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Le prix de tuer

Sulk se forçait à focaliser son esprit sur le cas présent, et sur ses plans à l'avenir, mais il ne pouvait s'empêcher de penser à sa mère.

A chaque instant, un nombre incalculable de souvenirs remontaient à la surface.

Dans chacun d'entre eux il y avait Arega.

Les souvenirs semblaient être imprégnés d'un bonheur mélancolique.

Sulk entreprit inconsciemment une bataille personnelle entre sa volonté et ses souvenirs.

Pendant plusieurs minutes qui lui semblèrent une éternité, il serra les dents et essaya de se forcer à se contrôler.

A l'intérieur de son esprit, Yahzin était silencieux.

Son visage était noyé dans les nuages et était invisible pour le garçon.

Un soupir inaudible perça la fumée noire.

La sphère de la conscience de Yahzin se mit alors à émettre une vague incolore et imperceptible.

L'onde qui allait et venait par pulsations lentes emplit bientôt tout l'esprit de Sulk.

A chaque contact de l'onde contre l'âme de Sulk, il lui sembla ressentir comme de la chaleur qui lui venait de l'intérieur.

C'était comme un sentiment doux, comme de la tendresse pure manifestée intangiblement.

Il ne saurait dire quand exactement mais Sulk abandonna le combat.

Des larmes se mirent à perler le long de ses joues.

"Mère..."

Sulk relâcha sa posture.

Ses poings serrés retombèrent lourdement sur le sol.

Il resta prostré par terre pendant un long moment, dans un silence rompu uniquement par le bruit de ses larmes sur le sol dur.

Sous l'effet de la vague douce de Yahzin, Sulk put enfin faire le deuil d'Arega comme il le souhaitait au plus profond de lui.

Il se sentait coupable, comme s'il l'avait laissé tomber à un moment ou elle avait besoin de lui.

S'il avait su voir les signes plus tôt, il aurait pu l'aider à se reposer.

Il se sentait en colère, contre lui même et contre le monde entier.

Contre Faryl, et contre Mujin qui avaient mis tant de pression sur Arega, la faisant vivre sous un stress et une peur continue.

Il se sentait impuissant, lui qui s'était senti à plusieurs reprises comme invincible et supérieur, il n'avait pas pu aider son entourage.

Enfin il se sentait triste.

Ce n'était pas de la simple tristesse, mais un sentiment indescriptible avec des mots.

La seule personne qui avait toujours été là pour lui, qui l'avait éduqué, consolé, nourri, mais surtout choyé et aimé.

Maintenant qu'elle n'était plus là, c'était comme si une partie de Sulk s'était éteinte à jamais.

Sous les impulsions silencieuses de Yahzin, Sulk trouva le sommeil naturellement lorsqu'il n'eut plus de larmes à pleurer, plus de paroles à se dire, et plus de souvenirs tendres à se remémorer.

Il ne rêva pas cette fois-ci, son visage était impassible, calmé, presque serein.

Lorsqu'il se réveilla de lui même, plusieurs heures s'étaient passés.

Cela faisait maintenant près de huit heures qu'il avait été mis à l'écart dans cette pièce inconnue.

Sulk se sentait reposé, et étrangement calme.

Il n'avait pas senti la vague reposante et douce qui l'avaient inondé.

Son état mental était en restauré, et bien qu'Arega fut présente à chaque instant dans un coin de son esprit, Sulk était calmé.

Yahzin était toujours silencieux quand Sulk se mit à observer plus attentivement son entourage.

A vrai dire, les événement de la veille s'était tellement précipités, et avaient tout chamboulé dans le monde du garçon de quatorze ans, qu'il en avait oublié le fait que Yahzin s'était éveillé durant le jour.

Sulk fit le tour de la pièce de son regard.

Elle était très simple, carrée, avec des angles droits. Les murs, le sol et le plafond étaient identiques, froids, lisses, et noirs. Sur le sol dans un coin il y avait un trou étroit.

L'une des parois était ouverte, mais une grille de bois presque noire également lui barrait le passage.

Derrière il pouvait observer un couloir étroit qui semblait continuer des deux côtés.

Sur le mur du couloir derrière les barreaux se trouvait un cristal lumineux. Il n'était pas très gros, monté sur une tige en fer, et ne procurait qu'un éclairage très limité.

Sulk n'avait jamais vu cette partie de la mine, mais devina rapidement où il se trouvait.

"Les cachots... Arch m'a parlé de cet endroit isolé de tout. Ils m'ont mis en prison... Pourquoi ?"

Sulk se posa la question intérieurement.

Yahzin apparut, son visage tranchant la fumée d'éclairs argentés.

"Tu as tué un homme, Sulk. Lorsque tu as vu Arega par terre, tu as craqué. Tu l'as poursuivi jusque devant le gouffre où tu l'as précipité jusqu'au cinquième niveau."

Sulk resta silencieux, il réfléchit profondément.

Il était choqué par ce qu'il venait d'apprendre.

Yahzin pouvait parler en même temps qu'il était éveillé !

Étonnamment, le fait d'apprendre qu'il avait provoqué la mort d'un tierran ne l'impressionna pas plus que cela.

Il se dit que c'était peut être lié au fait que Arega était partie, emportant tout ce qu'il avait de sensible, et tout ce qu'il avait jamais aimé chez un être vivant.

Il se mit à penser ensuite à Arch, à Kahn, et finalement à Lingi, peut être plus longtemps qu'aux autres.

Non, il lui restait de l'affectif pour d'autres personnes. Alors pourquoi n'était il pas choqué d'être devenu un meurtrier ?

"Qui était le mineur que j'ai... tué ?

-Ce n'était pas un mineur. A vrai dire ce n'était pas une personne digne de ce nom. C'était Faryl. Il t'a presque imploré avant que tu ne le pousses dans le vide.

-Ah."

Sulk comprit et se contenta d'une syllabe comme réponse. Il savait à présent exactement pourquoi il se fichait d'avoir tué quelqu'un.

Il avait libéré la mine du contremaître Faryl.

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