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Chapitre 13 : Détruire pour mieux reconstruire.

Ils en avaient fais du chemin depuis l'incident, passant la plupart de leur temps à être déporté d'un endroit à un autre. Depuis l'incident de « FarTown », leur vie fut grandement chamboulée. Oui cette vie qui était jusque-là paisible et joyeuse, cette vie qui aurait dû le rester, cette vie où ils auraient dû élever leur fille et la voir grandir. Nathan eut néanmoins le réflexe d'emmener avec lui ses dernières économies, un acte qui lui valut au début les accusations de sa femme bouleversée : « Toi, tu… Tu as préféré sauver notre argent plutôt que notre fille ?! Ma.. Ma... », « C'est de ta faute ! Si seulement tu m'avais laisser partir, nous aurions peut-être pu la sauver… ». Toutefois, il l'avait fait pour leur bien. Il ne savait que trop bien ce qu'il arrivait en grande ville lorsque l'on était fauché. Il… Il l'avait fait aussi pour sa fille mais… 

 

Toutefois, un espoir demeurait : le fait qu'elle n'ait pas été aperçu morte comme ses amis. Les chevaliers leur avaient assurés qu'avec leur capitaine sur place, il y avait une grande chance qu'elle soit encore en vie. Hélas, cela faisait déjà trois mois qu'ils n'avaient pas de nouvelles. Trois long mois de froids entre lui et Leyla, sa femme. On les avait guidés jusqu'à Elmoth, la ville des gladiateurs. Il y eu d'abords conflit entre les deux mariés pour savoir dans quelle ville s'installer : Leyla souhaitait rester à ForteMarbre, la ville la plus proche de FarTown, pour attendre leur fille mais Nathan insista pour aller jusqu'à Elmoth. Il ne savait que trop bien qu'ils n'auraient financièrement pas pu survivre à ForteMarbre. Il la poussa alors à accepter en argumentant que c'était pour le bien de tout le monde. Ils durent quitter ForteMarbre avec le premier convoi pour éviter d'avoir à payer plus. Ils arrivèrent ainsi tous les deux à Elmoth, une ville réputée pour la violence des gladiateurs mais aussi son fleurissement financier. C'est qu'elle attirait beaucoup de combattants mais aussi de marchands qui en profitaient pour leur vendre des biens. Même les aubergistes y faisaient beaucoup d'affaires. Lui qui avait travaillé dans une auberge et à un bureau administratif par le passé, il pouvait en profiter pour y trouver facilement du travail et c'est ce qu'il fit. 

 

C'est ainsi qu'il travailla dans une firme dirigée par un bourge et ce, en tant que comptable. Il était doué en mathématique et cela l'avait réussi toute sa vie. Il leur avait démontré ses capacités et fut embauché en période d'essais. Et avec les économies qu'il avait sauvé à la place de chercher sa fille, il put acheter une petite maison. Leyla, elle, travaillait la nuit en tant que serveuse dans une auberge de la ville. La journée, elle faisait les tâches ménagères et s'occupait des courses. Cependant, leur ménage était devenu vide de vie sans leur fille. Les choses n'allaient pas : lui voulait se faire à l'idée qu'elle ait définitivement disparu, qu'il fallait tourner la page. Cela enrageait Leyla qui ne l'acceptait pas : « Comment pouvait-il l'oublier si facilement ? ». Une sorte d'animosité s'était emparé du ménage, une animosité silencieuse… 

 

C'est donc un matin où les deux ne travaillaient pas qu'ils se trouvait à la même table, en train de déjeuner. L'horloge de la maison sonnait dix heures, le petit déjeuner s'était encore déroulé dans le silence et les deux affichaient des mines sombres. Alors qu'elle s'était mise à ranger la table, Nathan l'interpella : 

— Ché- … Leyla. J'avais pour idée de louer la deuxième chambre- 

 

Elle le coupa subitement en claquant la vaisselle sur le comptoir puis lui donna un regard noir. 

— Tu connais déjà mon avis Nathan, c'est non ! 

