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Confusion

Elle ouvrit les yeux et ne vit que de la lumière autour d'elle. Des statues d'hommes et de femmes se trouvaient tout au long d'une allée centrale. En les observant attentivement, elle se rendit compte qu'ils avaient tous des ailes. L'endroit était vide, elle se promena. Elle pouvait admirer les colonnes dorées et le marbre pâle. Ses pieds nus marchaient dessus comme sur du coton, c'était si chaud et agréable.

Elle entendit une voix masculine mais elle ne put comprendre ce qu'il disait. Lorsqu'elle baissa la tête, elle vit une ombre. Quelqu'un était derrière elle. En se retournant, elle ne vit personne. Après avoir regardé à nouveau, l'ombre était toujours là. Étonnamment, elle ne se sentait pas effrayée. Au contraire, cette ombre représentait quelque chose de très agréable et son cœur battait de plus en plus fort. Elle leva la main devant elle et sentit une autre main prendre la sienne. Même si elle ne pouvait pas la voir, elle avait l'impression de connaître cette personne.

Elle se sentit happée, une fois qu'elle dépassa les colonnes et entra dans le palais principal elle vit à quel point l'endroit était grandiose. Le plafond était une mosaïque bleue, laissant échapper une belle lumière douce. Le sol était recouvert de marbre blanc qui reflétait la lumière. Tout était si beau qu'elle sourit comme elle ne l'avait jamais fait auparavant.

Le lieu était gigantesque et, au milieu de la salle circulaire, il y avait une superbe statue dorée d'un homme aux ailes immenses, tenant une épée en direction du ciel. Elle pouvait voir que dans la mosaïque, il y avait deux personnages. L'un sombre et l'autre bleu.

Arja ne put se retenir. Après tout, c'était un rêve, n'est-ce pas ? Elle courut jusqu'à la statue et s'arrêta devant elle.

"C'est toi ?" demanda-t-elle sans même savoir pourquoi elle posait cette question.

Elle vit que dans son ombre, la silhouette derrière elle hochait la tête.

"Je te connais..." murmura-t-elle.

Elle sentit alors une main sur son épaule. Elle posa sa main dessus. Cette sensation était profondément troublante. Elle avait tellement d'émotions en ce moment qu'elle ne savait plus quoi penser. Elle pouvait entendre sa voix mais elle ne le pouvait pas, elle pouvait le voir mais sa vision était floue, et enfin, elle pouvait le toucher mais finalement... Sa main ne touchait que sa propre épaule.

Elle sentit une larme couler sur son visage. Son cœur pleurait mais elle n'était pas triste, elle n'arrivait pas à mettre un mot sur ce qui s'était passé à cet instant. Elle posa un doigt sur ses lèvres, c'était un goût sucré, un goût qu'elle connaissait très bien et pourtant, inconnu. Elle dit encore une fois avec une voix encore plus tremblante.

"Je te connais..."

Elle sentit des bras autour d'elle, des bras puissants. Alors qu'elle regardait la statue, une lumière commença à briller. Peu à peu, la lumière lui brûla les yeux et elle fut obligée de les fermer. Lorsqu'elle les rouvrit, elle se trouvait dans sa chambre à coucher. Son serviteur frappait à la porte.

"Princesse ! Le prince Ulrich vous attend. Altraya et lui sont prêts depuis un moment. Préparez-vous, s'il vous plaît !"

Arja se dépêcha de s'habiller, le cœur lourd, elle ne voulait pas quitter son rêve. Lorsqu'elle arriva à l'entrée, elle vit Ulrich d'un côté et Altraya de l'autre en silence. Cela promettait d'être… compliqué... Altraya semblait prête à le détruire et lui avait l'air déjà vaincu par elle.

Arja prit une grande inspiration. Ce déjeuner s'annonçait... "Relaxant".

Elle monta dans la calèche avec eux en silence. Le chauffeur pressa les chevaux et ils prirent la direction du lac.

Dans les rues, Arja pouvait observer toute la misère qui se répandait dans la ville. Elle n'avait jamais vu de telles choses auparavant. Altraya y était habituée car elle rendait régulièrement visite à sa famille à la campagne et n'y prêtait plus attention.

Lorsqu'ils arrivèrent au lac, Arja sortit le panier, Altraya s'assit avec elle et elles commencèrent à préparer le pique nique. Ulrich les rejoignit. Ils étaient tous les trois assis en silence.

Autour d'eux, il n'y avait plus de vie. Avant la guerre, cet endroit était plein d'animation. Des jeunes gens venaient jouer et flirter, donnant sans cesse lieu à des situations hilarantes. Ils s'amusaient toujours à venir ici et à les regarder.

Maintenant, tout avait l'air si mort, si perdu, si sombre. Altraya leva la tête en direction d'Ulrich. Elle pleura en le voyant. Arja fit de son mieux pour rendre les choses moins gênantes. C'est alors qu'Ulrich se mit à crier.

"Je suis désolé ! Père m'a obligé à mentir ! Le général est mort ! Ce fut un massacre, nous avons dû fuir en urgence et nous n'avons même pas pu prendre leur corps. Nous avons dû les laisser là-bas !"

Arja était estomaquée. Elle n'en revenait pas, c'était si soudain. Altraya baissa la tête, elle pleura à présent à chaudes larmes. Arja prit son amie dans ses bras et regarda Ulrich avec colère.

"Ulrich, tu devrais peut-être retourner au palais, nous te rejoindrons un peu plus tard."

Ulrich n'attendit pas qu'on le lui répète deux fois. Il se leva et se mit à courir. Il partit si vite qu'il oublia même de prendre un des chevaux et revint au palais à pied.

Altraya attrapa Arja et pleura sur son épaule.

"Je le savais, Arja, mais j'ai si mal. J'ai mal !"

Elles restèrent dans cette position pendant des heures, jusqu'à ce qu'Altraya se calme. Elles pouvaient enfin parler. Arja ne savait pas comment soulager la douleur de son amie.

"Ulrich ne t'a pas menti, tu le sais, c'était un ordre direct. Il n'avait pas le choix, s'il te plaît, ne lui en veux pas."

Altraya savait cela, elle savait que si le Roi avait ordonné à Ulrich de ne rien dire alors il n'avait pas le choix même s'il le voulait du plus profond de son cœur. Et quand bien même, comment pouvait-il lui dire que son père était mort en fonction alors qu'il savait à l'avance que la mission serait un échec ? Pour lui, c'était comme s'il l'avait tué lui-même.

À la fin de la journée, Altraya pouvait parler calmement de son père, elle parlait avec nostalgie de sa grandeur. Elles purent sourire en évoquant le fait que le général terrifiait Ulrich lorsqu'ils étaient plus jeunes.

Lorsqu'elle se sentit prête, Altraya se leva et elles quittèrent les lieux. Pendant le trajet vers le palais, elles croisèrent un groupe de soldats revenant du front.

Cette vision fut la pire qu'Arja ait jamais vue. Le groupe était blessé, certains hommes avaient perdu un bras ou une jambe, d'autres étaient sans peau. Elle vit l'un d'entre eux attaché à un autre par une corde, suivant le groupe et gardant ses deux yeux dans ses mains.

Le groupe marchait lentement, laissant le temps à tous les habitants de la ville de les voir. Les enfants s'arrêtèrent de jouer, la rue devint silencieuse et l'on n'entendit plus que le doux son des oiseaux qui contrastait avec ce terrible fait. Le royaume était en guerre et les gens souffraient. La Capitale était loin des batailles et, hormis l'impact économique, la plupart des gens n'avaient aucune idée de ce qui se passait.

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