Braises et Cendres

Jeames Sencler n'était pas baron... encore.

Jeames était né paysan et ils n'avaient eu des liens plus étroits que parce que sa mère avait travaillé au Manoir Lux. C'était avant qu'il ne décide de poursuivre son rêve de devenir aventurier. Grandissant, Jeames était une personne heureuse et pure, si authentique qu'il serait gênant de l'accuser de faire quelque chose de mal.

Cette personnalité pure était la raison pour laquelle elle a commencé à l'appeler son seul ami lorsqu'elle avait douze ans. Bien que ses sentiments ne se développent qu'après l'avoir revu, elle avait toujours ce rêve de se marier avec quelqu'un comme lui lorsqu'elle fut envoyée loin du Manoir Lux.

Bien qu'elle n'ait rien entendu à propos de lui après être revenue, elle savait de sa vie antérieure que Jeames avait suivi son rêve et était devenu aventurier. Malgré son talent à l'épée, il a choisi de visiter des ruines avec l'espoir d'accomplir quelque chose qui le sauverait, lui et sa mère.

L'homme n'était devenu baron que par chance. Il était devenu un riche entrepreneur en vendant des artefacts et le Roi lui avait donné le titre de Baron à cause d'un artefact qu'il avait trouvé.

Rosalinde ne savait pas comment Jeames et Dorothy étaient devenus plus proches. C'était en fait Dorothy qui l'avait poussée à poursuivre Jeames dans sa vie passée et l'avait utilisé pour éviter le mariage avec le Duc.

Elle fixait l'artefact. Il ressemblait à une pierre noire.

Personne ne voudrait acheter cet artefact et Jeames finirait par le remettre dans sa cachette, pensant que cela était inutile.

En se basant sur la ligne temporelle actuelle, l'homme venait probablement de revenir de l'une de ses aventures. Ce qui signifie qu'il avait beaucoup de reliques à vendre.

Elle plissa les yeux en le regardant.

Il semblait qu'il y avait eu beaucoup de changements depuis sa réincarnation. La ligne temporelle de sa vie passée était plus lente que celle actuelle.

Et cela pourrait être à cause d'elle.

"C'est vrai ! Vous ne comprenez pas, c'est— "

"Cet homme essaie de m'escroquer !" dit soudainement le marchand. "S'il vous plaît, appelez la garde de la ville ! Cet homme me harcèle ! S'il vous plaît— "

Jeames ne laissa pas l'homme finir ses mots. Gêné, il s'enfuit précipitamment.

Voyant cela, elle plissa les yeux et se dirigea dans l'autre direction de celle où Jeames s'était enfui. Elle n'avait qu'un seul objectif en tête pour ce voyage. Elle va se procurer la relique que Jeames avait en sa possession.

Bientôt, elle trouva le bar qu'elle cherchait. Avant d'entrer, elle s'assura d'utiliser la Bénédiction de la lumière pour créer une illusion qui ferait se plier la lumière sur son visage.

C'était semblable à porter un masque, mais le sien était fait en réfractant et ajustant la lumière ambiante.

Confidente que personne ne la reconnaîtrait, elle entra et alla directement au comptoir.

"Je veux acheter un jus sombre avec lait et vin," dit-elle. C'était un code secret qu'elle avait appris dans sa vie passée. Pour accéder à la partie la plus sombre et la plus secrète de la ville, on avait besoin d'un tel code.

Pendant quelques secondes, le barman la regarda puis il hocha la tête. "Allez à l'arrière. Le jus est là."

Elle sourit et suivit ses instructions. En passant par la cuisine, elle accéda à l'arrière du petit bar. Lorsqu'elle ouvrit la porte, une calèche banale et sans prétention l'attendait déjà.

"Utilisez ceci pour couvrir votre tête," un vieil homme lui tendit un sac. Elle obéit sans dire un mot. Après avoir recouvert sa tête avec le sac, le vieil homme l'aida à monter dans la calèche.

Elle n'était pas réellement surprise lorsqu'elle remarqua qu'il y avait déjà des gens à l'intérieur.

Bientôt, la calèche se mit en mouvement, mais il ne fallut qu'une minute avant qu'ils ne s'arrêtent.

"Vous pouvez enlever le sac maintenant. Sortez et payez avant d'entrer."

Les quatre personnes dans la calèche obéirent.

Tous portaient des masques, sauf Rosalinde, mais aucun d'eux ne lui accorda un second regard. Ils devaient savoir qu'elle utilisait une sorte de mécanisme pour cacher sa véritable apparence. Souriant, elle sortit de la calèche et paya sa dette.

Heureusement, la Famille Lux ne manquait jamais de lui envoyer des cadeaux et de l'or pour la 'dédommager' de ne pas lui rendre visite depuis son arrivée. C'était une manière de sauver les apparences.

Dix pièces d'or n'était pas une petite somme, mais on devait payer pour avoir accès à tout ce qui se trouvait à l'intérieur de cet endroit. Après avoir payé, elle suivit un préposé jusqu'à un box. Une fois la porte fermée, l'intérieur du box se transforma immédiatement en celui d'une porte. Elle savait que cette porte la conduirait à Braises et Cendres, le plus grand marché souterrain de l'empire.

La scène qui l'accueillit était presque la même que celle qu'elle avait vue dans sa vie passée. Des esclaves se faisant battre mouraient toujours sur le bord de la route. Des enfants, des femmes et même des nourrissons étaient alignés, enchaînés et en pleine exposition pour tous ceux qui étaient là pour les acheter.

"Bonsoir Mademoiselle, je suis Marcela." Un enfant dont la taille atteignait sa poitrine s'approcha d'elle. "Je peux vous guider vers les meilleurs endroits du marché pour seulement cinq pièces d'argent."

Rosalinde n'hésita pas. Elle tendit à l'enfant dix pièces d'argent.

"C'est plus que— "

"Amenez-moi à l'endroit le plus calme du marché."

L'enfant la regarda comme si elle voulait savoir si Rosalinde plaisantait. Après tout, elle était au beau milieu du marché noir. Comment pourrait-on trouver un endroit comme celui-là ? Au bout d'un moment, l'enfant hocha la tête. Elle saisit les dix pièces d'argent puis les glissa dans la poche de sa robe qui était deux tailles trop grande pour elle.

"D'accord," dit Marcela. "Puisque cette Mademoiselle est très aimable... Je vais vous emmener à l'endroit le plus calme du marché."

Rosalinde hocha la tête. Cependant, ses yeux n'étaient plus concentrés sur l'enfant. Elle fronça les sourcils en observant le dos familier de l'homme qui marchait devant elle.

Pourquoi cet homme viendrait-il ici ?

Rosalinde était certaine qu'elle regardait le dos de l'homme aux yeux rouges. L'homme impoli qui avait posé un couteau contre sa gorge lors de leur première rencontre.

"Mademoiselle ?"

"Oh... Désolée... J'ai cru voir quelqu'un. Allons-y."

Au moment où elle et l'enfant partaient, l'homme qu'elle avait vu s'arrêta de marcher et regarda autour de lui. Ses yeux rouges, qui avaient été changés en bleu juste pour cette visite, essayèrent de trouver la personne qui venait de le fixer, en vain.

"Denys... qu'est-ce que tu fais ?" une voix claire presque féminine interrompit sa stupeur. Il lança un regard furieux à l'homme portant un masque rouge flamboyant.

"Rien. Nous devrions y aller. Le Duc attend."