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Je vais te rendre misérable.

Un énorme bruit résonna dans l'étage quand les trois gros classeurs de 8 centimètres d'épaisseur et pleins à craquer furent lâchés sur le bureau d'Hana.

Immédiatement, la jeune femme leva les yeux vers la personne qui venait de presque jeter le tas de documents : Kobayashi Shinsuke.

« Chef Kobayashi ? » Dit-elle avec doute tout en le fixant.

« Fais moi un rapport synthétisant les points principaux pour demain, » ordonna-t-il avec les sourcils froncés, sa grosse voix rendant momentanément silencieux les alentours.

« D… D'accord ! » Répondit-elle avec surprise en forçant un léger sourire.

Aussitôt, son supérieur à l'aura menaçante s'éloigna pour retourner vers son propre espace, et immédiatement, Yuuto se pencha vers le bureau de la jeune femme.

« Hé… Il est que 10h un lundi matin... » Chuchota-t-il vivement avec inquiétude. « Alors qu'est-ce que t'as foutu pendant le weekend pour qu'il soit encore plus en pétards contre toi ?! »

Hana était plutôt confuse, elle aussi. Qu'est-ce qui prenait au Chef Kobayashi, pour être aussi virulent.

Il lui avait déjà envoyé une trentaine d'e-mails à traiter et donné d'autres documents dont il voulait une synthèse. Et à présent, un tas de données supplémentaires.

« C'est vraiment bizarre, » dit Mari, pensive, tout en se penchant à son tour vers Hana. « Il s'est passé quelque chose entre vous deux ? »

« N...Non, justement, » répondit Hana. « J'étais censé lui parler vendredi soir, mais je ne l'ai même pas vu... »

Yuuto secoua légèrement la tête, avec un air réprobateur.

« Si ça se trouve, il est en pétard parce qu'il a pas pu te parler... » Supposa-t-il.

« Quoi, juste pour ça ? » S'étonna Mari.

Elle sembla réfléchir un instant, avant de se raviser.

« Non, attends… Peut-être que t'as raison, finalement. » S'inquiéta Mari. « Il a déjà pété un câble parce que t'étais revenu de vacances et que t'avais mis des chaussures de plage et un short au bureau... »

« Ça, il l'avait bien cherché, » intervint Ren sans même leur lancer un regard. « Mais laissez-moi vous rappeler que ce qui a tout déclenché, c'est le moment où Yamamoto-san a commencé à enlever sa chemise. »

« Hé, j'avais chaud, et quand j'ai enlevé ma veste, tout est parti avec. Okay ? » Protesta Yuuto.

« Toujours est-il que c'était une conséquence logique à tes actions, » reprit Ren en commençant à se lever de sa chaise. « Kobayashi-san n'agit jamais sans raison, contrairement à quelqu'un que je connais et qui n'en fait qu'à sa tête. »

Oula. Les choses commençaient à s'envenimer, aux yeux d'Hana.

Néanmoins… Ren avait raison. Si le Chef Kobayashi agissait comme ça, c'est parce qu'elle avait fait quelque chose de mal.

Mais quoi ?

Qu'est-ce qu'elle avait bien pu faire de mal ce weekend, ou plutôt, ce vendredi soir ?

C'est parce qu'elle n'avait pas attendu assez longtemps pour lui parler ?

Non, à bien y réfléchir, elle avait à un moment perdu connaissance, avant de se réveiller chez elle.

Un collègue l'avait ramenée à son appartement parce qu'elle avait trop bu.

Aussitôt, elle commença à devenir anxieuse.

Non, elle n'avait pas trop bu. Ce type, Kubo Touma, lui avait donné un verre à son insu.

Mais même si c'était le cas, il ne s'était apparemment rien passé, et le jeune collègue qu'elle avait rencontré le matin même s'était dévoué pour la ramener chez elle.

Il ne s'était rien passé, pas vrai ?

Elle avait beau y penser, elle avait tout de même un gros doute.

Est-ce qu'elle avait juste dormi, ou est-ce que 'Nana' avait encore fait son apparition ?

Rien ne semblait pourtant laisser croire que l'autre femme se soit montrée.

L'appartement était bien rangé, rien ne traînait, et la porte était correctement fermée, signe qu'elle avait dû avoir un moment de lucidité pour fermer les verrous.

Mais… Si Nana s'était montrée ?

Est-ce qu'elle avait semé la pagaille ? Fait des choses embarrassantes ? Ou pire, agressé des gens ?

