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Arc 3 - Épisode 8 – Le Torrent contre L'Iceberg. Une Discussion Entre Éléments

Dans le fameux glacier d'Irn, Yoru est toujours figé à l'intérieur de la prison de glace qui, depuis le temps passé, se retrouve couverte de neige. La sphère d'eau liquide, Suisei, atterrit, amortie par un cône de glace. Peu après, Shipé atterrit. Seule l'épaisse neige au sol l'empêche de subir des dégâts de chute. Il se réveille dû au froid et se relève.

« Où suis-je ? Qui m'a embarqué ici ?! Qui a fait ça ?! Montrez-vous ! »

Pris de fureur, il active son aura. Une bourrasque de neige, provoquée par Suisei, vient le calmer.

« J'ai horreur de la violence. Ne me force pas à y avoir recours. » alerte Suisei sous un ton calme et posé.

« Qui es-tu ? C'est toi qui m'as amené ici ?! Réponds ! » exige-t-il en dégainant son épée.

« Assez ! »

Son sursaut d'aura repousse Shipé qui se protège à temps afin de ne pas se faire emporter. Quelle force ! Lorsqu'il pose les yeux sur elle, il distingue un nombre incalculable de débits tournant tous en rond, dans des angles différents.

« Comment suis-je sensée gérer ça ? »

« Tu es un Enijiakku déguisé c'est ça ?!… Tu vas payer pour m'avoir barré […] »

« Ejedmar Ilwai. »

De la neige vient l'entourer, comme avec Yoru, et se givre afin de former une prison identique à celle du Zigrik. Le Shirenai amplifie son aura.

« J'en ai assez de ces conneries ! Je suis venu chercher ma source de puissance ! Rien ni personne ne m'en empêchera ! Je vais nettoyer la surface de Faironne de ces vermines ! Nous aurons le règne absolu et plus personne n'osera nous contredire ! A commencer par toi ! Sale Enijiakku ! »

Sa lame fait place à un flux d'eau perpétuel. Devant l'immaturité flagrante de celui qui veut tant la tête de Kigen, Suisei ne daigne répondre.

« Awor ! »

Un torrent d'eau d'un débit tonitruant fonce à vive allure vers la divinité de l'eau.

« Gibarolaï. »

L'élément de l'eau envoie une onde, beaucoup plus forte que celle qui avait atteint sa première victime depuis des lustres. Elle gèle instantanément l'assaut de l'épéiste. Ce dernier a malgré tout le réflexe salvateur de mettre fin à son attaque pour éviter de se faire geler. Ayant horreur qu'une présence féminine lui fasse barrage une nouvelle fois, il fonce vers elle à vive allure.

« Gibarolaï ! »

Une seconde onde, plus rapide et plus intense, est produite. Cette différence notable surprend l'assaillant qui, cette fois-ci, ne trouve aucune parade. Il se fait gelé de manière quasi-instantanée.

« Quel manque de respect ! »

Toutefois, intriguée que de nouvelles personnes tentent l'impossible, elle donne naissance à deux fins jets d'eau, protégés par une légère aura bleue du froid, qui viennent jusqu'aux prisons. Ils tournent sur eux-mêmes afin de créer des perceuses aquatiques, empalant ainsi les sphères. Celles-ci se remplissent d'eau. Les jets restent actifs, reliés à Suisei. Le pauvre mercenaire se retrouve allongé, près d'une colonne de glace, sur une plate-forme similaire à celle observée auprès de Tencubo et son élément, plongée dans un décor entièrement noir. Contrairement à cette dernière, une brume entoure l'endroit. Autre différence qui a son importance : il n'est pas seul. En effet, Yoru aussi est allongé près d'une autre colonne de glace. Ils se réveillent en même temps et se relèvent à moitié, se demandant tous les deux qu'est-ce qui a bien pu se passer. Après quelques instants, la tête dans les nuages, ils se voient.

