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Chapitre 17 : Les chaînes de la Forteresse.

Les prisonniers, paniqués par l'arrivée d'Herman, se dispersèrent dans la brume, leurs pas résonnant dans le silence oppressant de la forteresse. Certains se précipitèrent vers leurs anciennes cellules, espérant que les murs de pierre leur offriraient une protection temporaire, tandis que d'autres cherchaient désespérément une sortie alternative, conscients que leur seule chance de survie résidait dans la fuite.

Herman, fou de rage, traversait la brume comme une ombre menaçante. Chaque cri de terreur des prisonniers semblait alimenter sa colère, et il ne faisait preuve d'aucune pitié envers ceux qui croisaient son chemin. Ses poings s'abattaient sur quiconque osait se trouver sur sa route. 

Il arriva dans le couloir où se trouvait la porte menant au purgatoire, détruite plus tôt. Malgré la brume, il remarqua les dégâts à l'entrée de l'antichambre des escaliers menant au sous-sol et comprit rapidement que quelque chose se passait en bas. Avec un sourire terrifiant, il cambra légèrement son corps et la magie enveloppa ses jambes. Il sauta avec force, retombant violemment au sol et créant une secousse énorme qui se propagea dans toute la prison. 

Il répéta l'opération, fragilisant encore plus la forteresse. Certains prisonniers se jetèrent au sol, espérant que le plafond ne s'effondre pas sur eux, de même que ceux restés aux étages supérieurs. Il se prépara pour un troisième saut, prenant encore plus de hauteur, et lorsqu'il retomba, le sol se détruisit enfin. 

Le purgatoire fut grandement fragilisé par ces secousses, mais la dernière fut la goutte de trop. Le plafond au-dessus de Bojan et Octavia se brisa, et toutes les pierres tombèrent avec fracas. Bojan réussit à éviter les plus gros blocs malgré ses blessures, ayant eu la chance de ne pas se trouver directement sous l'impact. Octavia, elle, était suffisamment loin dans le couloir pour ne pas être touchée. 

Une silhouette massive chutant avec les gravats atterrit violemment sur le sol du purgatoire. Terrifié, Bojan reconnut immédiatement le directeur Herman qui se redressait après sa chute, le regard fou de rage. 

"Je comprends mieux ce qui se passe tout d'un coup," dit-il en relevant la tête vers eux. "Je te reconnais, tu es l'un des deux prisonniers du sommet de la tour d'argent."

Bojan fit un pas en arrière, l'air grave, se positionnant, sachant pertinemment qu'il n'avait aucune échappatoire. Le directeur regarda ensuite l'exécutrice adossée contre un mur.

"Quelle déception, Octavia. Ça valait bien la peine de dépenser autant pour cette hache pour un résultat si décevant."

Octavia resta muette, craignant Herman lorsqu'il était de mauvaise humeur comme à cet instant.

Le maître des lieux s'avança vers le prisonnier, qui tremblait à chaque pas qu'il faisait vers lui. Il leva légèrement le bras droit, lequel s'enveloppa d'une magie violette aux allures tentaculaires. Bojan, quant à lui, chargea à nouveau ses poings d'électricité. Il ne connaissait pas la spécialisation de son adversaire, qu'il n'avait jamais vu combattre malgré toutes ces années. Tout ce qu'il savait provenait de rumeurs : avant de devenir directeur de la forteresse d'argent, Herman avait été vice-lieutenant de la garde impériale. 

Il y a une vingtaine d'années, il aurait démissionné après avoir refusé à plusieurs reprises le grade de lieutenant de la garde impériale. Lassé de ces demandes incessantes, il aspirait à une vie tranquille, loin de missions ennuyeuses de la garde. Il aurait ensuite défié l'ancien directeur de la forteresse, mettant en jeu son titre contre sa vie. Le duel fut à sens unique : Herman battit son adversaire presque à mort, lui arrachant son titre et sa dignité. Lorsqu'il s'agit de se battre, cet homme est une vraie bête.

Herman s'arrêta et se mit en position, prêt à charger, tandis que Bojan secouait la tête pour rester concentré sur son adversaire. "Je vais te faire regretter d'être sorti de ta cage, l'arubéen !" cria-t-il avant de foncer vers Bojan, qui fit de même. L'impact de leurs poings créa une onde de choc dans tout le couloir, fragilisant encore plus les lieux et plaquant Octavia contre le mur, ainsi que le prisonnier caché dans sa cellule, épargné par la chute du plafond. 

