Réincarnée en Plaque d'Égout

Moi, c'est Pamina Zarmo, 23 ans. J'aime beaucoup de choses dans la vie, mais ce que j'apprécie par-dessus tout, ce sont les arts.

J'ai toujours apprécié m'ouvrir et explorer les différents mondes qui s'offraient à moi. Que ce soit par le style d'un peintre, l'univers musical d'un compositeur, ou bien même dans les jeux vidéos ! Je m'adonnais parfois les week-ends à quelques aventures dans les jeux de rôles en ligne, explorant des contrées dangereuses, l'épée à la main.

Mais, même dans ces mondes plus fantaisistes les uns que les autres, je ne vécu ni ne vis rien qui s'approchait de ce qui était entrain de m'arriver.

Bref, reprenons : chaque œuvre a le don de m'émerveiller, au point qu'il ne fut pas difficile pour moi de décider d'en faire mon métier.

Cela faisait donc maintenant cinq ans que j'étudiais à l'université de Salzbourg. Plus que quelques mois, et j'allais enfin être diplômée !

J'avais tellement hâte de travailler en tant que conservatrice et restauratrice des œuvres dans les plus beaux musées du monde !

Mais pour cela, il me fallait encore travailler dur. Très dur. Ce soir là encore, alors que nous étions à la fin du printemps, je terminai mon travail au coucher du soleil. Fatiguée, je prêtais à peine attention à ce qui m'entourait.

Je rangeai avec peine mes quelques livres et mon ordinateur portable dans mon sac. Légèrement vacillante, j'avalais lentement mais surement les vingt-huit marches qui me séparaient du rez-de-chaussée.

Une fois en bas, je me reposai quelques secondes pour reprendre mon souffle. J'étais seule dans les couloirs. A cette heure-là, seuls quelques enseignants passionnés sillonnaient l'université. Parfois, je me demandais même si certains d'entre eux ne dormaient pas sur place. Bon, je n'étais pas vraiment la mieux placée pour les juger non plus !

Je continuai mon chemin au travers des portes coulissantes et sorti dans la rue principale. Les va-et-vient de la foule et son brouhaha me donnèrent rapidement une légère nausée, mais qui ne m'empêcha pas de continuer à avancer.

Heureusement, je n'habitais pas très loin. En quelques minutes je serai arrivée chez moi ! Je connaissais même quelques raccourcis par des petites ruelles, alors je n'hésitai pas à les emprunter. Pourquoi me priver d'un retour plus rapide chez moi ?

Mais alors que j'avançais fièrement et heureuse d'être presque arrivée chez moi, je senti le sol se dérober brusquement sous mes pieds. Rapidement, je me trouvais à fixer le sol pendant un bref instant, avant de ressentir une vive douleur au sommet de mon crâne.

Ma vision s'obscurcit, et à peine eu-je le temps de me demander ce qu'il se passait que mon esprit s'embrouilla plus qu'il ne l'était déjà, et peu à peu la douleur disparue.

Après quelques secondes, mes pensées s'éclaircirent. Encore plus qu'elles ne l'étaient avant ma petite mésaventure dans l'état léthargique que j'étais.

Mon esprit n'avait jamais été aussi limpide à vrai dire. J'avais une véritable emprise sur mes pensées, comme si elles et moi ne faisaient qu'un. Cependant, je ne ressentais rien d'autre. Aucune envie, aucun désir. Je n'entendais rien, ne ressentais rien. Aucune couleur dans mon champ de vision.

Tout ce dont j'étais certaine, c'est que j'existais. Cet état était franchement désagréable. Si quelqu'un pouvait m'aider, ce serait vraiment aimable.

'A l'aide !' Essayai-je de crier, en vain. J'étais certainement, pour une raison ou une autre, dans un état inconscient. Etais-je allongé sur le sol, dans la ruelle ? J'aurai glissé sur quelque chose en marchant ? J'espère que quelqu'un me trouvera rapidement. Demain, j'ai encore tellement de choses à faire pour préparer mes examens.

Ainsi, j'attendis. Une heure, trois heures. Enfin, cela fait dorénavant cinq heures que j'attendais. Enfin, je crois. Il est difficile de se rendre compte du temps qui passe lorsque l'on est inconscient.

Voilà ! Maintenant que la situation est résumée, analysons ! Quel indice ai-je quant à ma situation ? Je suis inconsciente depuis une durée indéterminée. Je n'en connais pas la raison exacte, bien que j'aie quelques indices. Que puis-je faire ? L'idéal serait que j'en sache davantage sur mon statut exact.

Tandis que je réfléchissais, d'étranges manifestations occurrent dans mon champ de vision. Rapidement, un encadré céruléen se dessina, et laissa paraître de nombreux chiffres et lettres. Je remarquai rapidement qu'il s'agissait des informations me concernant : mon nom y était affiché !

