Tard le soir, lors de l'attaque contre les marchands d'esclaves à Elmoth, se tenaient devant une maison, en panique, deux hommes équipés d'armures en mailles de l'église de Mitra. L'un d'eux toquait continuellement à la porte tandis que l'autre lui intimait d'arrêter et d'abandonner. Or, juste après, ils entendirent tous deux quelqu'un déverrouiller la porte et elle s'ouvrit enfin. Toutefois, ils ne trouvèrent pas celle qu'ils cherchaient mais une femme en fauteuil roulant, une Damnée de surcroit. L'un d'eux lui informa de la situation :
— Est-elle là alors ? Nous avons besoin de son aide, la boutique d'esclaves est prise d'assaut par deux individus redoutables. Sieur Valkyar nous a informé que la seule aide qu'il nous donnerait serait celle de la guerrière bestiale.
— C'est donc ça alors ? marmonna la femme.
— Oui, il faut faire vite ! Les esclaves n'ont pas été encore localisés et le bâtiment est en proie aux flammes. Avec sa force, on pourrait-
— Attendez je vous prie. Maitreeeesse !!! cria subitement la femme.
On entendit alors un râle provenir de l'intérieur et une femme hurler :
— Qu'est-ce qui y'a Laura ? Je t'avais dit de juste les virer… C'est l'heure de la sieste là !
— Des membres de Mitra veuillent que tu partes les aider. Quelqu'un s'en prendrait aux marchands d'esclaves.
— Quoi ?! Attends…
Les deux hommes, perplexes, entendirent donc quelqu'un bouger un meuble dans cette maison plonger dans l'obscurité. C'est alors qu'elle cria :
— Qu'ils peuvent aller se faire voir ! Je fais ma sieste moi !!!
Sans qu'ils ne puissent régir, une commode vola juste au-dessus de la tête de Laura et se fracassa sur les euxs, les assommant sur le coup. Laura ria légèrement sur le coup :
— Elle ne changera jamais ! Pourtant, elle qui est mordue de la baston… C'est vraiment la meilleure des maîtresses.
Elle ferma la porte et rentra, retournant dormir tout en ayant la conscience tranquille.
Au même moment, équipée de son armure, Adamantine se dirigeait le plus vite qu'elle pouvait vers l'endroit que lui avait indiqué Elio. Elle entendit provenir de plus loin des incantations de sorts mais aussi des discussions. En effet, les habitants non loin de l'endroit furent réveiller par la cloche de l'église qui servait à mobiliser ses membres. Ceux-ci avaient ouvert leur volet, curieux et certains discutaient entre eux de la situation, faisant des suppositions sur ce qui pouvait bien se dérouler.
Arpentant donc, sous cette plaine lune écarlate, les rues pavées presque désertées, Adamantine tomba nez à néezdevant une scène particulière. Des membres de Mitra entouraient un groupe d'individus qu'elle ne put bien apercevoir. Elle vit ensuite certains se faire projeter contre les murs ce qui la permit d'enfin voir à travers cette masse de personnes. Un homme habillé d'un long manteau noir et d'un masque métallique noir en était le fautif. Il défendait d'autres individus très peu vêtus, une trentaine environs, et Adamantine devina donc ce qu'il se passait. Si bien, qu'elle s'en couvrit les yeux de la main. Elle respira un grand coup, prit une expression froide et s'avança lentement vers la scène. De plus en plus de membre de Mitra se firent projeter pendant qu'on entendait des cris d'enfants, des pleurs et des inquiétudes. Mais bien qu'elle devina ce que cet homme masqué faisait, elle se devait d'intervenir car oui, elle le connaissait. Elle rentra dans le cercle, observée avec surprise par tous. Elle pointa sa lame vers l'homme masqué et clama alors :
— Tes manigances s'arrêtent là mécréant ! Moi, Adamantine Dandelion, fière chevaleresse et noble d'Aladanne est venu pour mettre fin à ce chaos que tu instigues.
— Noble ? interrogea un membre de Mitra.
— Dandelion ? dit un autre.
— C'est elle ! Celle qui est réputé pour avoir participé à la défense de ForteMarbre.
— Mais alors, elle-
— Traite de bavardage mes braves ! ordonna-t-elle. Je vois un bâtiment en proie aux flammes, que ceux qui s'y connaissent en magie de l'eau aillent soutenir vos confrères. Les autres pourront rester pour m'aider…
— B-bien ! acquiesça l'un d'entre eux face à la pression de la capitaine.
Pendant ce temps, derrière son masque, Mylon eu de telles sueurs froides qu'il s'en figea.
A-ada ? Mais qu'est-ce qu'elle fait là ? E-elle sait pour ? Et merde, elle a l'air sérieuse ! Elle va se mettre en travers de mon chemin ? Pourtant, je la connais, elle n'accepterait jamais ce qui est fait à ces pauvres gens.
« Mais son devoir, intervint l'ombre dans son esprit. Je te l'avais dit, à cause de sa fierté, de son rôle, elle est destinée à se mettre en travers de ton chemin. Laisse-moi t'aider, je peux nous en débarrasser. Vois ça comme un acte de sympathie de ma part. »
Toi… Tais-toi, je sais ce que je fais. Tu ne la connais pas !
C'est alors qu'émanait d'Adamantine une aura glacée. Sa lame se recouvrit de glace pendant qu'elle prit une position offensive. Elle se préparait à se jeter sur lui et intima alors :
— Je t'arrêterais là et maintenant !
Oh merde, elle a l'air vraiment en colère ! Elle sait alors ? Zut, zut, zut, zut. Je dois-
Trop tard, elle se jeta sur lui à toute vitesse. Il n'eut le temps que de créer une lame de pierre pour parer le mouvement qu'il reconnut bien.