Du côté d'Armand et Carolina, les escaliers en colimaçon menant au purgatoire s'étaient effondrés à cause des nombreuses secousses, particulièrement la dernière, qui avait enseveli la salle. Ils étaient tous deux contre un mur, essayant de monter malgré les débris qui les ralentissaient. 

Ils étaient sains et saufs grâce à Armand, qui avait créé une sorte de dôme avec sa magie orange, renforcé par une aura verte pour augmenter sa résistance durant les violentes secousses. Par précaution, il maintenait cet état verdâtre au cas où il y aurait un nouvel éboulement, tout en entendant le combat de Bojan au sommet.

"Je sens que l'aura de tout à l'heure est juste au-dessus, avec Bojan. Qui pourrait avoir une force pareille pour faire autant de dégâts jusqu'ici ?" se dit Armand à voix haute. 

Carolina, qui ne ressentait rien, avait une idée de qui cela pouvait être. Elle tremblait à l'idée que Bojan devait l'affronter en ce moment et qu'ils allaient forcément le rencontrer une fois en haut, s'ils y arrivaient. 

"Le directeur, je ne vois que lui pour avoir une force pareille," répondit-elle fébrilement en se tenant au mur, regardant vers le bas tout en montant les marches partiellement détruites.

"Le directeur ? Maintenant que tu le dis, ça ferait sens, mais je ne m'attendais pas à une telle démesure…" dit-il, une goutte de sueur coulant sur son front.

"On le voit rarement dans la forteresse, encore moins dans la tour. Mais d'après ce que Bojan m'a dit un jour, il serait assez puissant pour être lieutenant de la garde."

"Un lieutenant…" Armand repensa au premier jour de son arrivée, lorsqu'il avait vu un lieutenant mettre hors d'état de nuire un voleur en pleine fumée, qui aujourd'hui est amputé d'un bras à cause de cet événement. 

Soudain, de nouvelles secousses dues au combat au-dessus firent trembler tout le sous-sol, accompagnées d'éclairs qui ricochaient partout à l'intérieur, détruisant à nouveau des escaliers. Il n'eut pas le temps de créer un nouveau dôme et s'enveloppa entièrement de son aura verte avant de se placer au-dessus d'elle pour la couvrir avec son corps alors qu'elle s'était baissée par réflexe. Il tremblait à cause de l'espace étroit qu'ils avaient sur le bout de marche où ils se trouvaient, encaissant du mieux qu'il pouvait les pierres qui tombaient sur lui. Sa priorité était que Carolina ne soit pas blessée. 

Lorsque cela se termina enfin, il se redressa et s'écarta d'elle avant de monter sur la marche juste au-dessus, encore plus étroite. Il regarda vers le haut et constata que la majorité des escaliers étaient détruits. Carolina s'inquiétait pour lui, voyant tout le mal qu'il se donnait pour la protéger sans même la connaître, dans cette montée sans fin. 

"Pas le choix, je voulais m'économiser le plus possible, mais on perd trop de temps !" s'exclama Armand. Ses yeux virèrent à l'indigo et il créa un portail juste à côté de lui.

"Qu'est-ce que tu comptes faire ?" demanda-t-elle, inquiète.

Il ne répondit pas. Il changea à nouveau d'aura pour la rouge avant d'envelopper ses pieds avec celle-ci. Il se cambra ensuite du mieux qu'il pouvait à cause de la marche et bondit jusqu'au mur d'en face. La force du bond créa un léger courant d'air qui fit presque perdre l'équilibre à Carolina, qui se tenait à une brique qui dépassait du mur, toujours sur sa propre marche.

Il bondit de mur en mur avant d'arriver tout en haut en effectuant une roulade pour atterrir. Assez fier de lui, il se releva et se claqua les joues entre les mains pour se reconcentrer. Il créa alors une nouvelle brèche et cria à Carolina de passer à travers celle devant elle. Elle acquiesça, bien qu'elle avait trouvée ça désagréable la dernière fois. Elle sauta de sa marche qui s'écroula juste après et passa de justesse dans la brèche fumante. Elle se retrouva aux côtés d'Armand à l'étage, perdant presque l'équilibre une fois les pieds sur le sol, ses bras écartés faisant des mouvements circulaires pour ne pas tomber. 