« Toi ! Je te reconnais ! Qu'est-ce que tu fais ici ? » interpelle à vive voix Shipé.

« Je n'en sais rien ! J'ignore totalement où j'ai pu débarqué. Ou mieux encore, si je suis vivant ou non. Donc, désolé si je ne peux pas plus vous éclairer. »

« Mais dis donc.... T'es un Enijiakku il me semble. »

« Jusqu'à la dernière nouvelle, oui. Pourquoi ? »

« Ne serait-ce pas toi qui m'as emmené ici ?! »

« Quoi ? Mais pas du tout ! Comment en serais-je capable ? Cela nécessiterait une connaissance tellement profonde de la maîtrise énergétique que [...] »

« Awor ! » interrompt brutalement son homologue élémentaire.

Tout juste après avoir sorti son arme blanche de son fourreau, il produit un fort torrent. Yoru ouvre rapidement son grimoire.

« Oder Ilwaï ! »

Grâce à un mur de glace qu'il produit, il se protège. Malheureusement pour lui, la puissance de son adversaire est telle que sa protection fétiche commence à se craqueler. Après tout, le pauvre Zigrik reste encore bien affecté par la confrontation qu'il a eu au glacier.

« Vous faîtes erreur ! Je vous l'assure ! »

« Bien sûr ! Comme si j'allais croire un membre de votre espèce ! D'ailleurs, un des tiens essayait de pitoyablement me convaincre qu'il n'en était pas un et que ce traître de Kenshiro l'entraînait. »

Tout de suite, Yoru sait de qui il s'agit. L'a-t-il tué ?

« Bref, votre ramassis de mensonges habituel. J'allais régler son compte à ce corrompu quand un étrange éclair a débarqué. Après, plus rien. Des trucs comme ça, c'est de vous ! »

« Je n'ai rien à voir avec ce qu'il vous est arrivé ! J'étais aussi au glacier quand de l'eau liquide m'a gelé ! »

Le Shirenai, étonné par la réponse, met brusquement fin à son attaque. Le mur du Zigrik disparaît en fondant.

« Qu'as-tu dit ? De l'eau liquide ? »

« Oui ! »

« Il me semble avoir connu la même chose. »

Sous un élan foudroyant de curiosité, Yoru ouvre son grimoire et commence à chercher une explication. Point intéressé par l'activité de ce dernier, dans la quête d'un moyen de sortir de ce piège sordide, le Shirenai scrute l'environnement et essaye d'interagir avec. Sans résultat.

« Quel endroit étrange... »

Soudain, une petite partie de brume et de la glace craquelée des colonnes viennent se réunir non loin du milieu de la plate-forme. Le Zigrik arrête de feuilleter. La sphère qu'ils ont croisée réapparaît alors.

« Te revoilà ! » crie avec rage l'épéiste en réactivant instantanément son aura.

« Ne fais pas ça ! » préconise Yoru.

« Olowar ! »

Il lui envoie une vague d'eau grâce à un mouvement de lame. Cette dernière s'éclate tout près de la sphère sans la toucher. Les deux affiliés, en constatant ceci, ne peuvent qu'être stupéfaits. Cette chose a anéanti cette attaque avec une facilité terrifiante. De la brume vient se condenser au-dessus de Shipé.

« Attention ! Au-dessus ! » prévient le Zigrik.

« Juntkar ! »

Malgré l'avertissement de son homologue élémentaire, l'eau condensée vient s'abattre sur lui à une vitesse monumentale, le plaquant violemment au sol. C'était un changement d'état quasi-instantané ! Comment est-ce possible ?

« J'ai horreur qu'un être qui m'est affilié m'agresse de la sorte. »

La sphère prend alors forme humaine. Suisei se dévoile alors, corps féminin, longue tresse sur le côté, fine, portant une longue robe à la romaine. Les éléments sont de véritables personnes ? Cette révélation choque les deux candidats au Kuwanoren.

