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Je n'aime pas les gens qui médisent les autres.

Le lendemain matin, Hana se dirigeait vers l'immeuble de Marline, et était encore éloignée de quelques rues de son lieu de travail, quand Utagawa Takao vint à sa rencontre.

« Shinohara-san ! » L'appela-t-il avec entrain. « Je vous attendais ! »

Il l'attendait ? Si tôt le matin ?

Elle le salua en retour, et l'homme, positionné devant elle, commença à s'agiter avec nervosité et à ne pas pouvoir tenir en place.

« Dites… Est-ce que vous auriez un moment pour que je vous parle, aujourd'hui ? » Demanda-t-il avec embarras.

« Comme maintenant ? » Demanda-t-elle en retour.

« Disons, plus de temps, et au calme, » dit Takao. « J'aurais besoin d'aborder un sujet important avec vous. »

« Un sujet important ? » S'inquiéta Hana.

« R-Rien de grave, je vous rassure ! » Rectifia rapidement l'homme.

Il n'avait encore rien dit, et déjà, la jeune femme abordait un air soucieux. Peut-être avait-elle peur que quelque chose de mauvais se soit encore produit, ou que Nana ait encore fait des siennes, ce à quoi Takao répondit en essayant de lui expliquer dans les grandes lignes ce qu'il voulait lui expliquer plus tard.

« Écoutez, vous n'avez vraiment pas à vous faire de soucis, » continua Takao. « J'ai juste quelque chose à vous dire. Quelque chose que j'avais oublié de vous dire, et qu'il est nécessaire que vous sachiez. »

Toujours pas convaincue, Hana fronça les sourcils.

« Je… Je vais vous expliquer ça pendant la pause du matin, » se résolut Takao. « Donc rejoignez-moi sur le toit à ce moment-là, que je puisse vous parler sans la présence d'oreilles indiscrètes. »

À vrai dire, il était plutôt inquiet de la réaction de la jeune femme, et espérait que se trouver à l'écart et au calme lui permettrait de mieux accepter ses aveux.

« D-D'accord ? » Acquiesça Hana, toujours un peu confuse.

Tous les deux continuèrent alors de se diriger vers l'immeuble Marline, et une fois arrivé devant les portes automatiques du hall, Hana et Takao s'arrêtèrent brièvement.

Hana lança un regard rapide à Takao, avant d'entrer la première ; suivie de près par le jeune homme.

Il vit que l'agent de sécurité aux portiques commençait à s'approcher d'eux, et allait l'appeler par sa fonction.

« Dir- ! »

Profitant de se trouver derrière Hana, Takao fit signe à l'employé de ne pas l'approcher et de ne rien dire en posant un doigt sur sa propre bouche.

L'agent , interrompu dans sa salutation, se ravisa rapidement après une courte courbette qui passa totalement inaperçue aux yeux d'Hana, et retourna à son poste comme si de rien n'était.

Takao poussa intérieurement un soupir de soulagement. Il n'avait pas fait tous ces efforts pour se voir immédiatement exposé d'une façon aussi stupide en face de la jeune femme.

Cependant, il était sûr que si le comportement de l'agent de sécurité avait échappé à Hana, c'était parce que celle-ci était trop concentrée à observer en retour les employés qui regardaient avec insistance dans sa direction dès le moment où elle avait posé le pied dans le hall d'entrée.

Il y avait, en plus des regards inquisiteurs, des chuchotements hâtifs, mais aussi une certaine distance maintenue avec la jeune femme, ce qui inquiéta Takao.

Ce n'était pas normal qu'ils soient tous les deux au centre de l'attention, et Takao se demanda si c'était lui qui était scruté avec tant d'insistance, ou s'il s'agissait d'Hana. Il se doutait que la plupart des employés devaient savoir qu'il était Directeur de Département, et éventuellement qu'il était lié au PDG. Comme Ren l'avait dit, tout finissait par se savoir, et c'était sûrement encore plus vrai dans une entreprise où les gens adoraient s'échanger les derniers ragots. Cependant, quand Hana passa enfin les portiques et se positionna devant les ascenseurs, et que les employés continuèrent de la regarder discrètement à n'importe quelle occasion, Takao comprit qu'il n'était pas la seule cible de ragots.

Quelque chose avait dû se passer entre hier après-midi et ce matin, pour que la situation change à ce point au sein de l'entreprise.

Inquiet, il suivit Hana jusqu'aux ascenseurs et se positionna à ses côtés au lieu de rester derrière elle, avant de diriger son regard vers elle.

Ce qu'il vit fut plus que surprenant, et le déstabilisa.

Hana… Souriait.

Malgré la situation actuelle, et le fait qu'elle avait certainement dû aussi remarquer les regards insistants de ses collègues de travail, et arborait un petit sourire comme si tout allait bien ; et que l'attitude des autres ne l'atteignait pas.

Par soucis de discrétion, il ne dit pas un seul mot avant qu'ils ne se retrouvent tous les deux à l'intérieur de l'ascenseur, et que les portes de la cabine ne se soient refermées sur eux. Personne n'avait osé entrer dans le même espace réduit qu'eux, ce qui fit grimacer Takao. Les gens semblaient les éviter tous les deux, ce qui ne présageait rien de bon ; et ce qui l'abattit encore plus fut, une fois le regard tourné vers Hana, de voir qu'elle ne souriait plus et regardait d'un air passif son reflet flou dans les portes métalliques de l'ascenseur.

« Shinohara-san ? » L'interpella-t-il avec précaution.

Hana leva le regard vers lui, un peu abattue.

« Tout va bien ? » S'enquit-il en la regardant droit dans les yeux.

