La nuit s'était imposé et les rues désertées. Seul quelques individus déambulaient à cette heure-ci, certains sortant de taverne, ivre, d'autres faisant des rondes pour assurer la sécurité de la ville. Au bord d'une fenêtre, au premier étage d'un bâtiment, se tenait là Adamantine qui regardait ce ciel bien sombre, couvert par des nuages. Elle attendait là depuis un moment, encore et encore, essayant de se rassurer mais à mesure que le temps filait, elle s'inquiétait.
Mais que fait-il à la fin ? Il se fait déjà si tard. Je savais bien qu'il était avec Elio mais… Sont-ils partis boire un verre ensemble ? Il aurait pu me prévenir.
Elle tapotait ses doigts sur le rebord la fenêtre. Son instinct lui disait que quelque chose clochait, que la situation était grave.
Mais que pourrait-il bien lui arriver ? Il m'avait parlé d'une sorte de maladie de l'âme, ce ne serait pas ça quand même ?
Elle se décida alors et attrapa son épée. Adamantine se rendit ensuite dehors en portant son armure de chevaleresse pour éviter d'alerter les membres de Mitra qui patrouillaient les soirs.
De son côté, Elio sortit d'un pub après avoir bu quelques verres. Il s'était assuré qu'on le reconnaisse et qu'on le voit s'en aller pour le parc qui se trouvait en face du Colosseum : l'immense arène où s'affrontait les gladiateurs. Il s'assit donc sur un banc, laissant une connaissance qui l'accompagnait et fit mine de s'y endormir à cause de l'ivresse. Il n'avait plus qu'à attendre, tout reposait pour le moment sur Mylon.
Notre héros s'était lui aussi préparé. Avec le peu d'argent qui lui restait, il s'était procuré un long manteau noir ainsi qu'un masque métallique. Toutefois, pour éviter qu'on ne remonte à lui, il utilisa sa magie de flammes pour noircir le masque et le déformer. Ainsi, personne ne pouvait deviner où il l'avait acheté et pour le manteau, celui-ci était vraiment générique. Habillé donc de cette attirail, Mylon inspecta, depuis le toit du bâtiment en face, la boutique d'esclave. Il utilisa « Search » pour étudier l'intérieur. Le nombre de personnes n'avait presque pas bougé. Il put aussi distinguer la présence d'Annie mais quant à celle de sa sœur… Il eut ainsi des sueurs froides : était-il trop tard finalement ? Non, cela se pouvait que son mana soit trop faible pour être détecté. Or en inspectant un peu plus, il put distinguer quelque chose de spéciale provenant du mana de certaines personne. Ce fut comme si des chaînes violettes les entourait et une faible trace d'énergie s'en libérait. Flottant ainsi vers des directions différentes, l'une d'entre elle fut plus éloigné que les autres… Que faire ? Qu'était-ce cette énergie ? Il eut bien une hypothèse en repensant à la couleur de la Mélusine. Dans quel ordre s'y prendre alors ? Aller voir dans la direction la plus éloignée ou déjà s'occuper de ceux présents ? Non, il n'y avait pas à hésiter, il se devait d'agir ici et maintenant s'il voulait vraiment sauver la sœur d'Annie.
Mais comment faire ? Le bâtiment possédait environs trois étages et un sous-sol. Passer par une fenêtre ferait certainement trop de bruit et attirerait les gardes. D'ailleurs, il détectait une vingtaine de personne au sous-sol et une trentaine répartit dans tous les étages. Toutefois, dans une pièce au centre du deuxième étage, il remarqua aussi la présence d'un vide. C'était comme s'il n'y avait point de mana en ce point mais le plus étrange, c'est que du mana violet provenait bien de ce vide et s'était celui lié à la personne éloignée du bâtiment.
Peu de temps après, il vit des membres de Mitra passer dans la rue ce qui l'obligea à s'abaisser. Il y avait aussi ces types… Si le commerce d'esclave était légal alors, au moindre faux pas, ils allaient se mettre aussi sur son chemin. Il attendit donc qu'ils s'en aillent puis se décida. Mylon descendit silencieusement du toit en diminuant son poids grâce à un peu de magie de vent. Il s'éloigna de la boutique d'esclave pour se rendre derrière une poubelle, dans un coin de bâtiment. En s'inspirant de la magie d'Alexandre, il creusa un tunnel tout en se repérant grâce à « Search »et fit en sorte qu'il reste praticable pour les rescapés.
Il était alors là, sous le sous-sol du bâtiment, prêt à bondir à tout moment. Toutefois, il fut prit d'une montée d'adrénaline mêlé à de l'incertitude : et si tout ne se passait pas bien ? Et si Adamantine ou Marlène en paieraient les frais ?
Non, non, n'y pense pas. C'est ce même tracas qui va te faire échouer. Reste concentré Mylon, c'est comme si tu affrontais des monstres dans la vallée des défunts : discrétion et rapidité.
Au-dessus de lui, environs deux personnes bougeaient amplement ce qu'il assuma donc être des gardes. Il y en avait peut-être d'immobile mais il pourrait s'en occuper plus tard.
Rapidement, Mylon creusa vers le haut avec de la magie et fit directement tomber à son niveau un homme qui, surprit, émit un râle avant que Mylon ne l'assomme. Sans attendre, il referma le trou avec une faible épaisseur de pierre ce qui lui permit d'entendre un autre garde parler :
— Colin ? Coolin ? Il est passé où bordel, j'aurais juré qu'il était là il y a deux secondes. Eh, vous là, dans la cage ! Vous avez vu quelque chose ?