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Nom : Pam  Niveau : 1  Classe : Aucune

Titre : Réincarnée  Race : Plaque d'égout

Endurance : ---  Résistance : 500

Mana : Résonance de Mana F

Force : --- Agilité : --- Dextérité : --- Intelligence : --- Volonté : ---

Capacité inhérentes notables : Résistance aux vibrations (III); Résistance à la corrosion (I); Artéfact spirituel.

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'Pam' ! C'est comme ça qu'on m'appelait ! Mais à quoi correspondent toutes ces informations ? Mon titre ? Réincarnée ? Comment ça réincarnée ? Ça veut dire que je suis morte ? Mais comment ? Et pourquoi aurai-je été réincarnée ?

Je ne saisissais pas complètement ce qu'il se passait. Je digérai à peine les quelques informations qui s'étaient affichées en face de moi que mon regard glissa vers les informations que je n'avais pas encore lues.

'Plaque d'égout'. Plaque d'égout ? Comment ça, plaque d'égout ?

Très honnêtement, je pense que si je le pus, à ce moment, je me serai évanouie. Encore une fois : comment ça, une plaque d'égout ? Je ne pouvais pas me réincarner en être humain, en papillon ou autre animal plutôt mignon ? Je ne suis même pas un être vivant !

J'imagine que cela explique le passif <Artéfact Spirituel>… D'ailleurs, qu'est ce que cela peut bien vouloir dire ? C'est une capacité inhérente… Une compétence passive, entre autres ? Cela devrait donc me donner quelques avantages de soutien.

Je me concentrai sur la capacité <Artéfact Spirituel>. Comme je m'y attendais, le contenu de l'encadré changea, et fit apparaître d'autres informations.

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<Artéfact Spirituel> :

Pam est née de l'étrange rencontre entre un esprit humain et une plaque d'égout. Pam peut donc évoluer comme un être humain normal, monter de niveau et changer de classe.

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Mmh… J'ai beau être devenue une… Un objet inanimé, je suis donc toujours considéré comme un être humain.

Je soupirai longuement. Bien que je ne l'appréciasse pas, je commençais peu à peu à saisir la situation dans laquelle je me trouvais.

'J'imagine que je vais devoir élaborer un plan d'action, à partir de maintenant ?'

Malheureusement, je n'avais que trop peu d'informations. Les informations de mon statut étaient intéressantes, mais ne m'aidaient pas à comprend où j'étais, par exemple.

Je peux monter de niveau, mais comment faire si je ne peux pas me déplacer ? J'ai des compétences passives. Je devrai donc également avoir des compétences actives ?

J'avais maintenant saisi comment naviguer d'une fenêtre de statut à une autre. Il me suffisait de penser à ce que je souhaitais, et l'information était automatiquement recherchée. J'affichai donc la page des capacité actives. Malheureusement, je n'en possédais aucune.

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Capacités d'action : ---

Vous possédez dix points de capacité.

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Dix points de capacité ? Qu'est-ce donc ? Je peux les dépenser dans un arbre de talents, ou quelque chose comme ça ?

Je parvins à atteindre une certaine page de mon "encyclopédie" qui me permis d'en apprendre davantage.

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Capacités d'action : ---

Capacités inhérentes :

Résistance Supérieure --- + 250 en résistance – 3 PC

Perception acoustique --- 6 PC

Résistance aux vibrations (IV) --- 15 PC

Résistance à la corrosion (II) --- 5 PC

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Il s'agissait concrètement d'une boutique. Bien que je ne connusse pas encore quelles étaient les conditions pour qu'une capacité apparaisse dans la liste, l'une d'entre-elles était précisément ce que je cherchais : la perception acoustique.

Tout comme la transition de pages, l'achat des capacités de se faisait par la pensée. Je dépensai donc six de mes points de capacité afin d'acquérir la perception acoustique.

Tout à coup, je senti mon environnement changer. Alors que j'étais entouré jusqu'à présent d'un silence qui rendrait même la mort jalouse, d'étranges informations sensorielles m'assaillirent.

Tout à coup, chaque vibration à une certaine distance donnée par rapport à moi me parvenait comme une information sensorielle, comme s'il s'agissait d'un de mes nouveaux sens.

Je pouvais distinguer chaque source, sa distance, mais aussi son ampleur. Mais le nombre d'informations perçues était si important qu'il était difficile pour le moment de comprendre quoique ce soit.

Je me concentrai donc sur certaines sources, essayant de comprendre et d'imaginer quelles pouvaient en être les causes. Rapidement, je remarquai que l'une des sources se déplaçait à un rythme régulier. Un rythme qui me parut familier.

Des pas ! Et ce n'était pas qu'une seule source qui était ainsi, mais bien plusieurs ! En ville ! J'étais en ville ! Et pas simplement une petite bourgade de campagne, mais une ville suffisamment grande pour qu'un réseau de récupération des eaux existe ! Au vu du nombre de va-et-vient continu que je ressentais, il s'agissait certainement d'une ville qui comptait plus d'un millier d'habitant !