"C'était moins une…," se dit-elle à voix haute.

Ils n'avaient à peine le temps de souffler qu'un fort courant d'air les frappa, les faisant reculer légèrement. Il n'y avait aucun doute, cela venait du bout du couloir derrière la grille déformée où le combat faisait rage. Armand prit le bras de Carolina et courut vers le portail, tandis qu'elle faisait de son mieux pour suivre, ne voyant pas ce qui se passait derrière à cause des pierres du plafond qui s'étaient écroulées, cachant partiellement ce qui se trouvait derrière. Une fois assez proche, il insuffla son aura rouge à son poing et frappa précipitamment les débris pour rejoindre Bojan le plus vite possible. Les pierres furent projetées partout dans le purgatoire après l'impact et la voie fut enfin libérée.

Le nuage de poussière se dissipa petit à petit. Armand écarquilla les yeux devant la scène qui se déroulait sous ses yeux, tandis que Carolina, derrière lui, se protégeait le visage à cause de la poussière. Bojan était là, dos à eux, agenouillé et entièrement enchaîné par des chaînes violettes. Il était terriblement amoché et son visage était en sang. Carolina rouvrit ses yeux et le vit à son tour dans cet état, elle n'en croyait pas ses yeux qui étaient sur le point de pleurer. 

"Bojan !!" cria-t-elle en voulant courir vers lui, tendant le bras dans sa direction avant d'être retenue par Armand, qui l'entoura de ses bras, le regard fixé sur l'homme massif qui se tenait devant Bojan ainsi qu'Octavia, assise contre un mur et affaiblie.

Herman n'était pas surpris de les voir arriver, se doutant bien que Carolina était leur objectif. Il ria bruyamment en voyant le spectacle devant lui. Au même moment, il fit un geste du bras et les chaînes qui entravaient Bojan se rétractèrent vers son bras avant de se dissiper en magie pure. Il donna ensuite un puissant coup de pied à Bojan, l'envoyant vers Armand qui le rattrapa de justesse, glissant en arrière sous le choc de la vitesse et du poids.

"Je suppose que tu es la cause de tout ce vacarme, gamin. Je m'attendais à mieux vu le chaos que tu as engendré dans ma prison," dit Herman, sa colère croissant à mesure qu'il parlait. Ses chaînes réapparurent sur ses deux bras, les entourant fermement. Ses bras se contractèrent soudainement, gagnant en volume comme si ces chaînes augmentaient sa force. 

Armand fit le lien entre ces chaînes et celles qu'il avait rencontrées jusqu'ici, que ce soit celles qui ornaient la porte menant au sous-sol ou celles qui entouraient la cage de Carolina. C'était la magie d'Herman, il en était maintenant sûr. Ces chaînes devaient lui permettre d'absorber la force de ceux qui osaient les toucher pour augmenter la sienne. Il chercha rapidement dans sa ceinture le petit sac contenant les deux fioles vertes restantes et le donna à Carolina.

"Fais boire ça à Bojan et éloigne-toi avec lui le plus loin possible d'ici," lui ordonna-t-il en s'avançant vers le directeur.

"Tu comptes vraiment... ?" commença-t-elle.

"Va-t'en !" cria-t-il.

Elle se tut, le regard inquiet pour lui. Malgré son angoisse de le voir prêt à se battre contre un tel monstre, elle finit par respecter son choix. Elle prit Bojan par le bras et le hissa sur son épaule, suffisamment forte pour le porter, puis fit demi-tour vers le couloir d'où ils venaient pour s'éloigner le plus possible.

"Ils n'ont aucune issue par là, tu devrais le savoir. Il semblerait que tu aies perdu la tête. Tu penses vraiment avoir une chance ?" s'exclama Herman en riant tout en le prenant de haut.

Armand se mit en garde, son aura se transformant progressivement en une lueur rougeâtre alors que sa rage grandissait en repensant à ce qu'Herman avait fait à Bojan. "Peu importe à quel point tu es puissant, je ne te laisserai plus toucher à Bojan ou Carolina."

Herman éclata de rire, son rire résonnant dans le purgatoire comme un écho sinistre. "Tu as du cran, gamin, je te l'accorde. Approche !" cria-t-il, excité à l'idée de défouler à nouveau sa rage.

Fin du chapitre 17.

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