 

Celui-ci tapa alors du poing sur la table et se leva de sa chaise en grognant : 

— Cela fait trois mois, trois mois ! On doit se faire une raison, elle ne reviendra pas ! Garder cette chambre vide est du gâchis. Tu sais très bien comme moi que la suite va s'annoncer compliquée. Je ne suis qu'en période d'essai, on ne va pas certainement avoir les fonds pour … 

 

— Tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi, tais-toi !!! cria Leyla. Comment ai-je pu me marier avec toi ? Où est passé le mari aimant que tu étais ?! Comment tu peux abandonner et faire comme si elle était déjà morte ! 

 

— Il faut se faire une idée Leyla … Ca fait trois mois … 

 

— J'en ai assez ! hurla-t-elle. J'ai besoin d'air. 

 

Elle regarda alors un instant son visage dans la glace. Elle recoiffa sa longue chevelure brune, tapota sa robe grise pour la dépoussiérer et paraître respectable. Elle lui intima : 

— Je vais faire les courses au marché. J'espère qu'avec un peu de réflexion tu reviendras sur ta décision… 

 

Elle attrapa ainsi un panier et se dirigea vers la porte pour sortir… 

 

 

Le même jour, Mylon, Adamantine et Marlène s'étaient rendu à une banque à la demande d'Adamantine. Avec ses trois années dans l'ordre des chevaliers d'Aladanne et son statut de noble, elle avait amassé une somme assez conséquente. Ce n'était pas exceptionnel comme les nobles de la famille Igniss. Elle retira étrangement 100 pièces d'argent qu'elle transporta dans une sacoche. Elle s'était aussi habillée d'une chemise bleue et blanche très digne, ayant plusieurs coutures comme un symbole d'oiseau… Le même que symbole que celui de son armure. C'est ainsi qu'en se dirigeant vers l'adresse des parents de Marlène que Mylon l'interpella après l'avoir dévoré du regard un bon moment : 

— Eh bien ! C'est qu'elle te va bien cette tenue mais elle te donne un air plus… Comment dire… 

 

— Oh, je sais, je sais ! s'exclama Marlène. Ça fait tellement princié et stylé ! Bon, c'est pas assez pour te faire passer pour un homme surtout que ça les fait ressortir … 

 

— Qu-quoi ?! rougit Adamantine. Je voulais juste porter cela pour ne pas inquiéter tes parents en montrant que c'est une membre de la noblesse qui t'a conduit jusqu'ici mais… Tu penses pareil Mylon ? 

 

Il se tenait le menton toujours avec un air sérieux. Essayant de vraiment se construire un avis clair, il dit : 

— Marlène a un peu raison mais… Cela ne me déplaît pas ! Cela fait bien ressortir tes yeux améthyste et ta belle chevelure rose-argentée. Pourquoi une femme ne pourrait pas paraître féminine et forte à la fois ? Je trouve que cela fait cet effet ! 

 

Elle se mit encore plus à rougir et ne sut plus où tourner le regard. Toutefois, ce qui déplut à Mylon furent les regards qu'elle recevait. Oui, elle attirait plus l'attention comme ça mais lui aussi les attirait. Ils ressortaient tout deux avec leurs couleurs de cheveux anodine : Adamantine venant de la noblesse et Mylon ressemblant à un Damné. 

On dirait qu'ils nous prennent pour des animaux de foires…  

 

Il se secoua cependant la tête. 

Non, non, essaye de rester plus positif… Toi aussi tu serais curieux si tu voyais quelque chose qui sort de la normal. Surtout qu'il y a Lazulis qui nous suit aussi. Un Piou ça se remarque... 

 

En parlant d'elle, elle s'exclama à Mylon sur ce sujet : 

« Les humains et leur mode. Je ne comprends même pas pourquoi vous portez des bouts de tissus ! On ne peut même pas voir votre pelage avec ça... » 

 

— Hurgh… souffla Mylon en tapotant gentiment le cou de Lazulis. Tu as vraiment une cervelle d'oiseau. 

 

« Bah, je suis un oiseau ! » 

 

— Malheureusement... 