« Ça vous étonne autant que ça ? On ne vous a rien expliqué ? »

« Je me suis fait avoir par une femme... Encore... Décidément ça devient une habitude bien emmerdante ! »

« Toi, le Zigrik, pourquoi es-tu venu jusque chez moi ? »

« J'ai été embauché par un Shirenaï afin de participer à un tournoi qui aura lieu dans son village, et qui désignera un nouveau Conseil. »

« Quoi ?! Qui t'a embauché ? »

Aucune réponse directe de la part de Yoru. Cependant, le regard qu'il lui lance en dit suffisamment.

« Oh... Je vois... Cet arrogant de Tetsuo ou cet incompétent de Tencubo ! Ou les deux ! Un conseil, Enijiakku, retire toi immédiatement avant que tu le regrettes ! »

« Puis-je savoir pourquoi exactement ? Veuillez m'excuser d'avance mais, il me semble, si je ne dis pas de bêtises, que tout élémentaliste peut y participer. Alors, en toute logique, je suis éligible pour y participer. »

« Il est hors de question que tu participes c'est tout ! »

« Pardon. Quelque chose me chiffonne dans toute cette histoire. Toi, le Shirenai. Pourquoi t'es-tu déplacé chez Denki ? Ce n'est pas le lieu approprié. » soulève Suisei.

Cette affirmation étonne l'homme au grimoire. Son mentor lui avait effectivement fait mention des quatre hauts lieux élémentaires de Faironne, dont le glacier d'Irn et cet endroit-là. Seule la foudre y règne. Pourquoi est-il venu là-bas ? Tout de suite naît en lui le fait de le soupçonner d'une certaine débilité.

« Atteindre le Kuwanoren ! » s'exclame-t-il le torse bombé d'orgueil.

Autre affirmation choquante pour le Zigrik. Si un tel individu parvient à prendre les rennes de Kigen, ce sera un chaos pour lui et les siens.

« Et j'étais en mesure de le faire si personne ne s'était mêlé à mon duel contre ce traître de Kenshiro ! »

Là aussi, autre choc. Pourquoi y était-il aussi ? Sa maîtrise de l'énergie neutre couplée à celle de son élément suffit complètement ! Quelque chose ne tourne pas rond. C'est ce que pense en tout cas le Zigrik.

« Je ne prends partie pour personne. Je vais accéder à vos requêtes. »

Seul Shipé ne comprend rien à son langage. Mais l'expression à mi-chemin entre l'émerveillement et la stupéfaction présente sur le visage de son homologue élémentaire suffit.

« J'ai lié vos esprits. »

« Qu'est-ce qu'elle raconte ? » demande l'épéiste.

Aucune réponse de la part de Yoru. Aucun avancement dans cette histoire invraisemblable chauffe les nerfs de l'épéiste.

« Oh ! Je te cause ! »

« Maintenant vous réclamez quelque chose de la part d'un Enijiakku comme vous aimez nous appeler ? »

« Ne joue pas avec moi ou on règle ça maintenant ! »

Alors qu'il se dirigeait avec lui, lame en main, prêt à lui asséner un coup, Suisei, remarquant le calme olympien de Yoru, le stoppe tout de suite en le repoussant grâce à un puissant jet d'eau.

« Pour réussir, vous devez assimiler toute la quantité d'eau qui correspond à votre état. Attention toutefois à ce qu'il ne vous domine pas. »

