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Chapitre 29

L'aube pointait à peine, et une brume épaisse enveloppait les montagnes lorsque Aniaba rassembla les villageois qu'il avait sauvés. Les visages fatigués et marqués par la peur reflétaient la réalité de leur situation : ils avaient échappé à une capture certaine, mais leur sécurité était loin d'être assurée. Aniaba, bien que blessé, se tenait droit, ses yeux brûlant d'une détermination farouche. Sous la douleur lancinante de ses blessures, il pouvait déjà sentir une énergie étrange à l'œuvre. Ses plaies, bien que ouvertes, donnaient l'impression de se refermer lentement, comme si sa chair refusait de rester brisée.

— Nous ne pouvons pas rester ici, déclara-t-il d'une voix ferme. Les chasseurs reviendront, et ils seront plus nombreux. Mais je refuse de laisser cela se reproduire.

Un murmure parcourut l'assemblée. Les villageois étaient reconnaissants, mais ils étaient épuisés, incapables de comprendre comment ils pourraient survivre à une nouvelle attaque. Aniaba leva une main pour imposer le silence.

— Je vais vous conduire dans un endroit sûr, mais pour cela, je dois savoir si vous êtes prêts à me suivre.

Un homme s'avança, son regard mélangeant respect et scepticisme.

— Tu as déjà fait beaucoup pour nous. Mais qu'est-ce qui nous garantit que nous ne serons pas de nouveau traqués comme des animaux ?

Aniaba inspira profondément. Il comprenait leur doute. Il savait que ses dons le mettaient à part, mais il était temps de les utiliser pour rallier leur confiance.

— Je ne peux pas garantir que nous serons en sécurité à jamais. Mais je peux vous garantir ceci : tant que je vivrai, aucun d'entre vous ne sera abandonné. Je protégerai chaque vie ici, au prix de la mienne s'il le faut.

Les murmures s'arrêtèrent, remplacés par un silence pesant. Puis, lentement, les têtes hochèrent en signe d'approbation. Aniaba esquissa un sourire discret.

Pendant ce temps, dans un campement situé à plusieurs kilomètres de là, le chef des chasseurs était réuni avec ses hommes. La table improvisée devant lui était couverte de cartes et de rapports griffonnés. Ses yeux, injectés de sang, trahissaient une colère froide et une détermination implacable.

— Il ne s'agit plus de simples marrons, grogna-t-il. Nous avons affaire à un monstre. Mais tout monstre peut être abattu.

L'un de ses lieutenants, un homme maigre au visage ravagé par des cicatrices, se pencha sur la carte.

— Nous savons qu'ils se dirigent vers les hauteurs. Il y a plusieurs villages marrons cachés dans cette région. Si nous attaquons ces lieux, il viendra. Il ne pourra pas résister.

Le chef hocha lentement la tête, un sourire sinistre étendant ses lèvres.

— Alors nous brûlerons ces villages. Chaque refuge, chaque cachette. Et lorsqu'il se montrera, nous serons prêts.

Aniaba et son groupe progressaient à travers la forêt dense. Les chemins étaient difficiles, mais chaque pas les rapprochait de leur destination. Aniaba, en tête, surveillait les environs avec une vigilance accrue. Ses blessures le faisaient souffrir, mais il n'avait pas le luxe de ralentir. Et pourtant, il ressentait cette étrange sensation : chaque pic de douleur était suivie d'un apaisement, comme si son corps refusait de faiblir. Ses muscles se régénéraient lentement, et même les coupures les plus profondes semblaient déjà commencer à se refermer.

Ils atteignirent finalement une clairière isolée, bordée de grands rochers et de feuillages épais. C'était un endroit stratégique pour une halte temporaire. Alors que les villageois s'installaient, Aniaba s'éloigna pour réfléchir. Les mots du chef des chasseurs le hantaient encore. Il savait que cette guerre ne serait pas gagnée par la fuite seule.

Le Baron Samedi apparut alors, comme sorti des ombres. Son sourire habituel était étrangement absent, remplacé par une expression grave.

— Tu fais bien, mon champion. Mais sache que chaque choix que tu fais renforce tes ennemis autant qu'il te renforce toi. Es-tu prêt à accepter cela ?

Aniaba releva la tête, le regard fixant celui du Baron.

— Je ne les laisserai pas gagner. Mais je dois savoir : pourquoi ce jeu ? Pourquoi moi ?

Le Baron esquissa un sourire énigmatique.

— Parce que tu es celui qui peut changer les règles. Mais souviens-toi, Aniaba, tout pouvoir a un prix. Et le tien, tu le paieras bientôt.

Puis il disparut, laissant Aniaba seul avec ses pensées. Le prince savait que les jours à venir seraient cruciaux. Il devait préparer son groupe à affronter la tempête qui s'annonçait.

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