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Ils appellent cela une famille

Arja fut transportée dans une maison en pierre noire, du même matériau que celle qu'elle avait vue dans l'escalier. C'était une sorte de clinique et un médecin s'occupa immédiatement d'elle. Elle ne comprit pas tout de suite, le médecin semblait stupéfait de la voir puis elle réalisa. Elle avait perdu un œil, et la moitié de son corps était blessé, de l'épaule aux hanches, elle était brûlée. Elle comprend tout de suite. La lave l'avait recouverte et elle ne put survivre que grâce à la fourrure du loup rouge. Il l'avait protégée. A ce moment-là, elle sentit un battement dans son cœur, elle vit l'animal sur un lit à côté d'elle.

Le médecin partit, choqué de voir que quelqu'un avait survécu à cela. Arja était vêtue d'une chemise et toutes ses cicatrices étaient visibles. L'homme n'avait jamais vu quelqu'un avec autant de blessures, surtout pas une femme. Il n'en croyait pas ses yeux, il était troublé, terrifié et stupéfait, tous ces sentiments à la fois.

Juste après, Ulrich entra en courant vers elle.

"Arja ! Tu es vivante ! Ma sœur, merci Yshnaa ! Nous sommes à nouveau réunis !"

La joie d'Ulrich se propageait jusqu'à elle et elle resserra son étreinte aussi fort que possible. Elle était très excitée et folle de joie.

Le premier jour, elle resta sur le lit à écouter les médecins, le loup recevait aussi des soins. La première nuit, elle décida de le rejoindre dans le lit et le serra très fort dans ses bras. Le matin, les médecins les trouvèrent enlacés et n'arrivaient pas à comprendre ce qui se passait. Cette créature féroce se comportait comme un chien. Elle le caressait et il était paisible avec elle.

Elle dû rester deux jours à la clinique avant de pouvoir partir. Quand elle sortit, elle s'inquiéta pour le loup, puis elle réalisa qu'il était déjà complètement guéri et qu'il avait choisi de rester. Il aurait pu partir bien avant.

"Tu veux continuer avec moi ?"

Le loup prit sa main dans ses crocs délicatement. Il ne partit pas, bien au contraire, il poussa sa fourrure contre elle. Elle comprit qu'il la suivrait désormais et elle fut très heureuse d'avoir un compagnon. Le trou laissé par la perte de Typhon était énorme, même la joie récente d'avoir retrouvé Ulrich ne comblait pas cette blessure. Peut-être le loup le sentait-il. Elle le caressa.

"Que penses-tu de t'appeler Hagalaz, le loup brûlant ? Cela sonne bien. J'aime bien."

Le loup poussa sa main sur lui, elle glissa doucement ses doigts dans sa fourrure. Puis ce fut décidé, désormais ils continueraient leur route ensemble mais d'abord, elle attendit Ulrich pour découvrir comment il vivait.

Ulrich vint la voir à la clinique et la ramena chez lui. Elle était complètement déconcertée. C'était comme si elle avait reçu une gifle en pleine figure.

Elle vit deux enfants courir dehors, s'amuser dans un beau petit jardin. Elle vit une femme lui faire signe, enceinte. Arja avait le souffle coupé. Elle ressentait une énorme douleur dans son cœur, elle était heureuse pour lui bien sûr, mais... elle ne se serait jamais attendue à cela. Il avait une si belle vie et une superbe famille.

Avant d'entrer, Ulrich lui demanda de laisser Hagalaz dehors. Les enfants vinrent voir la créature mais pas de trop près, on leur avait dit que ces loups étaient des légendes et n'existaient que dans les cauchemars. Quelques villageois curieux venaient également le voir. Arja lui fit signe d'attendre et entra dans la petite maison.

Il y faisait chaud, chaud d'amour et de paix. Ulrich s'assit devant elle et la servit.

"Voici ma femme, Licia. Les enfants à l'extérieur sont Arak et Erik... Ce sont tes neveux. Je suis si heureux que tu sois de retour Arja, toute notre famille est réunie maintenant."

Arja avait l'estomac serré et se sentait étourdie par cette information. Elle demanda d'une voix tremblante.

"Qu'est-ce que... Que t'est-il arrivé après cette nuit..."

Ulrich avait un visage sérieux, se souvenir de cette période n'était pas facile pour lui et Licia vint s'asseoir près de lui, elle lui prit la main.

"J'ai été transporté dans une voiture discrète jusqu'à ce village. Le docteur m'a fabriqué une prothèse avec la matière du volcan et de la résine des arbres alentour. C'est comme ça qu'on soigne ici et grâce à ça j'ai pu marcher rapidement et retrouver mes capacités. J'ai ensuite rencontré Licia et nous sommes tombés amoureux. Elle m'a beaucoup aidé à comprendre mon nouveau corps. J'ai construit cette maison moi-même ! Je n'aurais jamais cru être capable de construire une maison".