Sans perdre un seul instant, l'homme au grimoire se dirige vers l'une des deux colonnes de glace présentes sur les lieux et la touche vers sa main droite. Commence ainsi sa profonde concentration. Le monticule commence à briller. Le Shirenai, une fois remis sur pieds, aperçoit la scène. Hors de question qu'une énergumène de son espèce accède au Conseil ! Ainsi, il cherche quoique ce soit s'apparentant à de l'eau liquide, seul état qu'il domine parfaitement. Au bout de quelques secondes infructueuses, il remarque la présence d'un courant d'eau sous la brume, bordant la plate-forme. Il y plante sa lame et entame enfin le processus, en copiant Yoru. Pour qu'aucun bain de sang ne vienne salir cet endroit, Suisei préfère rester. Soudain, un petit morceau de la colonne se détache et se transforme en une sphère bleue lumineuse venant s'incruster dans le Zigrik. Son aura se réactive d'elle-même, légèrement plus grande que d'habitude. Ressentant le changement en cours chez un Enijiakku, Shipé amplifie ses efforts et parvient au même résultat. C'est lui qui accédera au Kuwanoren en premier ! Cela a de quoi susciter l'intérêt de la spectatrice. Les êtres vivant actuellement dans Faironne, malgré leurs défauts, sont fascinants. Pendant ce temps, alors que Tencubo était en pleine méditation, trois courants viennent s'incruster en lui. Sans cesse il se répète un unique mot : harmonie, la clef de la réussite. Les autres courants commencent à se resserrer autour de lui. Il lui arrive parfois de penser aux autres. S'en sortiront-ils ? Hotto, son élément, sous sa forme flamboyante sur son volcan, garde le corps du Shirenai. Il voit une légère aura rouge émaner de lui, signe évident de sa progression. Puis, de légères lignes rouges rayonnantes le long de ses bras.

« Continue comme ça petit. Mais ne te laisse pas submerger. Ou tu le paieras de ton corps. »

Entre temps, Kenshiro, dans son espace spirituel, assimile trois courants électriques. La sphère d'énergie neutre planant en face de lui grossit encore. L'exilé se dit que, lorsque le tournoi sera terminé, il pourra sans doute reprendre la maîtrise si durement acquise du ki. En effet, il ne compte pas faire du Kuwanoren un acquis permanent, juste un ultime atout. Après tout, l'enseignement auprès des Kiyuzas représente pour lui une richesse insoupçonnée. Et, avec la possibilité d'un retour d'Aritsune et Daigaku, il préfère multiplier les cordes à son arc. Denki, après une observation soignée, quitte l'endroit pour débarquer dans un espace intégralement blanc. Chijo est là, sous sa véritable apparence : un homme d'environ 1m80, bracelets de force en cuir, tunique aussi pale que du sable, sarouel brun, cheveux courts et masque sur la tête, ressemblant fortement à celui que portait Tetsuo.

« Pourquoi tu ne le surveilles pas comme chacun de nous doit le faire ? Hotto s'occupe du sien en ce moment. Et Suisei en a deux, dont celui que tu as voulu qu'elle éjecte de ton coin. » demande-t-il à celui qui vient de le rejoindre.

« Le mien est assez mature et réfléchi pour s'en sortir seul. Il sait ce qu'il fait, et connaît les risques. Il n'a pas besoin de moi. C'est rarissime d'ailleurs... Comment ça se fait que tu sois là toi ? »

« Personne ne me demande en ce moment. Donc pas besoin que je me matérialise. Et avec celui que j'ai formé, ma relève est assurée. »

« Tu es bien trop sûr de toi. En même temps, ta jeunesse t'excuse. »

Cette petite pique parvient à provoquer un petit rire chez l'élément de la terre au lieu de l'énerver.

« Il avait réussi ? » poursuit Denki.

« Par Faironne, il était très doué. Si nous nous étions rencontrés lors de mon vivant, il m'aurait été impossible de dire qui de nous deux l'aurait emporté. »

« Quelque chose ne t'a pas choqué ? »

« Quoi donc ? »

« Nous avons tous les quatre ressenti le retour des énergies interdites. Tu m'affirmes qu'il a atteint son Kuwanoren. Alors pourquoi il ne l'a pas utilisé face à elles ? Si tu le dis si doué que ça, il aurait pu en affronter au moins une. Ou même mieux, empêcher leur réveil. »

« Je l'ignore... Tout ça devient trop suspect... Si j'étais encore parmi eux, j'aurais enquêté et trouvé ce qui cloche. »

