J'ai toujours eu horreur de danser. Tout le monde déteste les choses dans lesquelles ils ne sont pas doués. Je ne suis naturellement maladroite et je ne suis pas gracieuse. Pourtant, quand ils m'ont chassé de l'unique maison que j'ai jamais connue, je me suis mise à rire et j'ai danser. Je n'avais pas de musique sous la pluie tonitruante qui se déchaînait dehors, alors je dansais au son des battements de mon coeur. Ils étaient rapides. Et ils ne cessaient d'accélérer . Où allais-je dormir ? Comment est-ce que j'allais me nourrir ? Toute ces questions, tournant dans mon esprit, comme une tempête, accélérait le tempo. Ce soir-là, j'ai dormi à même le sol givré de décembre, affamée et épuisée.
Le lendemain, je ne pus me résoudre à aller à l'école dans mes habits déchirés avec la mine déplorable que j'arborais. Je ne fis que longée les murs des restaurants, espérant que quelqu'un à l'âme charitable me prenne en pitié et me nourrisse. J'étais très faible et je ne peux toujours pas à ce jour dire comment j'ai fait pour marcher toute la journée. Je ne pouvais pas m'arrêter pour me reposer, j'aurais gelé. En même temps, je riais de moi. Du faite que j'étais tombée si bas que je m'en remettais à la clémence d'un étranger. Du faite que je méprisais cela avant, être tenue en pitié. Cependant, personne ne me rendis ce service, la guerre ayant éclaté, tout le monde devait participer à l'effort de guerre.
J'étais entre temps retourné au lieu de départ, résigné a dormir par terre, encore. Je m'apprêtais à passer la pire nuit de ma vie à nouveau quand je vis un garçon. On dit que le coup de foudre nous fait tomber amoureux dès le premier regard, n'est-ce pas ? Eh bien, dans ce cas, ce fut très différent d'un coup de foudre. C'était plus comme, un soudain intérêt bizarre. Il était grand, particulièrement grand, un peu bronzé, cheveux noirs de jais très courts et des lèvres gercées. Ses habits n'étaient pas des haillons mais ils tombaient tout de même en lambeaux. Il était beau. On aurait dit un dieu grec.
Il s'est assis à côté de moi, à même le sol glacé, et a commencé à me parler. C'était étrange. Sa voix résonnait dans tout mon corps. Il n'a pas demandé mon nom et n'a pas donné le sien, mais il m'a donné de la nourriture. Il parlait de la diversité humaine, jusqu'à ce qu'il avoue qu'il n'est pas humain, tout comme moi. À son expression, j'ai réalisé qu'il savait que j'étais un parasite. Et lui aussi. Il a proposé que je le rejoigne,il a dit que je serais plus en sécurité avec lui que seul. Et il m'a tendu son bras. Le sourire qui éclairait alors son visage était sombre mais pas malfaisant. Il était plaisant. Mais j'ai hésité. Pendant un fraction de seconde, j'ai hésité. Et je n'ai pas pris sa main. Je me suis levé et je l'ai suivi mais je n'ai pas pris sa main.
Si j'avais su, j'aurais pris sa main.