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Bal épouvantable

Adeline ouvrit lentement le livre. Ces derniers temps, Tante Eleanor lui avait interdit de lire au lit, car elle avait besoin de son "sommeil de beauté". Cependant, aucune quantité de repos ne pouvait changer le regard sombre d'Adeline.

"Voyons… où en étais-je restée ?" Adeline avait choisi un livre au hasard parmi les étagères. Il aurait été beaucoup plus judicieux de se servir de la lampe de poche en premier, avant de piocher dans son immense sélection.

"Trop tard pour regretter maintenant," marmonna-t-elle.

Adeline vérifia la couverture du livre. "L'Avènement de Xueyue," murmura-t-elle. 

Clignant des yeux avec curiosité, elle se souvint qu'il s'agissait d'une bibliographie historique remontant à des siècles et des siècles plus tôt. Au vu de l'épaisseur du roman, ce n'était pas la version abrégée. 

"Ah, trouvé !" Le feuilletage d'Adeline s'était enfin arrêté. Son marque-page était coincé en plein milieu des pages, les contours métalliques fins dépeignant un phénix s'élevant avec une longue queue plumeuse.

"Petite biche…" Adeline plissa les yeux en reconnaissant le surnom familier. Dans le roman, il était échangé d'un Commandant à l'héroïne.

"Ha, tant pis pour l'originalité," railla Adeline pour elle-même. Elle qui pensait que l'étranger mystérieux lui avait donné un surnom unique et intéressant. 

D'un haussement d'épaule, Adeline continua sa lecture. Finalement, le temps passa rapidement. Elle était complètement immergée dans les pages détaillées de la bibliographie, totalement inconsciente des yeux à l'extérieur de sa fenêtre. 

- - - - - 

Il continuait de l'observer. Elle était immobile sur le lit, absorbée dans ce qui captivait son attention. Son joli petit cou ne lui faisait-il pas mal ? Elle était penchée vers le bas depuis un moment maintenant. Peut-être qu'elle ne se souciait pas de la douleur, ou peut-être avait-elle un corps plus résistant qu'il ne l'avait imaginé.

Il observa sa silhouette. Sa taille était de hauteur moyenne, sa forme judicieusement cachée par une longue chemise de nuit flottante. Il l'avait vue nue auparavant. Il connaissait les courbes de sa taille alors qu'elle s'évasait en des hanches généreuses pour qu'il puisse les saisir. 

Sans s'en rendre compte, sa pomme d'Adam se déplaçait de haut en bas. Il faisait ressortir un instinct primal en lui. C'était absolument déplacé, considérant qu'elle ne faisait que lire. Mais ses genoux étaient repliés vers le haut et sa chemise de nuit lâche glissait, révélant une épaule arrondie et ses clavicules appétissantes

Comme prévu, les marques avaient disparu. Il appréciait véritablement sa peau douce et la vitesse avec laquelle elle s'adaptait à ses morsures amoureuses, ou s'illustrait instantanément d'une rougeur profonde sur sa poitrine.

"Je ressemble à un putain de pervers," se maudit-il.

Il était bien plus conscient de lui-même que ce que les gens pensaient. C'était une grande qualité à posséder, surtout en tant que leader d'une nation énorme. Il devait être conscient de ses défauts, aussi minimes soient-ils.

"Ce serait le bon moment pour la déranger."

Les lèvres de l'homme s'écartèrent en un sourire lent et sensuel. Elle était toujours distraite par sa lecture, mais il s'inquiétait pour son cou. Il était long et délicat. D'un mouvement de poignet, il pourrait l'étrangler. Ses mains le démangeaient de la saisir par la gorge et de la tirer vers lui.

"Je me comporte comme un adolescent en chaleur," marmonna-t-il avec un hochement de tête irrité.

Il reporta son attention sur elle. Elle mordillait sa lèvre inférieure, ses sourcils se fronçaient en concentration. Il pourrait y avoir une tornade à l'extérieur et elle ne serait pas consciente de sa destruction. 

L'homme vérifia sa montre. Il était bien tard dans la nuit et le matin approchait rapidement. Il l'observait depuis au moins une heure ou deux. Les jumeaux devaient semer l'enfer dans le palais à sa recherche. 

