L'enfance de Malik fut marquée par des épreuves qui forgèrent son caractère et sa détermination. Né dans un quartier pauvre, dans une banlieue où l'avenir semblait tracé d'avance pour beaucoup de jeunes comme lui, Malik grandit dans un environnement où les opportunités étaient rares et les obstacles nombreux.
Sa mère, Fatou, une femme courageuse et résiliente, éleva seule Malik et ses deux frères après le départ de leur père, parti chercher du travail à l'étranger mais qui ne revint jamais. Fatou jonglait entre plusieurs emplois pour nourrir sa famille, travaillant de longues heures comme femme de ménage et cuisinière dans des maisons de riches quartiers voisins. Malik la voyait rentrer tard chaque soir, épuisée mais toujours souriante, cachant son chagrin et sa fatigue derrière un visage bienveillant. Elle lui répétait souvent : « Peu importe d'où tu viens, c'est là où tu vas qui compte. »
Malik comprit très jeune que, s'il voulait s'en sortir, il devrait se battre pour chaque opportunité. À l'école, il se montrait déjà brillant, absorbant chaque leçon avec une soif insatiable de connaissance. Mais il était aussi confronté à la dure réalité du quartier. Les jeunes de son âge, pour la plupart, se tournaient vers des solutions de facilité : la petite délinquance, les gangs ou la vente de drogues pour pallier le manque d'argent. Malik, lui, refusait de céder à ces tentations. Il passait des heures à la bibliothèque locale, un lieu de refuge où il pouvait s'évader dans les livres, apprenant sur le monde bien au-delà des limites de son quartier.
Cependant, malgré son talent et son dévouement, Malik n'était pas épargné par les difficultés. Dans les écoles qu'il fréquentait, il faisait face à des enseignants qui le sous-estimaient à cause de son milieu social. On lui disait que des rêves comme les siens – devenir médecin – étaient irréalistes pour quelqu'un comme lui, qui venait d'un quartier « à problèmes ». Ces paroles le blessaient, mais au fond de lui, elles nourrissaient aussi une flamme. Chaque fois qu'on doutait de lui, il devenait encore plus déterminé à prouver qu'il pouvait déjouer les attentes.
Les conditions de vie dans leur petit appartement étaient dures. En hiver, le chauffage fonctionnait à peine, et souvent, la famille devait se débrouiller avec des repas modestes. Ses frères, moins chanceux que lui, se laissaient parfois tenter par la rue, mais Malik refusait de suivre ce chemin. Il s'efforçait d'être un modèle pour eux, bien qu'il fût lui-même encore un enfant.
Un événement marqua particulièrement son enfance. Malik avait à peine dix ans lorsqu'il assista à une scène bouleversante : l'un de ses amis d'enfance, gravement blessé après une altercation dans la rue, tomba inconscient devant lui. Malik se souvint du sentiment de panique qui l'avait envahi alors qu'il était impuissant, incapable d'aider. Il courut chercher de l'aide, mais il sut, en voyant l'ambulance arriver trop tard, que quelque chose en lui venait de changer. C'est à ce moment-là qu'il prit la décision : il deviendrait médecin, coûte que coûte, pour ne plus jamais se sentir aussi impuissant.
À partir de ce jour, Malik devint obsédé par l'idée de soigner et de sauver des vies. Il passait ses journées à lire tout ce qu'il pouvait sur la médecine, découpant des articles de vieux magazines trouvés dans les poubelles, essayant de comprendre comment fonctionnait le corps humain. Ses amis se moquaient souvent de lui, l'appelant « le docteur du quartier », mais cela ne l'arrêtait pas. Son rêve était plus grand que les moqueries.
Malgré la dureté de son quotidien, Malik garda toujours une étincelle d'espoir. Ce sont ces moments d'adversité qui le façonnèrent : chaque obstacle qu'il surmontait le rendait plus fort, chaque échec le motivait à aller encore plus loin. Il savait que le chemin serait difficile, mais il croyait profondément qu'il avait une mission à accomplir, un destin qui transcenderait les limites que la société lui imposait.
Ces années de lutte lui apprirent à ne jamais abandonner. Et même lorsque plus tard, dans sa carrière médicale, il fut confronté à des discriminations ou à des scepticismes, il repensa toujours à cette promesse qu'il s'était faite enfant : prouver à ceux qui doutaient de lui qu'ils avaient tort, et montrer à ceux qui viendraient après lui que rien n'était impossible, même pour un jeune du quartier le plus défavorisé.