 

Il la fixa ensuite alors juste d'un regard blasé, la laissant dans l'incompréhension. Toutefois, à mesure qu'ils se rapprochaient de leur destination, Mylon devenait de plus en plus pâle. Il le sentait, ses jambes tremblaient, un point se faisait ressentir de plus en plus dans son ventre. Toutefois, il affichait toujours un sourire, un faux sourire se devant de rassurer ses compagnons. Ce n'était pas une maladie non, il le savait. Il devait juste ne pas le montrer, tenir encore un peu… 

 

Ils arrivèrent ainsi tous les quatre devant une maison se trouvant entre deux autre. Elle avait l'air assez rustique comme toute les autres, fait de pierre et de bois comparé à ForteMarbre. Toutefois, à leur plus grande surprise, une personne venait tout juste d'en sortir. Tenant un panier, une femme brune et habillé d'une robe grise se tenait là. Elle le fit tomber ce qu'elle tenait quand elle les vit. Elle se mit à trembler puis tendit sa main dans la direction de la fillette aux cheveux rouges teinté de petites mèches blanches : 

— Ma-marlène !! 

 

C'était Leyla ! Elle se jeta sur Marlène qui répondit gaiement en faisant de même : 

— Maman !!! 

 

Leyla l'enlaça larmoyante pendant un moment. Elle n'en revenait pas ! Rêvait-elle ? Elle devait s'en assurer : 

— Ma-marlène c'est-c'est vraiment toi ?! Tes cheveux… 

 

— Oui maman, c'est moi ! Pleura de joie la fille en la revoyant. Je suis enfin rentrée… Il s'en est passé des choses. 

 

 

Lorsque Nathan entendit sa femme hurler le nom de leur fille, il n'en revint pas. Il s'empressa de sortir à son tour et la vit : c'était bien elle, sa fille, sa précieuse fille… Il en eut les larmes. Il s'était fait une raison, c'était le mieux qu'il y avait pour eux mais… 

— C'est, c'est un miracle ! balbutia t-il en ressuyant les larmes en dessous de ses lunettes. 

 

Il s'empressa à son tour d'enlacer les deux et se mit lui aussi à pleurer. S'excusant : 

— Je… Je suis désolé ! J'ai vraiment cru que tu étais… Pardon Leyla, tu avais raisons. Je n'aurais jamais dû douter. Ma petite Marlène ! Tu es vraiment là. 

 

— Papa !! Moi aussi? je suis contente de vous revoir. 

 

Ils restèrent un moment comme ça, devant leur maison à s'enlacer. Cela attira les regards mais les gens continuèrent tout de même leur chemin. Adamantine devant cette touchante réunion se ressuya une larme. Elle se mit à penser : 

C'est donc à ça que ressemble une famille qui s'aime ? Marlène… Tu es chanceuse, tu le sais ça ?  

 

Toutefois son attention se porta sur Mylon qui venait de… faire demi-tour ?! Il tremblait sans un mot puis se mit à partir. Toutefois, Leyla demanda à sa fille : 

— Mais comment tu es revenu ? Qui t'as sauvé et ramené ?! 

 

— La fameuse capitaine ? enchérit son père. 

 

Il remarqua alors Adamantine qui se tenait là et reconnut tout de suite le blason sur sa chemise. Il s'empressa de faire le salut que l'on fait aux nobles mais Marlène s'exclama : 

— C'est grand-frère et grande-sœur qui m'ont ramené ! Il faut que je vous les présente… 

 

— Grand-frère ? s'étonna Leyla. Attends, tu ne veux pas dire… 

 

Elle remarqua tout comme sa fille Mylon qui commençait à s'en aller. La fillette ne comprenait pas pourquoi il s'en allait sans un mot mais, c'est alors que sa mère interpela Mylon : 

— Attendez s'il vous plaît ! C'est vous n'est-ce pas ? Celui qui protégeait notre village, celui qui m'a sauvé en ramenant les herbes. Le dé- 

 

Marlène la coupa en tirant sur sa robe : 

— Mylon, il s'appelle Mylon ! 