« Ce serait moi, j'aurais régler tout ceci à ma manière. »

« Arrête de dire des conneries. Tu sais très bien qu'on ne peut pas agir comme on le veut sur Faironne sans un risque de tout détruire. Vous m'avez tout appris. J'ai accepté ce rôle à bras ouverts. J'honorerai l'héritage qui nous est dû. »

« Malheureusement, son état se détériore. »

« Qui sommes-nous pour agir à leurs places ? Ce n'est pas notre fonction. Ce n'est plus la mienne. Mais c'est vrai qu'avec les récents événements... J'ai un mauvais pressentiment. »

« Nous verrons bien, Chijo. »

Dès qu'il prononce son nom, l'élément de la foudre se retient de rire.

« Quoi ? »

« Sérieusement, pour le rôle que tu as entre tes mains, il faudra un jour que tu arrêtes avec ce surnom ridicule. »

« Je t'interdis de dire ça, Denki. Figure-toi que c'était le prénom que j'avais retenu au cas où j'aurais eu une descendance. Bon, malheureusement ce ne fut pas le cas... Quoique... Avec celui que j'ai formé, on pourrait en débattre. »

« Tout ça m'énerve. Laissons-les. »

« Hors de question. Les Shirenais actuels auraient bien besoin de plus d'êtres comme celui que tu étais sensé surveiller. Ils n'en seraient pas là. »

« Et concernant les deux Kiyuzas qui traînent en ce moment ? On en parle peut-être ? Devrais-je rappeler à Monsieur que c'est aussi à cause d'eux que des Shirenais du même calibre que le mien ne puissent pas voir le jour. C'est également à cause d'eux que nous avons ressenti un déclin global de l'énergie circulant sur Faironne il y a pas longtemps. Alors, à moins que tu veuilles notre mort, il serait peut-être enfin temps d'agir, non ?! »

« Lorsque leur moyen de neutralisation énergétique sera à nouveau opérationnel, la faille sera ré-ouvrable. À moins qu'elle ne soit forcée avant. »

La dernière phrase de son collègue géomancien l'étonne au plus haut point. C'est réellement possible ça ? Mais alors, à quoi ça sert d'inventer de telles choses sensées écarter toute menace envers Faironne s'il est possible de les déconstruire ?

« En toute honnêteté, ça m'étonnerait beaucoup. Nous ignorons beaucoup de choses comme par exemple comment ça fonctionne. Et, si tu veux compter sur une intervention directe, c'est raté, tu le sais. »

« Oui, pas besoin de me le rappeler. Par Faironne... Laisser notre monde chéri dériver de la sorte... Si seulement… »

La frustration qui l'anime se traduit par de l'électricité qui émane de lui avec une quantité grandissante. Comment, alors qu'il est sensé incarner l'une des quatre divinités existantes, ce surnommé Chijo peut-il resté aussi détendu ? Sa passivité trop persistance l'agace de plus en plus. Soudain, un jet de sable l'interrompt.

« Du calme. Faisons leur confiance. Je t'en prie. Je crois sincèrement qu'ils sauront comment procéder quand ça se gâtera. Ce que j'ai laissé derrière moi vit encore en eux. J'en suis intimement convaincu. Si ce n'était pas le cas, nous aurions vu un désordre total s'opérait au fil du temps. Kigen a survécu. Je les ai guidé. »

Un intense échange de regards opère entre eux. Malgré sa vision sur les événements en cours, l'élément de la foudre, compte tenu de la valeur de leur rôle et du discours saupoudré d'arguments fiables de son collègue élémentaire, se trouve dans la position inconfortable d'admettre pour le moment qu'il a totalement raison. Ceci se traduit pas un long soupir, témoin d'un certain dégoût quelque part.