— Qu'est-ce qu'il y a Greg ? grogna un autre. Tu nous casses les oreilles à cette heure-ci avec Gil.
Encore trois au moins alors ?
Mylon distingua les manas des deux hommes côte à côte. Il pouvait en avoir deux pour le prix d'un et se rassura donc que le dernier ne se trouvait pas à côté d'eux.
— C'est Colin ! J'avais juré qu'il était derrière moi mais il a disparu. Pourquoi on n'illumine pas mieux ce putain de sous-sol aussi !
— T'as pas un peu trop bu toi ? Il est certainement parti aux chiottes, pas de quoi s'inquiét-
Il ne put terminer sa phrase que Mylon sortit du sol en brisant la fine couche de pierre et vint attraper la tête de l'homme pour la frapper contre celle de Greg, assommant aussi les deux sur le coup. Cependant, il effraya les esclaves qui se réveillèrent et firent du bruit. Il étudia donc rapidement la situation : dix geôles, quinze esclaves et encore deux gardes debout. C'est alors qu'un des marchands le remarqua et sortit son épée. Or, quand il vit que l'individu en face de lui venait de s'occuper deux d'entre eux avec aise, il se précipita vers une cloche accrocher au mur. Ce fut son erreur : du moment d'inattention où il se concentra vers la cloche, Mylon en profita pour le rattraper et lui écraser la tête contre le mur, l'assommant. Il n'en restait donc plus qu'un mais il commença à s'enfuir. Toutefois, avant qu'il ne prenne les escaliers et donnen l'alerte, Mylon eut le temps de lui envoyer un javelot de pierre. Il fit mouche et toucha ainsi l'homme au niveau des poumons. Le garde en fut clouer au mur, incapable de crier ou bien même de respirer. Mylon en profita pour se rapprocher de lui avec un pas léger, si léger qu'on ne l'entendait pas. Arrivé au niveau de l'empalé, il attrapa le javelot et posa son autre main sur la bouche de l'homme, l'empêchant ainsi de parler. À travers son masque, sa voix se déformait et il chuchota :
— Sh,sh,sh… Tu n'as plus beaucoup de temps malheureusement mais je peux arranger ça. Seulement si tu réponds bien à cette question : y a-t-il un moyen de se débarrasser des marques de Mélusine sans avoir à tuer le maître ?
L'individu acquiesça rapidement d'un signe de tête avec des larmes. Mylon retira alors le javelot et se mit à soigner l'individue. Or, il lui indiqua au début du sort :
— Au fait, mon mana n'est normalement pas compatible avec un sort de soins. D'habitude j'en dépense plus pour ne pas faire souffrir la personne mais pour toi…
L'homme sentit alors son corps en feu, c'est comme s'il brûlait intérieurement mais ce n'était que de la douleur. Son corps se faisait bien soigner mais cette sensation de brûlure, sa psyché lui indiquait qu'il brûlait sans cesse et il se mit à hurler. Toutefois, couvert par la main de son assaillant, ce ne fut qu'un bruit sourd, un bruit que l'on pouvait confondre avec une sourie. Une fois terminé, Mylon laissa un moment de répit à l'homme pour qu'il reprenne son souffle mais il lui intima :
— Ne tente ne serait-ce qu'une fois de crier et je te carboniserais vraiment cette fois-ci.
Il lui montra alors qu'il pouvait aussi manipuler la magie de flammes mais l'individue fut trop occuper à vomir au sol. Mylon attrapa la dague de l'homme, elle qui était tombé par terre, et la plaça au niveau du cou de l'individu.
— Bien, bien, bien. Maintenant, il serait temps de parler si tu tiens à la vie.
— L-l-l-la main… Le maître à souvent une marque de Mélusine à la main. C'est une marque particulière qui permet d'assouvir l'autre par magie.
— Je vois, donc si je leur coupe la main…
— C-c'est ça. Par pitié, épargnez m-
Cependant, il attrapa directement la main de l'individu, puis l'autre et grommela :
— Mon pauvre. Tu as parlé mais tu possèdes aussi une marque.
— N-n-non, pitié !
Trop tard, Mylon l'assomma d'un coup de poing et il réunit ainsi les cinq gardes inconscients. Trois d'entre eux possédaient la marque. Il se devait donc de leur couper une main..C'était quand même… extrême. Il hésita un instant : il avait déjà fait bien pire en ôtant la vie de personnes mais, Bezos. Cet homme à qui il n'avait pas ôté la vie et qui avait sacrifié à jamais ses jambes pour sauver des innocents du dragon. Il ne pouvait s'empêcher de repenser à cet acte de bravoure et au changement radical de la personne. Il l'avait aussi dit au petit Eliotte : il ne pardonnait qu'une seule fois, pas deux. C'est donc avec déplaisir qu'il coupa une main à trois d'entre eux et cautérisa leur plaie avec sa magie de flammes. Il s'occupa dans un premier temps de sauver les esclaves. Or leur réaction ne fut pas des plus saine… La peur, ils avaient pris peur de leur « sauveur » après avoir pu assister depuis leur geôle à ce « massacre ». C'est alors que Mylon la chercha, il l'avait senti, elle se trouvait ici. En même temps que de casser les serrures de ses propres mains, il ordonnait aussi à ces gens de se tenir non loin du trou qu'il avait réalisé. Il regardait aussi sur leur corps pour voir si certains gardaient des traces de Mélusine et il y eut malheureusement quelques un dans ce cas. Cela voulait dire qu'il restait encore un garde qui devait être leur « maître » et c'est là qu'il tomba sur elle, sur Annie.