te cache pas que je m'en fiche. Mes pouvoirs étant liés au climat, je souhaite m'entraîner dans un lieu où les conditions météorologiques sont aussi particulières," expliqua Klaus.

Salma sort sa carte pour voir où se trouve cette ville et la déroule sur la table. Elle constate qu'un axe relie bien Auroria à Alizéa comme il était indiqué sur le panneau de la gare, et que la distance entre les deux villes est conséquente.

"Je compte y rester un certain temps et je reviendrais quand on devra tous ce rejoindre. . . Ah, ça me rappelle quelque chose d'important que j'ai failli oublier !" S'exclama-t-il.

Perplexe, Salma l'observe fouiller dans un petit sac en peau attaché à sa ceinture. Il en sort quatre gemmes et en place trois devant elle sur la table.

"Qu'est-ce que c'est que ça ?" S'interrogea-t-elle.

"J'ai rencontré Gaspard il y a quelques jours. Il m'a remis ces gemmes qu'il avait oublié de nous donner avant notre départ. Elles sont censées se mettre à briller le jour où nous devrons tous nous retrouver, à la gare du nord d'Auroria."

"Il y a donc d'autres gares !" S'étonna Salma.

"Salma... tu es sûre d'avoir bien exploré le sud ? Il y a également une gare qui mène à Zephiria, la capitale de Primis. Celle du nord, quant à elle, dessert Risoria," informa-t-il.

Salma, embarrassée par son ignorance, regarde à nouveau par la fenêtre, faisant comme si elle buvait son thé alors que sa tasse était vide depuis un moment. Finalement, elle cesse de faire la tête et saisit les trois gemmes posées sur la table.

"Tu veux que je leur remette ces gemmes si je les croise, c'est ça ?"

"Exactement. Et informe-les aussi que le rendez-vous est avancé d'une semaine !" 

"Hein ? Pourquoi avancer d'une semaine ? Le délai était déjà serré !" S'interrogea Salma.

"Je n'en sais pas beaucoup plus. Gaspard m'a dit qu'un événement imprévu allait se produire une semaine plus tôt et qu'il pense que ce sera le moment idéal pour affronter le vassal de Cristalluna."

"Ah, c'est vrai... je n'ai pas hâte du tout," marmonna-t-elle.

"C'est une raison de plus pour s'entraîner davantage ! Selon lui, à quatre, nous devrions y arriver, mais je compte bien ne rien vous laisser," s'exclame-t-il fièrement. 

Klaus se leva, posa sa tasse au bord de la table, et Salma fit de même, laissant quatre pièces pour régler les boissons. Ils partirent en continuant de discuter en direction de la gare. Soudain, un bruit sourd s'échappa de la cheminée du train, signalant son départ imminent.

"Je dois vraiment y aller ! C'était sympa de te revoir, même si tu es aussi exigeante qu'une mère vu toutes les réflexions que je me suis pris." Dit Klaus.

"À juste titre," lui répondit Salma de façon nonchalante. 

"... Bref, n'oublie pas ce que je t'ai donné si tu les croises ! À bientôt !" Dit-il précipitamment.

Il se mit à courir vers la gare sous les yeux de Salma. Mais elle eut une idée. Elle sortit un petit sachet de laine, elle y glissa une quinzaine de pièces et cria le nom de Klaus. Il s'arrêta net en l'entendant malgré qu'il soit en retard. Avant même qu'il puisse réagir, le sachet de pièces heurta son visage à pleine vitesse, puis retomba par réflexe dans ses mains.

"Achètes toi des vêtements là-bas avec ça ! Tu devrais avoir honte de monter dans un tel train avec une tunique en lambeaux !" crie-t-elle à travers toute la rue.

Klaus serra les dents, mais finit par sourire. Il lui fit un dernier signe de la main pour lui dire au revoir et la remercier, tandis que le train émettait un nouveau signal d'alerte. Il entra dans la gare, et Salma, restée sur la place centrale, le perdit de vue.

Après un moment, elle franchit la porte ouest de la cité. Elle posa la main sur les lanières qui maintenaient ses faucilles dans son dos et contempla l'horizon.

"Ils prennent tous ça tellement au sérieux. Peut-être que je devrais m'améliorer moi aussi. Une chose est sûre, ça m'a remotivée à donner le meilleur de moi-même !" pensa-t-elle à voix haute pour se donner du courage.

Elle tendit la main vers le soleil encore haut dans le ciel, son visage toujours souriant et empli d'énergie. Puis, elle ferma le poing et après une longue inspiration, elle se mit à courir dans la plaine, son entraînement commençant enfin.

Fin du chapitre 9.5.

Si vous en êtes là, n'hésitez pas à me donner votre avis sur mon histoire et à me dire si je dois améliorer ou corriger quelque chose ! Cela me ferait très plaisir et me motiverait beaucoup !

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