La parade ondulée ?
Puis celle-ci enchaîna avec le ruissellement arctique mais quelque chose clochait. Mylon s'était déjà entraîné avec elle, il avait déjà subi ses coups et c'est comme si elle n'était pas… sérieuse ? Il découvrit aussi une sorte de langage inexplicable derrière ces mouvements particuliers, comme si les deux discutaient dans cet échange de coup silencieux :
« Mais qu'est-ce que tu fais bon sang ? »
« Ada ? Je- ce qui me paraît juste... »
Toutefois, ils furent coupés par un brasier soudain. Le bâtiment des marchands d'esclaves devint un vrai enfer de flammes. Des flammes qui s'élevèrent haut dans le ciel dans un tourbillon insatiable, comme si elles cherchaient à atteindre les étoiles. Sous le choc, Adamantine l'interrogea :
— C'est, c'est toi qui à l'origine de ça ?! Qu'as-tu fait ? Pourquoi prendre tant de v-
— Il y a erreur ! cria-t-il. Certes, certains le méritaient mais ce n'est pas moi là, c'est, c'est… le Pantin ?
Un peu plus tôt, dans la salle où s'affrontait l'homme au masque de corbeau, l'évêque Maximilien et le chef des marchands d'esclaves : Maximilien s'était enfin défait des fils de l'homme et avait rejoint Demetricus. L'un comme l'autre furent poussés dans leur retranchement et c'est ainsi que l'évêque utilisa sa dernière carte. Il incanta :
— Ô Stella, notre mère, toi adorée par tes fidèles. Prête-moi la force de tes croyant, prête-moi la force de tes enfants. Fais de moi la main qui vient purifier les péchés et les impies…
À ces mots, une lueur blanche s'émana des membres de Mitra qui s'efforçaient d'éteindre l'incendie. Leur mana fut alors transmis à l'évêque ce qui les fit s'effondrer au sol, vidé de leur force. Maximilien fit apparaître un cercle blanc au niveau de sa main ainsi que plusieurs sous et au-dessus de l'homme masqué. Demetricus interrogea inquiet :
— Mais que fais-tu ? Mon établissement, tu ne vas quand même pas-
— Tais-toi ! Je fais ce que j'aurais dû faire il y a longtemps. Je dois me débarrasser de cet immonde Pantin.
Demetricus chercha alors, paniqué, son produit le plus précieux et lui attrapa la main. Il comptait s'enfuir quand des fils métalliques lui barrèrent la route et lui enlevèrent l'elfe. Le Pantin amena alors la femme jusqu'à lui grâce à ces fils et l'immobilisa. Celui-ci se prononça ensuite en regardant les flammes qui ravageaient l'endroit :
— Ah les flammes. Dans la pénombre de la nuit elles s'élèvent, dansantes, virevoltantes, gracieuses. Brillantes d'une lueur dorée et ambre, elles exercent cette valse inlassable. Créatrices de la vie, faucheuses funestes, ne sont-elles pas belles ? Nées d'une simple étincelle, elles consument insatiablement jusqu'à disparaître.
— Qu'est-ce que raconte ce fou, marmonna Demetricus. Il a perdu la tête ?
Toutefois, il regarda Maximilien qui continuait son chant. Il vit alors apparaître des sphères lumineuses en plus des cercles ce qui le fit s'exclamer :
— Max, s'il te plaît, arrête ! Il faut qu'on récupère l'elfe, c'est notre seul moyen de rembourser toute ces conneries !
— Cela ne te concerne plus, grogna l'évêque mettant en pause son chant. C'est une affaire de l'église dorénavant.
— Qu- Mais c'est qui ce gars bordel ?
Toutefois, l'homme au masque de corbeau continuait son monologue de son côté. Seul dans une sorte de spectacle de geste, comme s'adressant à une foule, il clama :
— Vies éphémères : elles qui ne peuvent exister que par l'échange, offrant la vie contre la mort, lumière contre ténèbres. Malheureusement, l'une sans l'autre ne peut exister, partout où la lumière brille, les ténèbres la rattrape. Mais la lumière peut-elle naître des ténèbres ou bien n'est-elle destinée qu'à les engendrer ? Car partout où elle brille, elle projette des ombres. Ombres funestes, c'est d'elles que naissent les flammes vengeresses.
C'est alors que des flammes entourèrent les deux autres mais aussi les fils du Pantin. Ces fils se mirent à s'agripper au sort de lumière de l'évêque mais…
— Les flammes, intervint Demetricus. Elles consument ton sort Maximilien ! Je m'en fiche maintenant, lance le avant que-
— Sa grâce est éternelle, continua l'archevêque. Sa bonté est envers ses fidèles, sa colère envers les impies. Toi qui oses me défier, goûte à sa puissance : Ars Lumina !
Une colonne de lumière commença à déferler au-dessus de l'homme masqué et de l'elfe mais il n'en bougea point. Ses innombrables fils ralentirent le sort et lui permirent de continuer :
— Ô flammes du purgatoire qui viennent punir les pécheurs, vous qui êtes nés de la haine, de la bonté, de la déviance, de la morale, de la souillure, de la pureté... brûlez, brûlez ! Emportez ces ignares, ces blasphémateurs. Que vos âmes retournent à la terre, ce sont elles qui vous laveront de vos péchés : Caedes Stella, Infernalis Inferno !
C'est alors que le sort du Pantin s'éleva du sol en un tourbillon de flammes. Un tourbillon qui emporta tous ceux dans la salle et même ceux à l'extérieur, laissant leur sort incertain alors que l'on pouvait entendre des cris d'agonies et de souffrances.