 

Le démon azur ? s'étonna Nathan en serrant des dents. Pas lui ! Ce n'est pas une bonne nouvelle, que fait-il là ? Vous voulez dire que c'est lui qui a … ? 

 

Mylon lui s'arrêta lorsqu'elle lui adressa la parole. Il se retourna un instant, affichant toujours un faux sourire puis les salua sans mot avant de reprendre son chemin. 

Adamantine ne comprit pas la réaction de son amant. Elle voulut l'appeler et lui dire de rester mais fut prise de court par Leya : 

— Attendez s'il vous plaît ! 

 

Leyla se mit à courir après lui accompagnée de Marlène. Elle le retint en lui attrapant le bas de la chemise pendant que Marlène lui fit face. Le visage de la jeune fille fut teinté de surprise quand elle vit le sien. Ne pouvant pas le voir de son côté, Leyla continua : 

— S'il vous plaît, ne partez pas tout de suite. Je n'ai jamais pu vous remercier pour tout ce que vous avez fait, ni pour Marlène. Venez au moins à la maison pour aujourd'hui, vous n'allez pas partir comme ça quand même ? Et Marlène dans tout ça… 

 

Il les voyait bien, ces larmes sur le visage de Marlène mais sa propre vision se troublait. Il voulut répondre mais sa voix ne vennait pas. Sa gorge s'était serrée, c'était tout une vague d'émotions qui le submergèrent. Il fit donc un pas mais s'écroula à genou. 

— Je- 

 

Il ne put émettre de phrase et entra en sanglot. Marlène lui fit alors un câlin ne comprenant pas vraiment la situation, c'était la seule chose à sa portée. 

Adamantine qui s'était alors rapprocher fit face à la situation, perdue comme Marlène. Toutefois, quand elle le vit regarder ses propres mains, tremblant, elle se mit à comprendre. Elle se souvint de leur voyage et de ce qu'elle avait pu lire dans le journal. 

C'est ça… Dans le journal, il y avait cette histoire, celle de ses parents… Il y avait confié son impuissance face à ses pertes, cette tristesse d'être le seul à toujours survivre. « Plus jamais je ne perdrais quiconque » furent les mots qu'il hurla dans le complexe militaire face aux robots. Il a toujours tout fait pour réussir, pour nous protéger, pour ramener Marlène auprès de ses parents. Il a combattu monstres et hommes, il en est même venu à terrasser un dragon, un primordial de surcroît. C'est la première fois qu'il- C'est la culmination de toutes ces épreuves…  

 

Elle l'enlaça alors à son tour, à genoux et en pressant sa poitrine dans son dos. Elle lui caressa ainsi la tête, rendant l'attention qu'il lui avait porté quand elle était aussi au plus bas. C'est ainsi qu'elle lui intima : 

— Tu as enfin réussis Mylon. Tout tes efforts ont enfin porté leur fruit. C'est peut-être une fin mais c'est un début, non ? Regarde, on est toute deux là pour toi alors ne te renferme pas, ne fuis pas… Tu peux te reposer, apprécier l'instant présent que tu t'es enfin offerts. Cette réussite, n'est-elle pas une preuve que tu viens enfin de vaincre le passé ? 

 

Les mots de son amour le touchèrent. Adamantine avait dans le mille. Cet état, c'était le stress, le soulagement, la tristesse, la douleur, la joie, la déception, la peur, l'angoisse : la retombée de tout ce qu'il avait subit depuis la mort de ses deux familles. L'homme sûr de lui et froid, souvent empreint à la colère et au besoin de protéger, capable d'humour ainsi que d'amour et de gentillesse mais surtout, celui qui surmonte toutes les épreuves sans chigner venait d'enfin se lâcher. C'était une des parties de lui qui n'allait pas s'en aller, non, mais une partie qui venait d'enfin se briser ici. Se briser pour se reconstruire et ce grâce à cette nouvelle « famille » qu'il s'était formé. Il se laissa donc aller encore un instant, cela lui fit du bien, un bien fou. Un bien qui n'était que permit grâce à la présence de ces deux-là mais aussi de Lazulis qui vint lui léchouiller le visage…