Il s'en fichait éperdument.

Maintenant que sa présence avait été montrée à la haute société des Vampires, il y aurait des gens qui la viseraient. Il ne s'inquiétait pas des humains, surtout avec ce sale bâtard qui rôdait autour d'elle. C'étaient les Vampires qui inquiétaient le Roi.

À présent, ils devraient savoir qu'elle était hors de portée. 

Au moment où son regard se déplaçait vers elle, il se raidit. Lui faisant directement face se trouvaient une paire d'yeux émeraude brillants. 

- - - - -

Adeline décida qu'il était temps d'arrêter pour la nuit. Elle avait lu quelques chapitres et commençait enfin à être un peu somnolente. C'était une habitude idiote de lire avant d'aller se coucher. Malheureusement, c'était la seule méthode qui la berçait avec succès dans le sommeil. Des moments comme ceux-ci lui rappelaient quand ses parents lui lisaient des histoires avant de dormir.

Enfant, elle faisait toujours d'étranges rêves sur un long couloir sombre, le bruit de ses pieds nus résonnant sur le marbre. Il y avait d'énormes fenêtres sur la gauche et pas une seule âme en vue. Malgré l'aspect intimidant du couloir, la petite Adeline n'avait pas peur.

Ses parents, cependant, étaient inquiets. Ainsi, ils la lisaient pour l'endormir. 

"Papa aurait ricané devant ce type de livre," songea Adeline. Son père, Kaline, n'était pas fan des romans historiques. Cependant, sa mère, Addison, les aurait adorés. Elle appréciait ce genre par-dessus tout et c'était la raison pour laquelle Adeline était tombée amoureuse des livres.

Adeline dirigea la lampe de poche vers l'horloge suspendue de l'autre côté de la pièce. Bientôt, le soleil se lèverait et la lune s'endormirait. 

"Il y a un autre bal ennuyeux demain," soupira-t-elle pensivement.

Adeline ferma le livre d'une main. Elle était prête à éteindre la lampe de poche. C'est-à-dire, jusqu'à ce que quelque chose attire son attention dans sa vision périphérique. Elle tourna la tête à temps pour apercevoir des yeux rougeoyants.

Son cœur tomba dans son estomac. Était-ce… était-ce un Vampire ?

Le souffle lui fut coupé. Elle se débattit pour éteindre la lampe de poche, ses doigts tremblant de peur. Elle tâtonna à l'aveuglette pour trouver le bouton de panique situé à côté de son lit. Le tenir enfoncé pendant trois secondes suffirait à alerter Asher.

"Q-qui…" bégaya-t-elle, ses nerfs s'envolant.

Son cœur battait plus vite qu'une voiture lancée à toute vitesse sur une autoroute. Il tambourinait fort dans ses oreilles, alors que le sang affluait à sa tête. Elle était terrifiée.

Au vu de la silhouette grande et robuste, c'était bien un Vampire.

Il la regardait.

Elle en était certaine. Leurs yeux s'étaient rencontrés.

Et avant qu'elle ne puisse cligner des yeux, l'homme était à côté de sa fenêtre du balcon.

Adeline continuait de chercher le bouton. Ses jambes étaient engourdies par le stress. Son adrénaline montait, mais au lieu de l'option fuir ou combattre, son corps se figea simplement. Celui qui disait qu'il n'y avait que deux options était un menteur.

Heureusement, les fenêtres étaient toujours verrouillées. 

Toc. Toc.

Adeline poussa un cri horrifié, espérant qu'au moins cela alerterait la garde en patrouille à l'extérieur de sa chambre. Les Mardens n'étaient pas si riches, ils ne pouvaient donc s'offrir qu'un protecteur pour arpenter les couloirs.

"Adeline ?"

Tout le corps d'Adeline se tendit. Sa voix était légèrement étouffée mais elle reconnut l'humour. Ça, et la manière dont son nom roulait facilement sur sa langue. 

"Sois une chérie et laisse-moi entrer, Adeline," coaxa-t-il.

Adeline ne savait pas quoi faire. Son doigt avait enfin trouvé le bouton de panique. Inviter l'étranger familier, ou appeler Asher… que devait-elle choisir ?

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