« Certes… Prie Faironne qu'elle puisse te donner raison. Mais n'écarte pas l'idée que, si les conditions sont remplies, je franchirai l'interdit et m'en occuperai personnellement. La survie de notre monde est plus important que tout le reste. Nous en sommes les gérants et j'aimerais bien en devenir le garant ! »

« Je te remercie profondément. »

« C'est la dernière fois ! Je commence à en avoir plus qu'assez de leurs enfantillages ! » s'exclame-t-il avant de s'isoler, en enlevant le sable qui restait encore sur lui.

Malgré l'optimisme dont il a fait preuve face à son collègue, l'élément de la terre ne peut s'empêcher d'éprouver certaines inquiétudes. Ce sentiment perturbateur ramène en lui un souvenir bien particulier, survenu il y a près de deux cents ans avant la brutale amnésie provoquée par Fraya sur celui qui deviendra le porteur de l'Hoshaku. Chijo, dont le corps était à ce moment-là uniquement composé d'une lumière verte luisante, face masqué contre sol, se réveilla dans cet espace bien énigmatique. Soudain, des mots prononcés dans l'ancien dialecte viennent le réveiller. En se retournant, il découvrit Hotto, Suisei et Denki, en compagnie d'une autre personne d'un certain âge, vêtu tel un ermite , à la longue barbe blanche mais dont la stature tranche avec ce qu'on attendrait d'un tel être. Ces personnes continuent de lui parler dans cette langue qu'il ne comprend absolument pas. S'apercevant que le nouveau semble totalement perdu, les éléments ne savent pas quoi faire.

« Shirenai... M'entends-tu ?... Ici, Ki-Ramen. Je suis capable de communiquer avec toi grâce à l'infime partie de ki encore présente en toi. Dès qu'elle n'existera plus, je ne pourrais plus être avec toi. Tu es en présence des quatre éléments d'après ce que j'entends. Tu ne comprends rien venant d'eux ? Ne t'inquiète pas. Je suis là. » lui parla une autre voix dans sa tête.

« Bienvenue chez nous, jeune homme. » annonça une nouvelle entité jamais rencontrée jusqu'à présent, après que les mots de l'ancien dialecte soient remplacés par ceux de sa langue dans un étrange fondu sonore.

« Euh... Bonjour. »

Sa réaction rassure les divinités.

« Tu es le premier depuis longtemps à être mort en ayant atteint le Kuwanoren de son vivant. »

Point habitué à ce langage-là à l'époque, le Shirenai ne comprit rien à ce qu'on lui racontait. Intervint alors le seul élément apte à établir une communication entre eux.

« Bonjour, jeune inconnu. Je suis Denki. Tu es ici chez nous, les éléments. »

« Faironne fit don de son pouvoir à quatre élus. Afin que son chef d'œuvre ne se termine en un chaos indescriptible, nous fûmes cloisonnés dans cette dimension nous permettant de contrôler nos puissances. Lorsqu'un être comme toi atteint le stade du Kuwanoren, à sa mort, au lieu que son énergie ne revienne à son élément, il atterrit ici. C'est ainsi que je fus le nouvel élément de la foudre. Et maintenant, c'est à toi de succéder à celui de la terre. » lui délivre Hotto.

Ce dernier lui tendit la main. Aussitôt, toutes ces informations bien implantées en lui, Chijo ne put s'empêcher de verser quelques larmes, ce qui ne manqua pas d'émouvoir Suisei et Hotto. Après un moment d'inaction, comme si l'hésitation qui y régnait ne lui amenait que de l'amertume, il se décida à la prendre. S'effaça alors lentement, grand sourire, celui qui fut son prédécesseur. Tel est le fardeau de ceux qui vivent ici, longtemps oui, mais jusque quand ? Ce souvenir clos, guidé par la pique adressée envers son surnom, ainsi que par les événements en cours, Chijo brise son masque. Le bruit qui l'accompagne surprend la foudre. Le visage d'un homme aux mille tourments sent à nouveau autre chose qu'une roche glaciale et rêche : celui de Densetsu.