« Je ne sais pas ce qui se passe, mais ça me met mal à l'aise, » dit-elle. « Je n'aime pas ça du tout... »

Takao hocha lentement de la tête. Lui aussi, ça le mettait un peu mal à l'aise ; d'autant plus qu'il ne savait pas encore la raison de ce soudain regain d'attention.

Ils arrivèrent à l'étage du Département Catastrophes Naturelles, et à peine les portes de l'ascenseur ouvertes, Hana fut subitement tirée par le bras par Hasami Mari.

Puis, Hana contre elle, elle leva la main pour empêcher Takao de l'approcher.

« Pas un pas de plus. » Lui ordonna-t-elle à voix basse.

Takao, abasourdi par cette attitude soudainement hostile, allait protester quand le regard de Mari se durcit.

« Vous êtes complètement irresponsable. N'approchez plus Hana. » Dit-elle avec les sourcils froncés.

« Quoi ? » Fut tout ce que Takao put dire, avant que Mari de reprenne la parole.

« Si vous voulez savoir ce que vous avez fait de mal, lisez le forum interne de l'entreprise. » Dit Mari avant de tourner les talons et d'entraîner Hana avec elle.

Les portes de l'ascenseur se refermèrent, laissant Takao bouche bée continuer sa route vers les étages supérieurs.

L'autre jeune femme ne put protester, ne comprenant pas ce qui était en train de se passer ; et rapidement, Mari l'entraîna en salle de pause, où Ren et Yuuto étaient déjà assis et l'attendaient de pied ferme.

Ils passèrent le bureau du Chef Kobayashi, encore vide à l'heure actuelle, et Ogawa Saizo leur lança un regard discret, sans hostilité ni curiosité mal placée. Juste une sorte de regard pour signifier qu'il prenait en compte leur déplacement et ce qui allait se passer par la suite. Puis, pour décourager un peu les yeux indiscrets qui traînaient dans l'étage, il afficha un regard courroucé au-dessus de la séparation en plastic de son bureau. Les quelques têtes levées au-dessus des cubicules s'abaissèrent sans délai, et il entendit la porte de la salle de pause se refermer derrière lui, puis le bruit caractéristique des stores en métal en train d'être descendus à l'intérieur de la pièce.

Cela faisait très longtemps qu'ils n'avaient pas utilisés, mais une fois déployés, ils remplirent parfaitement leur mission : ils occultaient complètement la vision à l'intérieur de la pièce entièrement vitrée, qui habituellement, était visible de tous.

La salle de réunion, située dans la direction opposée et à l'autre bout de l'étage, était aussi équipée de ce genre de stores. Cependant, les voir fermés là-bas était plus habituel que de les voir fermés dans la salle de pause, ce qui souleva bien des interrogations quand Shinsuke arrive à son tour à Marline.

« Il se passe quoi ? » Demanda-t-il en s'installant à son bureau.

« T'as pas vu le forum des employés ? » Demanda Saizo.

« Tu sais bien que je me fous complètement de ce genre de truc, non ? » Se moqua avec ironie Shinsuke.

Après avoir retiré sa veste, il termina de s'asseoir sur son siège, et alluma son ordinateur.

« Tu peux me faire un résumé ? » Demanda d'un air absent Shinsuke.

Il était encore un peu fatigué par le trajet depuis son appartement, surtout qu'il avait mal dormi la veille.

« Hum, je crois que ce serait plus simple si tu lisais le post en question, » dit Saizo. « Je t'ai envoyé une capture d'écran, au cas où la modération soit déjà passée et ait supprimé l'original. »

Contrarié, Shinsuke fronça les sourcils, et s'affaira à se connecter à l'intranet pour atteindre sa boîte emails. Il ne comprenait pas en quoi la salle de pause complètement calfeutrée et un post sur le forum des employés pouvaient avoir un rapport.

« Je pense que les choses vont être très agitées ces prochains jours... » Soupira Saizo. « Et pas de la meilleure façon qui soit... »

« C'est déjà agité tous les jours, en ce moment, alors un peu plus ou un peu moins, » dit Shinsuke, dépité.

« Non, je pense que ça risque d'être pire, » le contredit Saizo.

Il regarda brièvement derrière lui et vers la salle de pause toujours fermée et aux stores déroulés, et il fronça à son tour les sourcils ; ce qui interpella Shinsuke.

Ce type n'était pas souvent contrarié, mais quand il l'était, cela n'annonçait rien de bon.

Intrigué, il se dépêcha d'ouvrir l'email que Saizo lui avait envoyé, et consulta le fichier attaché : une capture d'écran complète de toute la première page du sujet de forum.

Le titre était assez équivoque, tout en renfermant une part de malice laissée là par l'auteur du sujet. Ce n'était rien d'autre qu'un torchon destiné à répandre une rumeur à toute l'entreprise en prenant la solution de facilité du dématérialisé.

Cependant, ce qui semblait être un ragot sans fondement aux yeux de Shinsuke, prit tout de suite une tournure plus sérieuse quand il continua sa lecture et observa enfin l'image jointe au message : une photo, prise à l'intérieur d'un bâtiment, et où on pouvait voir deux personnes en train de parler comme si elles étaient très proches.

Plus exactement, c'était une photo montrant le Directeur Utagawa, et Shinohara Hana, en train de parler ensemble, postés discrètement à côté d'une cage d'escaliers ; et Shinsuke ne put s'empêcher de serrer les dents.

Il ne sut pas s'il était plus en colère contre le fait qu'un post avait été fait à ce sujet, ou contre le fait que les deux personnes montrées sur la photo semblaient en effet anormalement proches.

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