Il rit légèrement. C'était pour cacher son stress. Le stress de demander ce qui était arrivé à sa petite sœur... La petite princesse était devant lui avec un corps musclé, des cicatrices, des blessures, des brûlures. Elle n'avait plus rien de ce qu'il avait connu d'elle. Elle se rendit compte que la question lui brûlait les lèvres mais qu'il ne savait pas comment l'amener. Elle décida donc de faire le premier pas.

"Tu veux savoir ce qui m'est arrivé, n'est-ce pas ?

Il acquiesça rapidement, à cet instant il se sentait honteux de son bonheur alors que sa sœur avait une vie différente.

"Pour faire court. Père m'a vendue à une organisation de mercenaires. Au début, j'ai passé des années en prison, puis j'ai été entraînée à tuer. En fin de compte, ils ont exécuté mon partenaire et ils pensent que je suis morte maintenant."

Elle prit le verre que Licia lui avait servi plus tôt après l'avoir remerciée comme il se dut et but d'un trait l'alcool qu'il contenait. Ulrich et sa femme devinrent pâles. Elle laissa échapper un petit rire.

Oui, leurs vies étaient très différentes. Si Ulrich était un brave guerrier, il était devenu un ouvrier, un fermier, un mari et un père alors qu'elle était devenue... ça...

La soirée fut un peu moins tendue. Ulrich et elle restèrent ensemble à l'extérieur, Hagalaz était allongée avec eux alors qu'ils buvaient toute la nuit. Se remémorant de bons souvenirs ensemble.

Il passa son bras autour de ses épaules.

"Je suis désolé, petite sœur. Je n'ai pas pu te protéger, ni Altraya. J'ai failli à mes devoirs envers vous deux.

Arja se blottit dans ses bras.

"Sais-tu ce qui lui est arrivé ? J'ai fait un cauchemar très étrange, elle me disait qu'elle était toujours là bas."

Ulrich secoua la tête. Arja respira profondément.

"Alors je dois aller vérifier. Je dois retourner dans notre royaume et voir ce qui lui est arrivé."

Il voulait la protéger.

"Il n'y a plus rien là-bas, les morts sont entrés dans la ville et ont tout ravagé. Les bâtiments ont été presque tous démolis, les habitants ont été tués et quand ils ont eu fini, ils sont partis. Il n'y a plus que des ruines là-bas. N'espère pas trop..."

Elle laissa échapper un léger rire, elle regarda la petite étoile dans le ciel. L'alcool aidant, elle la pointa du doigt.

"C'est mon espoir. C'est elle qui me guide. Le savais-tu ? Il y a une ville dans le ciel."

Arja riait, Ulrich ne comprenait pas tout ce qu'elle disait mais il était aussi sous l'effet de l'alcool et approuvait tout ce qu'elle disait.

Elle parlait des histoires que Zuline aurait pu lui raconter. Il était heureux de l'entendre. Elle était vivante.

"Mes enfants vont adorer, j'écrirai ce que tu dis et je leur raconterai plus tard, c'est sûr.

Il observa sa sœur puis lui prit le bras dans sa main.

"Arja ! Je sais comment te protéger. Je sais comment te protéger. Je vais te fabriquer une armure complète. La plus belle armure que tu aies jamais vue."

Alors, Ulrich s'est évanoui, bourré. Arja le porta à l'intérieur. Licia rit doucement.

"Merci Arja. Il n'a cessé de parler de toi toutes ces années. Je suis très heureuse que tu nous aies trouvés."

Arja lui sourit. Licia était une femme charmante et Arja était très heureuse pour son frère. Elle retourna dehors pour finir la bouteille de vin seule, allongée sur Hagalaz et elle finit par s'endormir sur le loup.

Il était chaud et confortable, c'était le compagnon idéal. Elle fut réveillée en fin de matinée par le bruit d'un marteau sur le métal. Ulrich n'avait pas oublié ses paroles et il forgeait son armure. Lorsqu'elle s'approcha de lui, elle constata la qualité du chef-d'œuvre.

Le torse était léger et souple, il pliait facilement mais ne cassait pas. La roche de ce volcan recelait des ressources métalliques cachées et était vraiment miraculeuse. Ulrich était en train de créer une superbe œuvre d'art. Lorsqu'il la vit, il eut une lueur d'excitation dans les yeux.

"Je finirai cette semaine, s'il te plaît, reste avec nous pendant ce temps et profite, repose-toi pour guérir tes blessures. Tu verras, tu adoreras cette armure. Je te jure que ce sera la plus belle pièce des mondes."

Et, voyant l'amour qu'il avait pour elle dans son expression. Elle le crut. Ce serait à coup sûr la meilleure armure jamais fabriquée.

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