Non. Non. Non. Non. Non.

Elle n'avait rien fait d'embarrassant au Chef Kobayashi, par hasard ?

« Tout va bien, Hana-chan ? » Demanda Mari avec un air soucieux.

« Ah ! Euh oui, tout va bien ! » S'exclama Hana, un peu surprise.

Mari fronça les sourcils, signe qu'elle ne croyait pas totalement les paroles de la jeune femme.

Peut-être que le visage d'Hana trahissait encore trop son anxiété, aussi se mit-elle rapidement à sourire pour tenter de rassurer sa collègue.

« Je vais bien, vraiment, » Insista Hana.

Pour le moment, ça irait.

Même avec du travail en plus, ce n'était pas grave. Du moment qu'elle pouvait rester auprès de cet homme.

Juste… Il fallait juste sûre que rien ne se soit produit cette nuit-là. Et la seule personne qui en savait plus qu'elle sur la situation, c'était Utagawa Takao.

Étant la personne qui l'avait ramenée chez elle, il devait forcément savoir si quelque chose s'était passé.

Résolue, Hana regarda rapidement l'heure affichée en bas de l'écran de son ordinateur. Plus que quelques heures avant la pause de midi. Elle essaierait de le trouver à ce moment-là, afin de lui demander, et d'en avoir enfin le cœur net.

Au même moment, Shinsuke tapait avec force sur son clavier d'ordinateur, avec un air très irrité.

« Alors toi… Quand t'es en pétard, tu fais pas les choses à moitié... » Soupira Saizo.

« La ferme... » Répliqua immédiatement Shinsuke sans même lui lancer un regard.

Il continuait de taper furieusement un e-mail, les yeux rivés sur son écran.

« Qu'est-ce qui est arrivé à cette bonne résolution de discuter les choses avec Shinohara-san ? » Demanda calmement Saizo en cliquant mollement sur sa souris d'ordinateur.

« Oubliée. Révoquée. Tout ce que tu veux, au passé. » Répondit Shinsuke.

« Je sais que tu n'as pas pu la voir vendredi soir comme prévu pour t'expliquer, » concéda Saizo, « mais c'est aussi notre faute d'être arrivés si tard. Elle a dû en avoir assez et être rentrée chez elle. »

Shinsuke se contenta de grogner quelque chose d'incompréhensible avant de continuer à taper le dernier paragraphe d'un – très - long e-mail.

Saizo ne pouvait pas comprendre.

Comment pouvait-il, en même temps ?

Il n'avait pas vu ce que Shinsuke, lui, avait vu ce soir là.

Au départ, ils étaient arrivés en retard à cause des Ressources Humaines, mais aussi à cause de leur nouveau Directeur, qui avait préféré se présenter à eux à la fin du dernier jour de la semaine, plutôt que d'avoir la décence d'attendre le lundi matin.

Puis à peine arrivé, ce type les avait lâchés pour aller chercher un truc qu'il avait oublié.

Saizo s'était rapidement installé à une tablée avec des gens qu'il connaissait, mais Shinsuke, lui, avait longuement cherché la jeune femme.

Il devait s'expliquer avec Shinohara Hana, afin de définitivement écarter tout malentendu.

Du moins, c'est ce qui était prévu.

Mais rapidement, il s'était demandé si la jeune femme ne serait pas encore dehors, étant donné que des collègues à elle avaient dit l'avoir vu partir quelques minutes à peine plus tôt. Il y avait donc une chance qu'elle ne soit pas encore vraiment partie.

Toutefois, il ne s'attendait pas du tout à assister à ce qu'il avait vu ce soir-là, juste devant l'entrée du restaurant.

Cette femme était soudainement devenue violente, et avait décoché un impressionnant coup de poing au dénommé Kubo.

Si certains passants avaient été choqués ou surpris, ce n'était pas le cas de Shinsuke.

En voyant le comportement de la jeune femme, la seule chose qui l'avait animé sur le moment… Était la colère.

Cette femme s'était bien fichu de lui !

Un malentendu ? Il n'y en avait jamais eu.

Shinohara Hana, et la tarée du bar qui l'avait agressé, ne faisaient qu'un.

Bouillonnant intérieurement, et tandis que la jeune femme était entraînée au loin par un autre homme, il avait alors pris une décision.

« Shinohara Hana… Je vais faire de ta vie un tel enfer qu'à la fin de la semaine, tu viendras pleurnicher pour démissionner. »

Monsieur le policier! Cet homme, là!

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