*Bam*

Si je le pouvais, j'aurai certainement fait une crise cardiaque ! L'une de ces personnes venait apparemment de me marcher dessus, ce qui me fit moi-même vibrer. Je ressentis cela jusqu'au plus profond de mon âme, et plusieurs dizaines de secondes après encore, je ne m'en étais pas encore remise.

Après une petite réinitialisation mentale, je me reconcentrai sur mes affaires. Je pouvais maintenant connaitre en partie ce qui m'entourait. Malheureusement, je ne pouvais toujours pas me mouvoir, et donc explorer mes environs. Presque rien n'avait donc évolué depuis le début.

Je fus donc condamnée à attendre. Encore. Pendant plusieurs heures. Un jour. Deux jours. D'ailleurs, j'avais maintenant un repère temporel : moins de personnes traversaient les rues la nuit que le jour. Je ne pouvais toujours pas compter les heures, mais au moins je pouvais sentir le temps passer.

Trois jours. Quatre jours. De temps en temps des personnes me marchaient dessus. C'était toujours aussi désagréable. Même après quelques jours passés, et même si cela faisait au moins cent fois que l'on me marchait dessus, se sentir vibrer soi-même était vraiment l'une des pires sensations que j'eu connu.

Cinq jours. Six jours…

'Vais-je vivre ainsi toute ma vie ? Je ne peux ni jouer de la musique ni chanter… Encore moins explorer le monde. Oui, j'aimerai tant explorer ce nouveau monde… Je veux siffler. Je veux manger. Je veux dormir. Je veux pleurer. Je veux crier. Mais je ne peux rien faire ! Et pire que tout, je suis une plaque d'égout ! N'y a-t-il vraiment rien de plus humiliant ? Non. Je devrai me réjouir. J'aurai pu être une baignoire ou des toilettes. Finalement, une plaque d'égout, ce n'est pas si mal.

Sept jours.

*Bam*

Encore une fois. On venait de me marcher dessus. C'était la dix-septième fois aujourd'hui. Heureusement, je commençais finalement à m'y habituer. J'étais actuellement entrain de naviguer sur certaines pages de mon statut. Maintenant, je les connaissais toutes. Mais je n'avais rien d'autres à faire à part suivre les mouvements de ce qui m'entourait, alors j'en profitais pour me faire un peu de lecture.

Mais alors que je transitionnais nonchalamment entre les pages, sur l'une d'entre elles, je remarquai une anomalie qui venait d'apparaitre. Plus précisément, je me trouvais sur la page des capacités d'action.

Là, une nouvelle ligne venait de s'ajouter : une nouvelle capacité d'action ! Ma première. Elle s'intitulait <Vibration > et me permettait, apparemment, de tout simplement émettre des vibrations.

Huitième jour.

Pendant la nuit, j'eu l'occasion de tranquillement essayer ma nouvelle capacité. Et on peut dire qu'elle était vachement plus utile que prévu ! Je m'attendais à quelques faibles vibrations, mais je pouvais en réalité en contrôler l'intensité, jusqu'à un certain seuil, mais aussi la direction.

Et je venais d'avoir une idée. J'en avais déjà entendu parler, mais n'en avais jamais fait l'expérience moi-même. C'est décidé. J'en ferai l'expérience ce soir.

Lorsque le nombre de pas se calma, et ce jusqu'à ce que je sois certaine que personne n'était à proximité, je passai à l'action.

J'enclenchai la capacité vibration. Tout d'abord, à basse fréquence mais à intensité nécessaire pour mon projet. J'augmentai la fréquence à tâtons, jusqu'à obtenir un résultat qui me convenait. Pendant plusieurs heures je continuai l'expérience. Enfin, alors que je m'apprêtais à perdre espoir et que j'atteignais ma limite d'intensité et de fréquence dans mes vibrations, un changement se produisit.

De nombreuses vibrations existaient et perpétuaient autour de moi. Moi-même étant statique, je pouvais de source sûre affirmer qu'elles aussi étaient statique. Cependant pour la première fois, toutes ces sources se déplacèrent, ensemble et en même temps. Ou plutôt, il était clair que j'étais la personne – ou plutôt la plaque d'égout – qui se déplaçait.

'Enfin ! J'ai réussi ! Je savais que c'était possible !'

Après plusieurs heures d'expérience, j'avais enfin réussi ce que je souhaitais depuis maintenant plusieurs jours : me mouvoir ! Et ce, en utilisant un principe simple : la lévitation acoustique !

Cependant, alors que je me réjouissais de cet exploit, je senti de nombreuses vibrations se déplacer dans ma direction. Pour une raison que j'ignorais, de nombreuses personnes approchaient.